JEU DECISIF - OPEN D’AUSTRALIE - A Melbourne, c’est mystère et boule de gomme

A l’heure d’aborder les quarts de finale, le tournoi semble toujours aussi ouvert. Etonnant mais passionnant…

Après une semaine de compétition, et alors que nous connaissons les qualifiés pour les quarts de finale, cet Open d’Australie, côté masculin, demeure parfaitement illisible. Oui, illisible. Disons-le : il est clairement impossible de désigner un vrai favori car personne ne se détache vraiment entre nos vieux briscards, des surprises ou des joueurs qui, comme Grigor Dimitrov ou Marin Cilic, sont à leur place.

Prenons les acteurs restant en lice dans l’ordre du tableau. Rafael Nadal (photo /AP), et Marin Cilic donc, pour commencer. C’est la première fois que les deux hommes se retrouvent pour un quart de finale de Grand Chelem. L’Espagnol, arrivé sans aucun repère en raison d’un énième pépin au genou, a tranquillement tracé sa route et atteint ce stade de la compétition pour la dixième fois à Melbourne. Soit. Mais ce fut face à une opposition trop faible, mis à part Diego Schwartzman, pour que l’on sache où il en est vraiment. Cilic ? Le Croate est solide comme il peut et sait l’être. Et s’il est capable de hausser son jeu au-dessus de son niveau moyen, déjà élevé, Nadal risque de rencontrer les pires difficultés, même si c’est un adversaire qu’il a battu cinq fois sur six par le passé. L’Espagnol n’a plus affronté de Top Ten en Grand Chelem depuis la finale de Roland-Garros, l’an passé.

Le deuxième quart de finale du haut du tableau met aux prises un joueur attendu à ce stade de la compétition, Grigor Dimitrov, et un autre qui le découvrira complètement, Kyle Edmund. C’est le match le moins mystérieux de tous. Là, un favori se détache nettement. Reste à savoir toutefois où Dimitrov en est physiquement et même mentalement. Le Bulgare a consommé une bonne partie de son réservoir pour en arriver là. Tennistiquement, il est évidemment bien plus armé que ce Britannique aux faux airs de Jim Courier, un joueur à la frappe lourde mais assez mécanique.

Passons en bas. Tennys Sandgren ? Qui ça ? Sand-gren. A 26 ans, cet Américain classé à la 97e place mondiale, plus habitué aux qualifs et aux tournois challengers, vit un rêve éveillé pour son premier tableau final à l’Open d’Australie. Originaire du Tennessee (d’où son prénom, rien à voir avec le tennis), Sandgren s’est notamment offert le scalp de Stan Wawrinka et surtout de Dominic Thiem, au terme d’une magnifique bataille en cinq manches. Va-t-il s’arrêter là ? Pas forcément puisque son adversaire suivant est également un rookie en quarts de finale, à savoir Hyeon Chung, 21 ans, 58e mondial. Le Sud-Coréen, premier joueur de son pays à se hisser aussi haut en Grand Chelem, s’était déjà fait remarquer en novembre en remportant le Masters réservé à sa catégorie d’âge. Il fait encore plus fort à Melbourne. Il a notamment écoeuré Alexander Zverev en cinq sets, puis dans un bras de fer en trois manches, Novak Djokovic, son idole. Chung a dominé le sextuple vainqueur du tournoi à son propre jeu, grâce à une défense de fer reposant sur une couverture de terrain absolument invraisemblable. Sandgren-Chung. L’un de ces deux joueurs disputera donc les demi-finales de l’Open d’Australie. La bonne blague.

Pour le dernier quart de finale, on retrouve du très classique, avec un bon vieux Federer-Berdych des familles. Ces deux-là se connaissent sur le bout des doigts puisqu’il s’affronteront pour la 26e fois, la dixième fois en Grand Chelem et même pour la troisième année de suite à Melbourne. Du tout cuit pour Federer ? Oui, évidemment, si on regarde leur passé commun (19-6 en faveur du Suisse dans leur tête-à-tête, 7-2 en Grand Chelem) mais la vérité est sans doute plus complexe. Car si Federer avance sans problème dans cet Open d’Australie -il est le seul à ne pas avoir perdu une manche-, on ne peut pas dire qu’il ait jusqu’alors croisé de très forts courants contraires. On l’a même vu assez tendu par moments contre Richard Gasquet, pestant visiblement sur son rendement en revers. Berdych, lui, après un trou d’air en 2017, pétarade de nouveau. Ses victoires très nettes contre Juan Martin Del Potro et Fabio Fognini ont impressionné et, de fait, boosté sa confiance. Federer demeure favori mais cette affaire reste tout de même très indécise.