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JEU DECISIF - Dimitrov prend son temps…

Impeccable vainqueur du Masters, le Bulgare continue sa progression vers le sommet. A son rythme…

(AP Photo/Tim Ireland)
(AP Photo/Tim Ireland)

Je l’ai déjà écrit maintes fois sur ce blog : la réussite d’un joueur de tennis est comparable à un puzzle. Il faut rassembler les pièces -talent, travail, volonté, hygiène de vie, diététique, physique, mental- et trouver leur bon emplacement afin de composer le tableau, en tennis, celui de la victoire, celui des grandes victoires.


Personne mieux que Grigor Dimitrov n’illustre cette image. On sait combien le Bulgare, qui a tennistiquement grandi en France à l’Académie Mouratoglou, est un ultra-doué. Le talent et les ambitions sont une choses. La réussite au plus haut niveau en est une autre, bien plus compliquée sans doute. Et qui peut prendre du temps, ou ne jamais arriver d’ailleurs, même chez ceux à qui l’on prédisait un avenir doré. David Nalbandian est l’exemple-type du joueur à qui il a toujours une manqué une pièce du puzzle (parfois le physique, parfois le mental) pour s’offrir un destin bien plus grand encore.

Les années passant, on pouvait se demander si Dimitrov, 26 ans désormais, n’était pas en train de suivre les traces de l’Argentin, souvent placé mais si rarement gagnant. En accédant cette année aux demi-finales de l’Open d’Australie puis en remportant un premier Masters 1000 (Cincinnati) avant d’être sacré au Masters, le Bulgare a enfin basculé dans une autre dimension. Alors oui, bien sûr, il n’a pas encore été sacré en Grand Chelem, mais on a justement le sentiment que toutes les pièces du puzzle sont en train de trouver leur place et que le sacre ultime approche. Et qu’importe l’âge du triomphe -27 ans, 28 ou plus-, l’important est qu’il arrive un jour. Dimitrov, à son corps défendant, car il est forcément impatient, progresse au rythme d’une tortue. Mais qui gagne à la fin dans la fable de la Fontaine ?

A l’heure de s’envoler de l’académie Mouratoglou, le Bulgare a donc eu du mal à trouver sa voie, sans doute aveuglé par les lumières naissantes de la gloire. Il a multiplié les collaborations prestigieuses (Roger Rasheed, Mikael Tillström ou Franco Davin) avec plus ou moins de succès avant d’engager, à la mi-saison 2016, Dani Vallverdu, connu pour son travail auprès d’Andy Murray et Tomas Berdych. Ces deux-là se sont visiblement trouvés. Depuis, Dimitrov a repris sa marche en avant, malgré quelques couacs ici ou là. Mais ce lundi, il émargera à la troisième place mondiale, un classement à vous donner des ailes pour les mois à venir.

A Londres, le Bulgare a rendu une copie parfaite en remportant tous ses matches. Il a parfois tutoyé l’excellence lors de ses matches de poule (face à David Goffin justement) mais il a surtout su passer en mode « combat » lorsque cela a été nécessaire, contre Dominik Thiem (7/5 au troisième set), en demi-finales face à l’imprévisible Jack Sock (6/4 au troisième), et en finale, dans un remake de sa rencontre en poule contre David Goffin, au terme d’un match décousu dans son entame mais ensuite magnifiquement disputé (6/3 au troisième en 2h30). L’histoire du Masters est riche de ces joueurs battus en poule qui ont ensuite pris leur revanche lors de la finale. Goffin ne fut donc pas loin de s’inscrire dans cette lignée avant que Dimitrov n’inverse définitivement cette tendance dans la troisième manche. Ce Masters pourrait en quelque sorte refléter le film de sa carrière. Des moments flamboyants, d’autres plus compliqués. Mais au bout du bout de cet accouchement long et difficile, la victoire….