JO 2024: les prix des billets s’envolent, la colère gronde

JO 2024: les prix des billets s’envolent, la colère gronde

A moins de 500 jours de leur ouverture, les Jeux olympiques de Paris font toujours râler, tout en suscitant un incroyable engouement à la billetterie. Depuis le 11 mai et l’ouverture de la deuxième phase de ventes de billets (à l’unité cette fois), les témoignages affluent sur les réseaux sociaux pour dénoncer les prix exorbitants pour assister à la majorité des épreuves. Un premier prix frisant les 700 euros pour des sessions d’athlétisme (680 euros), 500 euros pour la natation, 480 euros pour la gymnastique, l’escrime et le judo à guichets fermés. Sans compter les 2.700 euros minimum pour assister à la cérémonie d’ouverture sur la Seine.

Il reste des billets à 24 euros mais...

Ces tarifs prohibitifs agacent face à la promesse de jeux populaires brandis par les organisateurs. Tony Estanguet, président du comité d’organisation du comité olympique (Cojo), avait promis la remise en circulation de places à 24 euros (le premier prix) pour cette deuxième phase. Celles-ci s’étaient envolées lors de la première phase où les personnes tirées au sort devaient composer des packs de plusieurs places entre le 15 février et le 15 mars avec un maximum de 30 billets par personne. Les moins chères avaient logiquement rapidement trouvé preneur.

Moins d’une semaine après le début de la deuxième phase, elles sont actuellement très rares, mais il en reste pour des matchs de football en province, la voile à Marseille ou des disciplines moins courues. Elles se sont envolées pour les épreuves les plus attendues comme l’athlétisme où les détenteurs d’un précieux sésame à petits prix seront situés tout en haut du stade sous le toit, quand les places plus centrales atteignent les 980 euros.

Virgile Caillet, économiste du sport, directeur général de l’union sport et cycle, justifie ces tarifs élevés et tempère la polémique. "On est quand même sur des sessions exceptionnelles, souligne-t-il sur BFMTV. Quand on pense aux Jeux olympiques, on pense à la finale du 100m, à des évènements tout à fait exceptionnels. Si on prend en référence la finale du basket dans une enceinte où il n’y aura pas plus de 15.000 places avec la possibilité d’une finale France-Etats-Unis, la finale du 100m ou les finales principales de de natation, il y a effectivement beaucoup de demandes et peu de places, il faut trouver une équation."

Il dégonfle aussi les critiques sur le manque de places à des prix accessibles qui se sont logiquement arrachées en premier. "De manière très factuelle, il y a dix millions de billets à vendre, un million à 24 euros et quatre millions à moins de 50 euros, énumère-t-il. C’est en partie déjà vendu et ce n’est pas illogique que les places les moins chères partent en premier. Pour la deuxième phase, il y avait quatre millions de personnes inscrites au tirage au sort pour 1,5 million de billets à vendre. Il y a forcément des frustrés."

"Une équation économique" entre la promesse de billets accessibles et celle de Jeux à un coût raisonnable

Selon lui, cette tarification répond à "une équation économique" entre la promesse de billets accessibles et celle de Jeux à un coût raisonnable qui nécessite des tickets à des prix bien plus élevés. "On dit qu’il faut que ce doit être des Jeux raisonnables, qui ne doivent pas coûter d’argent aux contribuables et on regrette que les billets soient chers, l’équation devient compliquée à résoudre", met-il en avant.

Une problématique difficile à comprendre pour les tirés au sort dont la majorité renonce à acheter les précieux sésames face à l’explosion de leurs prix. C’est le cas de Jérémy, invité sur BFMTV, qui se contentera des épreuves gratuites en extérieur comme le marathon ou le triathlon. Ce dernier témoigne avoir rencontré des conditions bien plus avantageuses à la billetterie des JO de Londres en 2012. Ce que Virgile Caillet conteste.

"2012, c’était il y a douze ans, rappelle-t-il. Si on prend en compte l’inflation, ce sont sensiblement les mêmes prix. La stratégie de Paris 2024 a été de dire on met beaucoup de billets pas chers et pour obtenir l’objectif financier, il faut mettre des billets très chers. C’est cet équilibre qu’ils ont essayé de trouver." Le Cojo a promis la mise à disposition prochaine de 400.000 billets gratuits pour assister à la cérémonie d’ouverture et justifier la dimension populaire de ces Jeux que beaucoup d’amateurs de sport ne perçoivent pas trop au moment de régler leurs paniers d’achats.

Article original publié sur RMC Sport