JEU DÉCISIF - Zverev, encore petit chez les grands

Vainqueur à Madrid de Dominic Thiem en finale, le jeune Allemand continue de se faire sa place au sommet. En attendant de briller en Grand Chelem.

Alexander Zverev n’est clairement pas le joueur le plus enthousiasmant de la Next Gen mais c’est lui le plus fort. A 21 ans, il a remporté à Madrid son troisième titre en Masters 1000, le tout en l’espace d’une année. Une performance qui, à titre de comparaison, lui permet d’afficher un palmarès plus richement garni que celui de Roger Federer au même âge. L’Allemand a même réussi une passe de deux, ce succès madrilène arrivant une semaine après celui enregistré à Munich. Derrière Roger Federer et Rafael Nadal, le meilleur, c’est donc lui !

Fort, très fort même, mais je le disais, pas franchement enthousiasmant dans la mesure où Zverev incarne un tennis clinique et froid. Son jeu est diablement efficace, impressionnant de maîtrise, mais désolé, j’ai pour le moment du mal à sauter de ma chaise quand je le vois évoluer. Le tennis de Sasha repose sur son physique de costaud (1m98, 86kg) qui lui permet notamment de s’appuyer sur un service énorme (pas un engagement concédé de la semaine), des mensurations qui ne l’empêchent pas pour autant de bien couvrir le terrain. L’Allemand voit tôt comme le montre sa qualité au retour, un domaine où il n’a de cesse de progresser. Ce dimanche, il a renvoyé près d’un tiers des premières balles de service de son adversaire et pas loin de la moitié des deuxièmes. Zverev relance souvent mais il sait surtout trouver les zones qui font mal.

L’Allemand est donc très performant sur les premiers coups de raquette que sont le service et le retour, et s’il doit s’employer plus, le reste de son arsenal est également impressionnant. A commencer par son revers qui peut partir long de ligne en mode coup de fusil à tout moment. Son coup droit, de plus en plus stable, a gagné en vitesse. Pour ce faire, Zverev s’appuie sur un relâchement assez formidable.

Mais je le disais, cette machine très bien huilée manque pour le moment d’un peu de couleur et de fantaisie. C’est facile, me direz-vous, de faire un procès à un gamin de 21 ans, qui se cherche forcément encore, qui affiche parfois un côté hautain sans doute en guise de protection mais il faut quand même espérer que ce joueur très entouré par sa famille nous offrira assez rapidement un visage plus enjoué.

Sauf explosion en plein vol, il va de soi que Zverev jouera les premiers rôles dans les années à venir. A commencer par les tournois du Grand Chelem, où il a toujours coincé (un seul huitièmes de finale, à Wimbledon l’an passé), des résultats laissant entrevoir une émotivité qu’il cadenasse pourtant si bien le reste du temps. Au regard de la confiance affichée ces temps derniers, on a du mal à croire que ces échecs dans les tournois majeurs se répètent à l’infini. Et si c’est le cas, ce Zverev deviendra alors un spécimen encore plus intéressant à observer…