JEU DECISIF - Le tennis, sport en mouvement…

Le Masters des jeunots disputé à Milan est un beau succès. Et en choisissant d’en faire un laboratoire du futur, l’ATP a visé juste. Montrant ainsi que le tennis était en mouvement.


Alors, vous l’avez trouvé comment ce Masters de la Next Gen ? Franchement, c’était pas mal foutu, sur la forme comme sur le fond. Au-delà du résultat sportif, finalement assez anecdotique puisque le meilleur de cette Next Gen, Alexandre Zverev, a sauté des classes et va disputer le vrai Masters, on retiendra évidemment le test grandeur nature des nouvelles règles:

L’absence de let au service
J’en suis un vieux partisan. Pourquoi une balle touchant la bande du filet n’aurait pas les mêmes conséquences dans l’échange qu’après un service ? Eh oui, il peut y avoir des aces à cause ou en raison du filet ! Sans compter, évidemment, le gain de temps.

Les sets de quatre jeux
Puisque l’on parle de durée, la voilà l’éventuelle vraie révolution, avec ces sets de quatre jeux, plus le no ad, avec des matches en trois sets gagnants, terminés si besoin par un tie break au cinquième set. Les rencontres ont globalement duré une heure pour les trois sets à zéro (comme un bon vieux 6/3, 6/2), une heure trente pour les matches en quatre sets et deux heures pour les cinq sets. Le raccourcissement est net, évidemment, et les matches sont très vivants puisqu’il n’y a pas de « temps morts » comme au milieu des sets grand format. En revanche, pour les joueurs, la pression est forte. Un break est évidemment encore plus fatal que sur un set de six jeux. Qu’on le veuille ou non, c’est de toute façon le sens de l’histoire. Depuis que le tennis s’est professionnalisé, on n’a eu de cesse de raccourcir le temps de jeu avec le tie break qui a pris de plus en plus de place selon les épreuves.

Le No Ad
Je n’aime pas ou je ne suis pas encore mûr. Si ce système de comptage a ajouté une pincée de sel et d’incertitude sur les tournois de double, je trouve que ça ne colle pas du tout en simple. L’essence même du tennis, et tout ce qui fait le charme de ce sport, ce sont justement les deux points/jeux d’écart et cette idée finalement assez romantique ou chevaleresque qu’un match de tennis pourrait, en théorie, ne jamais finir (cf: Mahut/Isner). Là, le couperet tombe d’un coup (avec le serveur qui choisi le côté, pas comme en double) : 40 A puis jeu ! Une épée de Damoclès sur la tête des joueurs. A l’inverse, on me rétorquera que cette situation les fait tendre vers l’excellence puisqu’ils n’ont plus le droit à l’erreur. Ou alors les oblige à bien serrer les boulons sur les débuts de jeu afin d’éviter d’affronter ce No Ad sans pitié.

Les juges de ligne électroniques
Ca marche, ce tournoi l’a montré. Est-ce une tendance inévitable qui irait vers une déshumanisation presque totale de l’arbitrage ? Je trouve qu’aujourd’hui le couple juge de ligne plus vidéo si besoin fonctionne très bien. Je ne crois pas que ce soit une évolution prioritaire même si les joueurs ont plutôt apprécié. Sans oublier que son coût ne sera pas neutre.

Le coaching en plein match
C’est une aberration (qui brille de mille feux sur la WTA) et même si ça se passe par radio (ce qui fait trop gadget). Le coaching, c’est justement ce qui différencie le tennis individuel, où l’on doit se débrouiller seul, comme son nom l’indique, du tennis par équipes, où le joueur et son capitaine peuvent échanger au changement de côté. Je veux bien qu’on modernise ce sport, mais il faut que ça ait du sens. Pourquoi pas une oreillette tant qu’on y est afin que le coach puisse diriger son joueur pendant l’échange ?

Le compte à rebours entre les points
Mettre les joueurs sous pression afin qu’ils respectent le temps imparti entre les points (25 secondes sur l’ATP, 20 en Grand Chelem) avec un décompte clairement visible est une bonne idée. Enfin, soyons exacts, c’est le retour d’une bonne idée puisque ce procédé a déjà été utilisé sur le circuit, à Roland-Garros notamment. Il y a tellement d’abus dans ce domaine qu’il faut encore mieux cadrer les choses afin que les fautifs ne jouent plus les étonnés lorsqu’ils sont sanctionnés. Vive le minuteur, donc ! Une initiative facile à mettre en place qui plus est..

Je ne sais pas si certaines de ces mesures verront le jour à plus ou moins long terme mais l’ATP a fait plus que (re) lancer le débat, dans la lignée des premières expériences mises en place par Tennis Australia depuis trois ans (Fast4). C’est un premier pas et la preuve que le tennis, malgré ses traditions, ne s’interdit peut-être pas d’évoluer, et peut-être même très fortement. Le signe finalement d’une belle vitalité.