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JEU DÉCISIF - Federer en Gentil Organisateur, ou presque

Avec sa Laver Cup, le numéro deux mondial concurrence gentiment des tournois ATP. Mais c’est Roger, alors on ne dit trop rien. La tranquillité du Suisse risque toutefois d’être mise à mal en 2019 par la nouvelle version de la Coupe Davis.

<em>(Photo Clive Brunskill/Getty Images pour la Laver Cup)</em>
(Photo Clive Brunskill/Getty Images pour la Laver Cup)

Quelques jours avant la Ryder Cup de Golf à partir du 25 septembre sur le parcours du golf national près de Paris aura eu lieu, à Chicago, la Laver Cup (21-23 septembre), sa petite soeur en mode tennis. Le principe : une rencontre par équipe où des Européens affrontent des Américains (golf) ou des champions venus du reste du monde (tennis).

Quand j’écris « petite soeur », c’est pour être sympa, évidemment, car la Ryder Cup, née en 1927, est devenue l’un des plus importants événements sportifs au monde, carrefour de l’excellence et des traditions. La Laver Cup est une exhibition qui ne compte que deux éditions : Prague l’an passé et Chicago, donc, cette année.

Mais vous le savez, la Laver Cup n’est pas une épreuve comme les autres puisqu’elle est portée par Roger Federer via sa société Team8, présidée par l’agent de Roger, Tony Godsick. Si le champion suisse, alors qu’approche la fin de sa carrière, s’est lancé dans cette aventure, c’est pour en faire sur le long terme, un rendez-vous clef de la saison, écrire une histoire, devenir, qui sait, une épreuve officielle, à l’inverse de feu l’IPTL, ces Intervilles itinérants disputés en Asie entre 2013 et 2016.

Aujourd’hui, Federer est le seul joueur du circuit à pouvoir parler d’égal à égal avec les différentes instances du jeu comme l’ATP, l’ITF et le fonds d’investissement Kosmos, désormais opérateur de la future Coupe Davis. C’est d’ailleurs avec ce nouvel acteur, dirigé par le joueur de foot du Barça Gerard Piqué, qu’il devrait y avoir de la friture sur la ligne. J’en avais fait un papier pendant l’US Open.

Parce qu’il représente une force médiatique et économique considérable, Federer n’a rencontré aucune résistance de la part de l’ATP lorsqu’il s’est agi de trouver une date. La LC s’est donc retrouvée en concurrence avec ses épreuves, en l’occurence Metz et Saint Petersbourg ou même Chengdu et Shenzen, la semaine d’après, puisque des joueurs disputant la Laver Cup, seraient en train de se retirer de ces tournois.

Si Federer dynamise d’une certaine manière le tennis avec sa Laver Cup et ses formats innovants, il affaiblit dans le même temps le circuit ATP sans que personne, évidemment, ne trouve rien à redire. On sait combien les temps sont difficiles pour les ATP 250 et combien la présence d’une tête d’affiche peut tout changer. Metz, par exemple, aurait peut-être aimé proposer une garantie à Alexander Zverev ou à David Goffin, originaires de deux pays frontaliers de la France, afin d’élargir son potentiel de spectateurs. Impossible, ils sont à Chicago où il toucheront chacun… 250 000 dollars en cas de victoire de l’équipe d’Europe. Un montant inconcevable pour un ATP 250.

Federer en Gentil Organisateur, c’est bien, jusqu’à une certaine limite donc. L’ironie de l’histoire, c’est de le voir en arroseur arrosé avec l’arrivée dans le jeu de Kosmos en 2019, année où l’épreuve du champion suisse se déroulera à Genève. Nous voilà plongés dans un match à trois : ATP, Laver Cup, Coupe Davis. Un match où il sera avant tout question de gros sous, de très gros sous même. Et le tennis dans tout ça ?