Kevin Mayer : "Les contrôleurs ont 6 heures pour déceler la pratique dopante"

EXCLU YAHOO SPORT - Champion du monde en titre du décathlon, Kevin Mayer a fortement critiqué samedi les Mondiaux d’athlétisme de Doha, “une catastrophe avec personne dans les tribunes. La chaleur n'est pas adaptée”… Le Français, en lice sur le décathlon à partir de mercredi, et qui a pris le temps de se confier à Yahoo. Son record du monde, le dopage et l’affaire Montel, entretien sans langue de bois.

Athletics - Diamond League - Paris - Stade Charlety, Paris, France - August 24, 2019  France's Kevin Mayer during the shot put event in the men's triathlon  REUTERS/Charles Platiau
Kevin Mayer lors du dernier meeting de Paris fin août...

Après l’échec des Championnats d’Europe l’an dernier (le Français avait mordu ses 3 essais à la longueur avant d’abandonner), avez-vous pensé à arrêter le décathlon ?

Kevin Mayer : Ah non puisque j’ai battu le record du monde du décathlon un mois plus tard. La déprime a duré un jour. Mon abandon à Berlin a été très frustrant, mais j’avais envie de retourner rapidement sur la piste. Vous savez, j’adore gagner, je fais du décathlon pour les médailles. mais aussi pour m’éclater. Quand on s’entraîne, on ne le fait pas avec des objectifs de médaille. On est dans la pratique et le plaisir.

Mi- septembre 2018, vous battiez donc le record du monde au Décastar de Talence avec 9126 points… S’il y avait une image à retenir..

K. M. : Le javelot, l’avant-dernière épreuve. Je suis en difficulté sur les 2 premiers jets., et sur le dernier, je bats mon record de 2 mètres, à 72 mètres… Et cela m’a permis de gérer le 1500 plus « relax ». Je n’avais plus du tout de jambes !

Vous êtes champion du monde en titre (2017). Avec le recul, cette déferlante médiatique qui s’est abattue sur vous à l’époque, a-t-elle été difficile à vivre ?

K. M. : L’année d’avant (en 2016), j’avais déjà été vice-champion olympique à Rio, et c’est là que ça a commencé. En fait, j’ai compris une chose : plus on est connu, moins on a de temps pour soi. Après, j’ai toujours pris soin de garder du temps pour la famille et les proches. Si j’ai pris la « grosse tête » ? Il faut se sentir au-dessus des autres, et même si je réalise des choses exceptionnelles, je ne me sens pas meilleur que les autres. Et puis, l’athlétisme, ce n’est qu’un divertissement (rires). Cela me fait peur de prendre la « grosse tête », c’est bon signe.

Vous vous êtes aligné sur 110 haies récemment… Vous pourriez vous concentrer uniquement sur cette discipline à l’avenir ?

K. M. : A première vue, ce n’est pas prévu. Je ne me verrais pas sur une seule épreuve. Si je deviens fort sur 3 disciplines, pourquoi pas si j’e n’ai plus le niveau physique pour gérer un décathlon, mais j’espère que cela n’arrivera pas.

En compagnie d’autres athlètes, vous avez intégré le programme Quartz (dans ce cadre, tout suivi médical est rendu public)… Pensez-vous que ce programme ait de l’avenir ?

K. M. : Pour moi, c’était quelque chose de normal d’y adhérer. Beaucoup d’athlètes me posent des questions et cherchent à intégrer le programme, Pierre-Ambroise Bosse notamment. Il est très compliqué de prouver que l’on est « clean » ou pas. Les contrôleurs anti-dopage ont 6H pour déceler la pratique dopante sinon le produit disparaît du corps. C’est très difficile d’arriver au bon moment quand la personne se dope. Quartz, c’est un programme à long terme, dévoiler son bilan biologique, et s’il est incertain, signifie qu’il y a une possibilité de dopage.

Patrick Montel n’est pas aux commentaires à Doha sur France Télévisions… Etes-vous content qu’il ne soit plus là ? Vous lui aviez fortement reproché ses déclarations polémiques sur le dopage…

K. M. : Il a dit qu’il ne pouvait y avoir de record du monde sans se doper. Pour moi, c’était une affaire personnelle (Kevin Mayer est recordman du monde du décathlon). Il a dévoilé ses propos en public sur Facebook et je lui ai répondu. Après, ce n’est pas moi qui l’ait « viré ». C’est de sa faute, et je n’ai rien à voir là-dedans. Il s’est excusé. Tout est à plat désormais avec lui, et je ne lui en veux pas.

Propos recueillis par Antoine GRYNBAUM