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Kevin Mayer : « Bolt ou pas, ça ne change rien pour moi »

EXCLU YAHOO SPORT Actuel champion du monde du décathlon, Kevin Mayer aborde la partie cruciale de sa saison avec le meeting de Charlety samedi, et les Championnats du Monde au Qatar fin septembre. Ses ambitions, son amour du décathlon, sa vision de l’après Bolt, entretien sans langue de bois.

Athletics - Diamond League - Monaco - Stade Louis II, Monaco - July 12, 2019 France's Kevin Mayer in action during the Men's Javelin Throw REUTERS/Eric Gaillard
Kevin Mayer lors du dernier meeting de Monaco...

A Charlety samedi, vous allez disputer un triathlon (110 haies, longueur et poids) face à 5 adversaires, c’est une sorte de mini-préparation avant les Mondiaux de Doha dans un mois ?

Kevin Mayer : Exactement. Cela permet de voir où en est la forme et réguler les entraînements si besoin en fonction des résultats… Ou à l’inverse calmer les entrainements pour Doha. Sur ce que je ressens, cela monte petit à petit. A un mois des Mondiaux, il ne faut pas être prêt trop tôt, et faire attention à ne pas se blesser.

Le meeting de Paris a déménagé du Stade de France à Charlety en 2017. L’athlétisme n’est pas assez populaire chez nous pour remplir un Stade de France ?

K. M. : Je pense qu’en meeting, l’athlétisme ne remplirait nulle part un stade de la capacité de Saint-Denis. Il n’y a que les grands Championnats susceptibles de susciter un tel intérêt. Moi, je trouve ça intelligent de le faire à Charlety, un stade d’athlé qui dégage pas mal de choses pour les athlètes. J’adore l’ambiance. Je n’ai jamais eu la chance de faire de Championnats du monde à la maison (les derniers Mondiaux en France ont eu lieu à Saint-Denis en 2003)… Donc ce sont un peu mes Championnats à moi.

Qu’est-ce qui pousse un athlète à vouloir faire du décathlon ? Il faut être un peu maso non ?

K. M. : Non pas du tout. Je pense que ceux qui s’ennuient dans un sport devraient faire du décathlon. Je m’y retrouve totalement, dans la variété des entraînements. C’est riche. Point de vue douleur, je ne suis pas maso, il peut y avoir beaucoup plus de plaisir que dans d’autres sports. A force d’habitude, il faut être capable d’enchainer les épreuves sans penser à celle d’avant et d’après. Le plus dur est de maitriser les 10 disciplines. Je pense être le plus technique des décathlètes, mais pas le plus fort physiquement, et pour progresser, je tente de copier les spécialistes. Je fais donc parfois des séances sur 110 haies avec Martinot-Lagarde, de la perche avec Lavillenie, ou du disque avec Robert-Michon.

Jeune, vous suiviez les exploits de Blondel et Plaziat ? Ces 2 grands décathloniens français vous ont donné envie de vous y mettre ?

K. M. : A cette époque, j’étais plus dans le tennis, et je me suis vraiment mis à suivre le décathlon à partir de 2006, période Barras. Blondel et Plaziat, je ne les ai jamais vraiment vus. Après, il y a des choses, des exemples à prendre, surtout sur Blondel et son 5M40 mythique à la perche aux Championnats d’Europe 1994.

Le tennis, vous avez envisagé d’y faire carrière ?

K. M. : Oui, oui avant de bifurquer vers d’autres sports… Les tennismen français, j’en ai rencontré, notamment Monfils, Pour eux, c’est compliqué, le niveau est hallucinant. Les séniors (Nadal, Federer, Djokovic) ne veulent pas lâcher. Le niveau est si dense qu’il est même difficile d’arriver en 8èmes, en quarts… Les Français ont les moyens de les battre. Après, chez nous, mentalement on arrive à se transcender sur un évènement, mais sur la durée, face à des monstres pareils, c’est vraiment compliqué.

Les Mondiaux de Doha, vous les sentez comment ?

K. M. : Je les sens bien. Après, j’ai du mal à n’être concentré que là-dessus car il y a les JO dans un an. Malheureusement, je n’ai pas pu participer complètement aux Championnats d’Europe de Berlin l’an dernier (Kevin Mayer avait mordu ses 3 essais à la longueur puis avait abandonné). Il me tarde de remettre le maillot de l’équipe de France, et retrouver l’ambiance qui va avec.

Sans Bolt, les Championnats du monde vont-ils avoir la même saveur ? Ne manque-t-il pas une grande star à l’athlétisme mondial ?

K. M. : Bien sûr, Bolt avait cette personnalité très médiatique, et il va manquer quelque chose au 100M. Après, les autres disciplines seront toujours très regardées. Il y aura peut-être une baisse d’audience mais négligeable. Bolt ou pas, ça ne change rien pour moi.

Propos recueillis par Antoine GRYNBAUM

A suivre la 2ème partie de son interview avant les Championnats du monde…