JEU DECISIF - Mais si, Noah est magique !

Le capitaine aurait perdu la main. C’est à voir… Sa bonne étoile, en revanche, brille toujours. Jusqu’à dimanche ?

Même si ce samedi ou ce dimanche l’équipe de France remporte la Coupe Davis face à la Belgique à Lille, il n’en restera pas moins que Yannick Noah a échoué, comme ses deux prédécesseurs Guy Forget et Arnaud Clément, à dompter la fameuse génération dorée des Tsonga, Gasquet, Monfils et Simon.

Ce vendredi, la belle histoire aurait été que la bande des quatre soit sur la feuille de match, épaulée donc par la grande figure du tennis français, comme lors du premier tour en Guadeloupe l’an dernier face au Canada. Seulement voilà, depuis, entre les blessures (plus ou moins diplomatiques), les renoncements, les méformes, les non-dits, les incompréhensions, plus le fait que Noah a trop délégué entre les rencontres pour tenter de simplement jouer les Monsieurs Plus les semaines de compétition, la connexion n’a jamais été pleinement établie entre ces enfants des années 80 et le dernier vainqueur français en Grand Chelem, né en 1960. Et ce, en dépit, semble-t-il, de leurs échanges répétés via des messageries instantanées. Les émojis, c’est bien. La vraie vie, c’est mieux.

Ce que l’on n’avait pas vu venir tous autant que nous sommes, et Noah le premier, c’est que la Coupe Davis demeure pour ces garçons un objectif à géométrie variable. A des degrés divers selon les concernés, bien sûr. Mais l’idée, assez romantique et romanesque, du « un pour tous, tous pour un », du « on gagne ensemble, on perd ensemble », qui avait présidé aux succès de 1991 et 1996 avec Noah aux manettes, a fait long feu. C’est ainsi. Mais ce fossé culturel entre le chef et ses troupes n’est pas forcément un drame. L’équipe est à une marche d’un triomphe attendu depuis 2001 et le fol exploit de Melbourne.

L’émergence de Lucas Pouille que Noah a lancé avec succès dans le grand bain de la Coupe Davis, la volonté d’installer une équipe spécifique de double -Mahut-Herbert-, un geste fort et risqué, mais aussi la fidélité aux Bleus d’un Julien Benneteau ou la pige de Jérémy Chardy lui ont permis d’avancer vers son but.

Et puis demeure sa baraka. Il faut reconnaître que le parcours 2017 de Noah et des siens est jusqu’à présent béni des dieux. Croiser le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray et la Serbie sans Djokovic, il faut encore se pincer pour y croire. Bref, ça rigole, c’est tant mieux, mais reste à savoir jusqu’à quand. Jusqu’à ce week-end ? Noah a en tout cas pris des risques, en « inventant » un nouveau double pour cette finale (Herbert-Gasquet), ce qui lui laisse un atout supplémentaire en simple dimanche. De la bande des quatre, ils seront donc deux sur le terrain à Lille. Cela dit, Benneteau, s’il avait été associé à Mahut en double, aurait ensuite constitué une alternative plus que crédible pour un éventuel simple décisif.

Depuis sa prise de pouvoir, Noah n’a dirigé les Bleus qu’une seule fois face à une équipe alignant un top 10. C’était Marin Cilic, l’an passé, lors de la demi-finale en Croatie. Bilan : une élimination assez nette et de la zizanie. A partir de vendredi, la Belgique présentera, elle aussi, un top 10, à savoir David Goffin, actuellement dans la forme de sa vie. Pour s’éviter les tourments d’un éventuel cinquième match de tous les dangers face à Steve Darcis, invaincu à cinq reprises dans cet exercice ô combien particulier, Tsonga ou Pouille vont donc devoir au moins battre une fois le récent finaliste du Masters. Il est aussi là, le défi.

Il est important pour la famille du tennis français, perturbée ces derniers temps par quelques secousses, que l’équipe de France s’impose dans la magnifique ambiance du stade Pierre-Mauroy (pas de doute là-dessus, ça sera le cas). Ca pansera, un temps au moins, quelques plaies…

Au-delà de la façon dont l’histoire s’écrit, au-delà des petites et grandes polémiques, au-delà de l’implication parfois discutable du célèbre quatuor depuis le retour de Noah puisque d’autres se sont joints à l’aventure, on ne retiendra que le point final. Alors autant qu’il soit arrosé par une pluie de champagne. Et qu’il rende fou de bonheur ceux pour qui cet -éventuel- triomphe signifie tout.