Jovetic - Lopes, dynamic duo

Contrainte de se passer des services de Falcao depuis deux mois, l’ASM a trouvé dans le tandem Jovetic-Lopes des suppléants à même de pallier l’absence du goleador colombien. Pour le plus grand plaisir d’un Leonardo Jardim, pas mécontent de multiplier les atouts.

La vie d’un entraîneur de football est globalement faite d’une poignée de joies de courte durée, noyée et sous une quantité inversement proportionnelle de tracas de tous ordres. Le 4 février dernier, Leonardo Jardim a connu les deux, à l’occasion de la réception de l’OL. Les tracas d’abord. Rapidement menés 2 à 0 par des Lyonnais venus pour gober les princes de Louis II, les Monégasques ont accumulé les tuiles durant une heure. La blessure de Subasic, pour commencer, sur le premier but des Gones. Le carton rouge de Baldé, ensuite, à la fin du premier acte. Et la cerise sur le gâteau, enfin, avec la sortie sur blessure du buteur maison Radamel Falcao, à la 55è minute de jeu. On se dit alors qu’en dépit de leur combattivité, les rouge et blanc sont maudits. La joie, pourtant, ne va pas tarder à prendre le relai.

Une joie à deux visages. Lancé sur le pré en lieu et place du goleador colombien, Stevan Jovetic ne va en effet pas tarder à trouver ses marques, et un bon camarade de jeu : Rony Lopes. Pendant une demi-heure, les deux hommes vont profiter du moindre ballon abandonné par les Lyonnais, étrangement fébriles, pour lancer des contre-attaques tranchantes. Un travail de picador qui va trouver sa juste récompense à la 88è minute de jeu. Sur un contrôle raté de Marcelo, le Portugais combine avec le Monténégrin, qui contrôle de la poitrine à l’entrée de la surface et lui remet dans la course. Une frappe croisée plus tard, l’ASM vire en tête pour la première fois de la rencontre et arrache une victoire précieuse dans la course au podium. Au-delà du bénéfice comptable, une entente est née.

Des filets bien garnis

Depuis ce jour, et à la faveur de l’indisponibilité prolongée de Falcao, les deux hommes ne se sont plus lâchés, enfilant tour à tour, et match après match, le costume d’homme providentiel. Le duo n’est d’ailleurs pas étranger au regain d’efficacité asémiste de ces dernières semaines (16 buts inscrits lors des cinq dernières rencontres), et leurs statistiques respectives parlent d’elles-mêmes : cinq buts en quatre rencontres pour Jovetic, sept en huit matchs pour Lopes. Une appétence commune pour les filets bien garnis, une fois de plus mise en lumière le week-end dernier à la Meinau, où les deux hommes se sont chargés d’allumer les premières mèches avant de laisser le soin à Fabinho d’achever le travail avant la fin de la première période.

Justesse technique, rapidité, engagement : le Monténégrin et le Portugais ont en outre en partage des qualités qu’ils n’hésitent pas à mettre au service l’un de l’autre depuis un mois et demi – trois passes décisives pour le premier à l’adresse du second, deux à l’inverse. Entre eux, la complémentarité saute aux yeux, et si ni l’un ni l’autre ne présente véritablement un profil de serial buteur, tous deux s’épanouissent suffisamment dans le jeu de transition et de combinaison pour créer des brèches dans les défenses adverses.

Une gageure, au regard du début de saison chaotique que les deux joueurs ont connu. Pourri par les blessures, dans le doute, l’ex de l’Inter a en effet mis du temps avant de trouver la bonne carburation. Tout comme Lopes, revenu sur le Rocher après avoir sauté de prêt en prêt sans grand succès. Le malheur des uns faisant souvent le bonheur des autres, le « dynamic duo » a néanmoins su profiter à plein de l’absence de Falcao pour s’installer confortablement sur le front de l’attaque monégasque. A telle enseigne qu’aujourd’hui, et à l’aune du retour prochain du Colombien, on se demande bien qui Jardim va bien pouvoir laisser sur le banc. L’embarras du choix : le genre de tracas dont rêve tout entraîneur.