JEU DÉCISIF - Djokovic, Mister Perfection

Avec son titre à Cincinnati, le Serbe a bouclé le premier « Golden Masters 1000 ». Son palmarès global, s’il est moins fourni que Federer et Nadal, est le plus complet. Avec l’Or Olympique, il serait même parfait.

Depuis qu’il est devenu un joueur professionnel, Novak Djokovic est à la poursuite de Roger Federer et Rafael Nadal. Sans l’exemple de ces deux champions, sans la volonté de les rejoindre, voire de les dépasser, je ne crois pas que le Serbe aurait réalisé une aussi extraordinaire carrière. Il en va de même pour les deux autres membres de ce trio infernal d’ailleurs. Une émulation à double sens qui les a sans cesse fait progresser pour ainsi nous offrir les 15 années les plus ébouriffantes de l’histoire de ce sport.

On dit communément de Djoko, Fed et Rafa qu’ils ont tout gagné. C’est vrai à quelques exceptions près tout de même. Federer n’a jamais été sacré à Monte-Carlo ou n’est jamais monté sur la plus haute marche aux JO en simple. Pas de Bercy, Miami ou de Masters pour Nadal. Djokovic n’a jamais été champion olympique et calait à Cincinnati où il avait perdu cinq finales.

Ce dimanche, en dominant assez nettement un Roger Federer à la jambe lourde et à l’œil fatigué, le champion de Wimbledon a donc signé une première : avoir accroché au moins une fois à son palmarès les neuf tournois Masters 1000 du circuit, catégorie créée par l’ATP en 1990. C’est une sacrée légion d’honneur pour Djokovic, 31 ans, et benjamin du trio, rappelons-le. D’autant que je ne vois ni le Suisse, ni l’Espagnol le rejoindre sur cette statistique particulière qui en dit long sur la régularité et la capacité de Djoko à « performer » sur toutes les surfaces.

On récapitule : avec les quatre Grand Chelem, le Masters, les neuf Masters 1000, la Coupe Davis, Djokovic a gagné tous les trophées les plus prestigieux du tennis sauf, je le disais, la médaille d’or aux JO. Le protégé de Marian Vajda est plus que jamais sur la route du palmarès parfait. Le tournoi de tennis de Tokyo 2020 revêtira donc une importance encore plus particulière pour Novak, de toute façon déjà très attaché à ce rendez-vous. Sa défaite d’entrée aux JO de Rio, face à Juan Martin Del Potro, avait été un vrai crève-cœur tout comme celle en demi-finale à Pékin en 2008 face à Nadal, même s’il avait ensuite décroché le bronze.

Imaginons un instant que le Serbe parvienne à cocher cette case manquante dans deux ans, signant ainsi une performance unique. Voilà qui le distinguerait de bien belle manière de ses deux devanciers. Et lancerait un débat passionnant : mieux vaut-il avoir tout gagné une fois, comme éventuellement Djokovic, ou avoir amassé plus de titres avec toutefois quelques petits trous à son palmarès, tels Federer et Nadal ? Qualité ou Quantité ? Ça mérite réflexion…