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Julian Draxler : et s'il était la solution de Tuchel pour concurrencer Rabiot ?

Auteur d’un match complet contre Lille, après s’être déjà montré décisif à Marseille, Julian Draxler saisit chaque opportunité pour s’imposer dans les petits papiers du coach du PSG.

Qui aurait pu parier sur l’éclosion tardive de Julian Draxler dans l’effectif de Thomas Tuchel ? Déjà malmené du banc au terrain par Emery la saison dernière, en concurrence avec Lo Celso ou Pastore, l’Allemand avait du soucis à se faire en entamant cette nouvelle campagne. Car c’est dans un effectif peuplé de profils offensifs, où Di Maria a déjà réussi à faire son trou au milieu de terrain, et dans lequel le coach allait avoir cruellement besoin d’un apport défensif, que Draxler commençait la saison, franchement perplexe.

Il aura d’ailleurs fallu attendre le mois d’octobre pour que Thomas Tuchel lui offre enfin un semblant de régularité, en l’alignant dans son onze de départ à trois reprises consécutivement… En Ligue 1 seulement, puisque l’ancien champion du monde n’a pas joué plus d’un petit quart d’heure lors des trois premières rencontres européennes du PSG. Au total, le milieu offensif ne jouait que 45 minutes en moyenne cette saison… Et si le vent avait finalement tourné ?

Il faut dire que depuis quelques semaines, Thomas Tuchel semble avoir entamé un nouveau virage. Insatisfait du mercato estival qui n’a pas pallié au déséquilibre de son milieu de terrain, ce dernier cherche des solutions : d’abord en intégrant Marquinhos au duo Verratti-Rabiot, en lançant Neymar en n°10, et désormais en modifiant la structure même de son milieu en évinçant peu à peu Rabiot. Vendredi, contre Lille, ce dernier a dû patienter jusqu’à la 90ème minute pour faire son entrée – une grande première pour lui – signe d’une évolution dans la hiérarchie.

Souvent montré du doigt pour des états de forme trop dépendants de son humeur et de sa volonté, le titi parisien paye à la fois une réputation qui le dépasse, des exigences contractuelles parfois éreintantes et une nonchalance qui crève souvent l’écran. Résultat, après avoir franchement joué de désinvolture contre Naples, c’est son comportement extra-sportif qui a poussé l’entraineur à le sanctionner et le renvoyer illico presto sur le banc.

Une aubaine pour Draxler, que Tuchel tentait déjà depuis quelques semaines de convertir comme un vrai milieu de terrain relayeur. L’ancien joueur de Wolfsburg, tantôt ailier, tantôt meneur de jeu, a au moins l’avantage de scier parfaitement aux exigences de son entraineur : hybride, polyvalent, prêt à transpirer pour s’atteler au pressing.

«Je sais que la concurrence est féroce, nous avons avec Mbappé et Neymar deux des meilleurs joueurs du monde. Mais je reste dans le coup et l’entraîneur sait qu’il peut avoir confiance lorsqu’il aura besoin de moi », avait d’ailleurs lâché le joueur au début du mois d’octobre.

Résultat, c’est bien Draxler qui a été titularisé aux côtés de Verratti dans le choc très attendu contre l’OM. Carton plein pour le n°23, qui a sauté sur l’occasion pour se montrer auprès du coach dans une forme étincelante, pour marquer à nouveau les esprits en inscrivant un but victorieux une semaine après avoir déjà marqué contre Amiens, et en s’offrant l’affection infinie de ses supporters après s’être payé les rivaux de la cité phocéenne.

« Je voulais marquer, parce que j’aime marquer contre l’OM. Ney a tenté sa chance, mais le ballon m’est arrivé. Ça fait longtemps que je n’avais pas joué 90 minutes dans un match comme ça », s’était humblement félicité l’intéressé, qui a réussi à s’attirer les battements de cœur d’une capitale détachée de son Rabiot.

Logique donc qu’une semaine après, Tuchel n’hésite pas à redonner les clés du camion au natif de Gladbeck et renvoie le Duc sur le banc nacré du Parc pour la réception du LOSC. Cette fois, il était temps pour lui de passer aux choses sérieuses, et de se poser en véritable alternative pour proposer un nouveau duo avec Verratti.

Alors oui, intrinsèquement, quand Rabiot est à 100% dans la tête et dans les crampons, difficile d’imaginer un autre joueur pouvoir le déloger, tant son niveau tutoie les sommets. Mais Draxler a d’autres cordes à son arc que la maitrise pure et simple du poste de n°8.
Plus de verticalité dans le jeu que son homologue français, un placement défensif plus stable, un jeu davantage porté vers l’avant, des combinaisons rapides avec Verratti, Bernat et Neymar, Draxler a récité à la lettre la leçon de maître Tuchel pour s’approprier le rôle. Mais il a aussi joué les élèves modèles en complétant l’exercice avec de vraies qualités défensives et une vision du jeu qu’on ne découvre pas… Le tout, couvert par une défense à trois capable d’occuper les espaces quand il joue vers l’avant.

Durant 90 minutes, Draxler n’a ainsi jamais cessé d’avaler les kilomètres pour compenser numériquement à la perte du ballon et s’arracher pour récupérer dans les pieds des Dogues, tout en technique. Alors qu’il évoluait pour la toute première fois dans ce “double pivot”.

Là où Verratti lit les trajectoires et tacle à merveille pour les couper, Draxler défend debout, récupère sur ses appuis et arrive en seconde lame en usant son jeu de corps pour relancer élégamment ses coéquipiers. Un binôme qui s’est donc avéré ultra efficace pour aller piocher dans les crampons lillois ce vendredi soir.

Sans parler du rythme imposé par Draxler, qui est monté en puissante au cours de la rencontre. À 10 minute du terme, il récupérait encore un ballon qui aurait pu faire mouche en contre, avant de se montrer décisif 3 minutes plus tard, en interceptant un ballon qu’il allait transmettre à Verratti, qui lui-même en profitait pour lancer Neymar, ce dernier s’occupant de la finition pour le second but parisien. Une action simple, mais qui, de par son engagement, a finalement permis aux Franciliens de renverser définitivement le match.

Bref, vous l’avez compris, Draxler n’a franchement pas déçu, et se pose désormais en alternative viable pour Tuchel.

Et si elle était enfin là, la concurrence dont avait tant besoin « le Duc » pour être à 100% à tous les matches ? Le coach parisien en a en tout cas profité pour saluer la prestations de l’Allemand après la rencontre, en saupoudrant ce qu’il faut ses déclarations pour attiser cette nouvelle rivalité.

« Julian a fait un bon match à Marseille. C’était difficile là-bas sans deux joueurs importants et il a pris ses responsabilités, il a marqué. Aujourd’hui, c’était pour récompenser Julian mais pas pour punir Adrien. On a décidé de jouer aujourd’hui avec deux n°6 pour contrôler les contre-attaques. C’était une décision difficile, mais c’est ma tâche de le faire. Julian a mérité de rester dans l’équipe et c’était dur aujourd’hui pour Adrien », a ainsi lâché le technicien en conférence de presse.

La vraie question désormais, se posera véritablement mardi pour le match décisif contre Naples : Tuchel décidera-t-il de miser sur le confort d’un Rabiot habitué à évoluer à son poste, ou sur la prise de risque – désormais mesurée mais méritée – de lancer Draxler ? Ou voudra-t-il aligner les deux joueurs ? Tout repose aussi sur la faculté de l’Allemand à être bon en Ligue des Champions (et faire oublier le match contre le Bayern la saison passée, ou les paris ratés comme Lo Celso contre le Real) et à afficher ces mêmes qualités dans une rencontre où l’intensité nécessite davantage de travail défensif.

Une chose est sûre, de l’autre côté de la frontière, il faudra un Paris qui débarque avec des intentions et un plan précis. Est-ce que Tuchel voudra utiliser les phases de transition pour mettre à mal la défense adverse ? Est-ce qu’il sera prudent et voudra garder le ballon ? Il devra faire le choix qui lui apporte le plus de garanties tactique, technique, physique, en matière d’engagement, de concentration, mais aussi de talent et de créativité, pour aller étouffer le jeu d’Allan et Hamsik, et les empêcher de lancer Insigne, Mertens ou Mikik. Et parce que le choix du milieu qui accompagnera Verratti sera primordial, ce sera aussi une bataille tactique qui se nouera mardi au San Paolo.