JEU DECISIF - OPEN D’AUSTRALIE - Un « K », cette Jessika

Voilà une nouvelle venue enthousiasmante ! Jessika Ponchet, 21 ans, 256e mondiale, pratique un tennis offensif et malin. Pour ses débuts en Grand Chelem, la Française a bien résisté à Garbine Muguruza, l’une des favorites du tournoi.

(REUTERS/Issei Kato)
(REUTERS/Issei Kato)


Ceux qui suivent ce blog depuis quelques temps savent combien j’ai du mal désormais à m’emballer pour les meilleures représentantes du tennis féminin -à de très rares exceptions-, ces adeptes du tennis lance-balles où la puissance du fond de court règne en maître et où une montée au filet demeure une aventure incroyable.


Et puis soudain, un phare dans la nuit. N’ayant encore jamais eu l’occasion de voir évoluer la jeune française Jessika -avec un K- Ponchet, je suis donc allé jeter un coup d’oeil à son affrontement face Garbine Muguruza. Et là, quelle ne fut pas ma surprise !

Enfin une joueuse qui techniquement sort du lot. Prise de balle de tôt, volonté d’aller vers l’avant, service-volée ! Waouh ! Mais que se passe-t-il ? Le tout avec une technique assez originale : un coup droit « par le bas » à la préparation ample, un revers à une main -tenu par un sacré poignet visiblement- dont la gestuelle rappelle un peu Françoise Dürr, gagnante de Roland-Garros en 1967 (cette remarque est pour les plus âgés des lecteurs de ce blog, je sais, les autres, allez voir sur You Tube). Plus près de nous, le tennis de Jessika pourrait rappeler celui de Nathalie Tauziat, dont elle est proche.

Le plus réjouissant dans l’arsenal de cette jeune femme installée au Pays Basque est bel et bien sa capacité à venir au filet. Enchaîner, par exemple, trois service-volées de suite face à une adversaire du calibre de Muguruza, alors qu’on en est simplement à sa découverte du très haut-niveau, démontre du culot, de la maîtrise, une bonne dose de confiance et ainsi qu’une certaine idée de ce sport.

Le tennis est d’ailleurs une seconde nature chez les Ponchet. La maman de Jessika a tutoyé le professionnalisme avec une place de 330e mondiale et son petit frère suit ses traces (5/6 à 13 ans). Opérée du genou après une rupture des ligaments croisés en décembre 2014, Jessika explique avoir repris la compétition dans un état d’esprit différent. « Après une blessure aussi grave, on se met un peu à vivre au jour le jour. On joue tous les tournois comme si c’était le dernier, car on ne sait jamais trop ce qui va tomber après » a-t-elle expliqué à fft.fr, l’an passé. Un mode de fonctionnement qui lui a parfaitement réussi et l’a amenée au 256e rang mondial. Logiquement, la FFT a donc décidé de lui accorder la wild card dont elle dispose à l’Open d’Australie.

Pour ce premier Grand Chelem dans le tableau final, Jessika était ravie de pouvoir se mesurer à l’une des meilleures joueuses du monde -c’était même la toute première fois qu’elle affrontait une top 100- et avoir ainsi l’occasion d’évaluer son niveau. L’examen est réussi, malgré une défaite en deux sets. Ponchet ne s’est pas démontée et a tenté de développer son jeu désormais si atypique pour le circuit féminin, un style hors des clous qui a parfois désarçonné la tenante du titre de Wimbledon.

Cette différence est bien sûr la force de la joueuse licenciée au TC Capbreton-Gaillou. Ca ne garantit rien pour l’avenir, bien sûr, mais c’est évidemment dans cette voie que Jessika doit persévérer. Et surtout ne jamais entrer dans le moule. Jamais !