Jeunes du PSG : Neymar a-t-il ouvert la boite de Pandore ?


Si le crack brésilien a ouvertement taclé les jeunes joueurs du Paris Saint-Germain, il n’est pas le premier à s’attarder sur la question de l’attitude au sein des Titis.

S’il a été sacré Champion de France pour la 8e fois de son histoire, le Paris Saint-Germain ne jouit pas franchement d’une fin de saison apaisée. Un doux euphémisme, quand on sait que le club de la capitale n’a gagné qu’un seul petit match en quatre rencontres, ratant à trois reprises le coche d’un sacre, et concédant au passage une Coupe de France dont il s’offrait l’hégémonie depuis 4 ans.

Et forcément, les résultats en dents de scie de cette fin de saison s’expliquent par de nombreuses causes, à commencer par l’hécatombe qui a touché l’effectif durant quelques mois, les carences qui n’avaient pas été comblées au mercato et des erreurs individuelles qui ont plombé des rendez-vous importants.

Mais force est de constater que Thomas Tuchel n’a pas non plus réussi à surmonter les problèmes d’état d’esprit dont le PSG reste sa propre victime depuis plusieurs années.

Après la défaite face à Rennes en finale de la Coupe de France, Neymar a d’ailleurs été le premier à prendre publiquement la parole pour soulever le problème d’attitude sur le rectangle vert.

« Pour avoir plus d’expérience, il faut plus écouter et respecter. C’est ce que je faisais quand j’étais jeune, j’essayais d’apprendre des anciens. De ce que je vois, il y a beaucoup de jeunes, je ne dirais pas un peu perdus, mais qui manquent d’écoute. Ils doivent écouter davantage. Parfois, certains plus expérimentés parlent, ils répondent. L’entraîneur parle, ils répondent. Une équipe ne va pas loin comme ça. Une équipe ne provoque pas sa chance ainsi. On pèche toujours dans ce domaine. On doit être plus intelligents pour gérer cela, les jeunes encore plus », avait confié le Brésilien en zone mixte.

Manque de grinta ? Trop de certitudes ? Incapacité à recevoir les conseils ou à respecter une hiérarchie naturelle ou établie ? Les questions pullulent depuis la sortie remarquée du Brésilien. Une sortie qui n’a pas tardé à trouver un écho dans les propos de Thomas Tuchel, ce lundi en conférence de presse…

« La seule chose que je peux dire, c’est qu’il y a pour moi des joueurs qui aiment gagner et des joueurs qui détestent perdre. C’est une grande différence car tout le monde aime gagner mais seuls quelques joueurs détestent perdre. On a besoin de plus de joueurs qui détestent perdre et le montrent chaque jour », a expliqué le coach allemand, confirmant que l’attitude générale de certains joueurs jouera bien dans la balance au moment d’ouvrir la fenêtre des départs estivaux : « C’est important que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes. On a perdu après avoir mené 2-0 pour nous. On a perdu contre Manchester après avoir mené 2-0. J’ai l’impression que c’est difficile pour nous de montrer notre meilleure performance si nous nous sentons trop sûrs. Ça influencera notre décision pour la prochaine saison, bien sûr. »

Et si aucun joueur n’a été franchement ciblé, difficile de ne pas faire de lien par exemple avec Presnel Kimpembe, quand le coach cite deux matches dans lequel le défenseur a concédé tour à tour un penalty et un but contre son camp. Sans évoquer les déclarations polémiques du Titi parisien, qui concédait avoir pris le match face à Manchester « à la légère » et avec « de la suffisance. » Une certitude : ce sont bien les jeunes joueurs de l’effectif qui sont ciblés par les critiques.

Dani Alves, le premier, avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur les ondes de RMC au début du mois d’avril.

« Quand une personne est déjà passée par là, il faut peut-être l’écouter, se baser sur son expérience. Peut-être que ça marchera, peut-être pas. J’aimerais que, quand je dis quelque chose, l’on m’écoute davantage, qu’on me suive car j’ai déjà vécu plein d’expériences et je sais ce qui va te tirer vers le haut et ce qui va te descendre », avait confié le joueur le plus titré de l’histoire, visiblement contrarié, comme Neymar, par le manque d’intérêt de certains « apprentis » dans son sillage.

Et il ne faut pas se creuser la tête bien longtemps pour retrouver déjà, lors des saisons précédentes, des signaux d’alerte sur la relation nouée entre les « anciens » et les « jeunes ». À titre d’exemple, en février 2017, Layvin Kurzawa n’avait pas caché s’agacer des conseils de Thiago Silva au cours des rencontres : « Notre relation avec Thiago est bonne. Sur le terrain, c’est un peu plus compliqué car il me parle beaucoup. Aujourd’hui, j’ai 24 ans, je n’ai plus 18 ans donc je sais ce que je dois faire. (…) Je me sens plus libre quand Presnel Kimpembe joue. »

Des propos qui donnent, forcément, du relief à ceux de Neymar aujourd’hui, laissant entendre que les jeunes joueurs préfèrent le confort aux conseils des cadres. Et qui ne sont pas sans rappeler les quelques broutilles nouées entre Zlatan Ibrahimovic et Adrien Rabiot.

Et si finalement, les prises de positions publiques de Neymar et Dani Alves allaient permettre une prise de conscience au sein du club de la capitale ? Reste que si les déductions sont faciles, nul ne doit omettre qu’il n’y a jamais un seul responsable dans les fiascos collectifs, et qu’il ne faut pas céder à la tentation facile de montrer du doigt tout ce qui ne file pas droit.

Mais à l’heure où les mea culpa vont s’entremêler aux polémiques stériles, à l’heure où les ultimes matches vont se greffer aux projections futures, nul doute qu’un électrochoc ne pourra pas faire de mal. À condition qu’il soit compris, digéré et que les principaux acteurs de ce nouvel épisode ne sur-interprètent pas ce qui serait peut-être simplement… des bons conseils.