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JEU DÉCISIF - Grand Chelem : Nadal peut-il coiffer Federer sur la ligne ?

L’Espagnol demeure à portée de fusil du Suisse en nombre de titres remportés en Grand Chelem (20 contre 17). Une course dans laquelle un troisième larron nommé Djokovic aura un grand rôle à jouer.

En s’imposant à Wimbledon, après avoir surtout battu Rafael Nadal en demi-finales, Novak Djokovic a sans doute -du moins provisoirement- rendu un fier service à Roger Federer. Il va en tout cas l’aider à passer de bien meilleures nuits. Si le Serbe s’était incliné contre le « onzuple » vainqueur de Roland-Garros, il ne fait guère de doute que l’Espagnol aurait remporté le titre contre un Kevin Anderson courageux mais exsangue. Ce troisième succès de Nadal sur le Centre Court, s’il avait eu lieu, lui aurait permis de totaliser 18 titres du Grand Chelem et de revenir à deux unités des 20 victoires de Federer.

Évidemment, dans ce domaine, deux ou trois succès d’écart, ce n’est franchement pas la même chose. Il ne faut pas s’y tromper : ces grands fauves, malgré leur respect réciproque et l’amitié -affichée tout du moins- qui les unit, restent lancés dans cette course folle du plus prestigieux palmarès. Un palmarès dont les joyaux sont évidemment les couronnes des quatre rendez-vous majeurs, indicateur le plus parlant de leur grandeur.

Je vous ai concocté le tableau ci-dessous afin de pouvoir comparer année par année le butin en “Majeur” des deux joueurs. On voit ainsi assez rapidement les périodes fastes de l’un ou de l’autre et que d’un écart maximum de neuf titres en 2007, en faveur de Federer évidemment, on est passé à trois ou quatre depuis 2013.

Heureusement pour le Suisse, il a connu ce formidable retour de flammes lors de son retour post blessure au genou en janvier 2017 (Open d’Australie 2017-18, Wimbledon 2017), portant son total à 20 ans. Trois succès en douze mois, c’était une vraie moisson, comparée à la période noire dont il sortait: deux victoires, « seulement » entre 2010 et 2016 (Open d’Australie 2010 et Wimbledon 2012). Six années où il n’a pas réellement progressé tandis que Nadal, tel la tortue de la fable de La Fontaine, avançait lentement mais sûrement, en enfilant gentiment ses titres à Roland-Garros comme des perles, ajoutant, de temps en temps, « un succès venu d’ailleurs » comme à l’US Open l’an passé. Bilan : 17.

Trois ou quatre titres d’écart entre les deux hommes, c’est donc la jauge depuis cinq ans. A ce ceci près, cette fois, qu’on commence à se poser des questions sur le rendement à long terme de Federer, alors que Nadal semble cavaler comme s’il avait vingt ans. On avait prédit une carrière relativement courte à l’Espagnol eu égard à l’engagement physique de son tennis. N’en déplaise aux supporters de Federer, le Majorquin, 32 ans, semble se porter comme un charme et n’a sans doute jamais aussi bien joué. De son côté, Federer, 37 ans le 8 août prochain, continue d’évoluer à des altitudes absolument formidables tennistiquement, mais des questions commencent logiquement à se poser sur son dynamisme physique, sa saison sur gazon ayant laissé comme un arrière-goût d’inachevé.

Voilà pourquoi cette course au plus grand nombre de titres en Grand Chelem va continuer d’être un enjeu majeur dans les années à venir, surtout si Nadal demeure le roi de Roland-Garros. Dans ce contexte, le retour en grâce de Djokovic est bel et bien une bénédiction pour le Suisse. Il est vraiment celui qui peut ralentir Nadal dans sa progression, au moins hors terre battue. Et même d’ailleurs, pourquoi pas, venir chatouiller l’Espagnol. Avec 13 couronnes majeures, le Serbe n’est pas si loin de ses deux petits camarades. Et le plus jeune de la troupe, avec ses 31 ans, c’est lui !

Jeu Décisif part en vacances. A très vite au coeur de l’été américain, juste avant l’US Open.