JEU DÉCISIF - Le pari fou de Tsonga

A 33 ans, après avoir retrouvé les terrains en fin d’année passée, l’ex-numéro français poursuit son opération reconquête. Pourvu que son corps le laisse enfin tranquille…

A une semaine de l’Open d’Australie, il faut saluer le retour en forme de Jo-Wilfried Tsonga. Demi-finaliste à Brisbane pour son tournoi de rentrée, l’ex-numéro un français, désormais 239e mondial après une saison quasi blanche (12 matches, cinq victoires) en raison d’une opération au genou, tente un sacré pari en 2019 : redevenir un acteur majeur du circuit, à 33 ans. Réussir un énième retour, lui qui sait mieux que personne depuis son adolescence, ce qu’être blessé veut dire. Et de tout reprendre à zéro ou presque une énième fois.

Comme Rafael Nadal, Tsonga fait partie de ces joueurs qui ont rarement connu une saison pleine sans un pépin physique. Pour le Français, depuis qu’il est apparu sur la scène internationale, c’est bien simple, il n’y en a eu qu’une : 2012, année où il avait d’ailleurs obtenu son meilleur classement, la 5e place. Son histoire s’est donc écrite de manière bien moins linéaire que nombre de ses contemporains. Ce qui ne l’a pas empêché de réussir la carrière que l’on sait, la plus dense pour un joueur français en Grand Chelem depuis l’après-guerre, victoire mise à part évidemment, avec une finale, cinq demi-finales et neuf quarts de finale. Pour mémoire, Tsonga, c’est aussi 637 matches pro (434 victoires), 16 titres dont deux Masters 1000 et 12 finales. Des chiffres qui parlent.

De retour sur le circuit en fin d’année dernière avec l’espoir fou de disputer la finale de la Coupe Davis -pari gagné mais pas avec le résultat attendu- Tsonga, après quelques vacances, est parti en stage à la Grande-Motte, l’occasion de démarrer sa collaboration avec Sergi Bruguera. L’occasion, aussi, pour les deux hommes de se découvrir et de définir les différents axes de travail.

En tout cas, en demandant à l’Espagnol de le rejoindre, Tsonga montre combien il est encore ambitieux car il aurait pu rester dans sa routine. Même si, comme il l’a expliqué dans L’Equipe, son objectif est avant tout « de prendre son pied », on imagine qu’un joueur de son calibre a bien deux ou trois idées derrière la tête.

Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que ce sont les tournois du Grand Chelem qui seront sa cible première. A commencer par l’Open d’Australie, dans ce stade où il s’est découvert au grand public, il y a onze ans maintenant, en parvenant en finale. Alors bien sûr, sans le statut de tête de série, il lui faudra sans doute un petit coup de pouce du destin pour espérer s’offrir un joli parcours à partir de lundi prochain. Mais franchement, au regard des bobos accumulés tout au long de ces 15 ans de carrière, ça ne serait pas volé.