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JEU DECISIF - Pouille dans le miroir

Mauvais résultats = changement d’entraîneur. En sport, on connait cette veille rengaine. Mais l’intéressé doit aussi savoir se remettre en question.

Ainsi, Lucas Pouille, 24 ans, et Emmanuel Planque ont choisi d’un commun accord, de se séparer après six ans de collaboration. En tennis, l’entraineur et son joueur sont humainement très proches. Un divorce est donc presque toujours un crève-coeur. Celui-là l’est forcément parce qu’avant cette séparation, l’histoire fut belle, très belle même et, qui sait, peut-être trop rapide pour Pouille. Il n’est jamais facile à 20 ans et quelques de dompter la lumière aveuglante de la célébrité et ce poison qu’est parfois l’argent facile. Je ne sais pas si cela a pu affecter le joueur français mais il n’est jamais inutile de rappeler cet aspect, pas si facile à gérer pour certains.

Avec Planque, Pouille est passé de la 700e place mondiale au top 10, un parcours couronné par deux quarts de finale en Grand Chelem (Wimbledon et US Open 2016 avec un retentissante victoire sur Rafael Nadal), cinq titres ATP sont un « 500 » et le point décisif en finale de la Coupe Davis l’an passé. Dit autrement : d’un jeune espoir en construction de 18 ans, Planque a fait du Nordiste, une valeur sûre du circuit, appelée à devenir le numéro 1 français et le trait d’union entre la génération Tsonga & cie, et celle, disons, des Humbert-Moutet. Et puis la machine s’est grippée progressivement pour en arriver à une saison 2018 où les peines ont été plus nombreuses que les joies.

Changer d’entraîneur est une chose (le fameux nouveau message, un regard venu de l’extérieur, etc, etc…) mais dans un sport individuel, c’est avant tout le joueur qui doit se remettre en question. A commencer par se demander s’il a le sentiment au quotidien de faire son possible ? De ne rien laisser au hasard. De se mettre dans les conditions ne pas avoir de regrets. D’être certain d’avoir parfaitement activé tous les leviers en sa possession. Et même plus largement d’être bien sûr que cette vie extra-ordinaire, au sens premier du terme, le rend heureux…

Cette démarche, c’est la base, tout comme celle d’être au top physiquement. En tennis, quand on est en proie au doute, quand on a du mal à démêler les noeuds psychologiques, il faut retrouver une bonne base. Et cette base, c’est celle d’un physique en acier afin de s’offrir une première certitude avant d’entrer sur le court et de se dire « sur ce plan, au moins, je suis prêt ». C’est un atout et un confort considérables avant d’aller tenter de régler des problèmes plus « technico-tactiques ».

Bien sûr le choix du successeur de Planque, dont on ne dira jamais assez qu’il est dans le haut du panier des entraîneurs, va être important pour Lucas Pouille. Mais le garçon, qui fait partie de l’écurie Tiriac/Tsobanian, est bien entouré. J’ai presque envie de dire que quel qu’il soit, l’heureux élu sera bon. Car l’essentiel se joue ailleurs. Sous la casquette de Pouille pour commencer.