La Fekir-dépendance de l’OL est-elle inquiétante ?
Dimanche après-midi face à Montpellier, l’OL a livré l’une de ses prestations les plus insipides depuis le début de la saison en concédant un triste 0-0. Suspendu, Nabil Fekir a terriblement manqué à son équipe, preuve s’il en fallait que les Gones ne sont plus les mêmes sans leur maître à jouer. Un vrai problème ?
La parenthèse enchantée s’est achevée avec une purge sans nom dimanche soir au Parc OL. Après cinq victoires convaincantes, l’OL a marqué le pas face à une solide équipe de Montpellier, déjà héroïque face au Paris Saint-Germain et à l’AS Monaco. Déchet technique, vide collectif et incapacité chronique à développer du jeu : les Gones sont soudainement retombés dans leurs travers de début de saison, mettant ainsi en lumière une faiblesse évidente et peut-être inquiétante : la dépendance de l’équipe à Nabil Fekir, suspendu ce soir-là.
C’est la 1re fois que l’#OL ne marque pas en championnat à domicile depuis l’inauguration du @GroupamaStadium. Le 36e match aura donc brisé la série #OL #OLMHSC
— Gaël Berger (@GaelBerger) November 19, 2017
Une équipe sans magicien
Trois pauvres tirs cadrés et quasiment aucune occasion franche : le bilan de l’OL face à Montpellier a de quoi faire pâlir les amateurs de football champagne. Face à une équipe héraultaise très compact et très solide, l’OL a passé 90 minutes à tourner en « U » sans jamais réellement s’approcher de la surface adverse. Même Mariano, pourtant si friand de frappes lointaines, n’a rien eu à se mettre sous la dent.
Dimanche au Parc OL, il manquait à cet OL tout son sel, toute sa magie, et pour cause : Nabil Fekir n’était pas là. Des purges, l’OL en a produites cette saison. Mais bien souvent, au milieu du marasme collectif et de la relative fébrilité de sa défense, les Gones s’en sortaient avec la victoire, et quasiment tout le temps grâce à une inspiration géniale de son capitaine. Il faut se rappeler des victoires laborieuses face à Rennes, Guingamp et Monaco pour se souvenir que ce n’est que par la seule grâce de son numéro 18 que l’OL n’a pas coulé en début de saison. Avec 13 buts depuis le début de la saison, Fekir porte son équipe du bout des bras. Une dépendance inquiétante à bien des égards : Nabil Fekir reste un joueur aux ligaments fragiles, et l’enchainement des matches jusqu’à la trève va forcément obliger Bruno Genesio à reposer son maestro.
Bon après, c'est pas comme si on avait vu ce match 10 fois depuis le début de la saison. Mais sans le numéro 18, c'est plus compliqué de gagner.
— Raymond Jacquet (@Raymond_Jacquet) November 19, 2017
Un problème tactique ?
Avec l’absence de Fekir, c’est tout le plan de jeu lyonnais qui s’écroule. Loué pour ses qualités individuelles, le groupe lyonnais n’a jamais vraiment brillé par son collectif. Placé dans un rôle de meneur de jeu au cœur de l’attaque, Nabil Fekir est le centre de toutes les offensives lyonnaises, au début comme à la fin de chaque occasion.
Ce poste de « numéro 10 chef d’orchestre », le capitaine lyonnais l’assume parfaitement depuis plusieurs mois, en témoigne son bilan. Seul problème de taille : lorsqu’il n’est pas là, impossible de produire l’harmonie nécessaire à ce que les virevoltants offensifs de l’OL ne se marchent pas dessus. Face à Montpellier, ce fut une nouvelle représentation de cirque comme en début de saison, où chacun joue pour soi sans jamais lever la tête. Dans un 4-3-3 sans âme où Aouar a semblé pour la première fois un ton en-dessous, l’OL n’a jamais été capable d’appuyer sur l’accélérateur, la faute à des failles individuelles terribles (Cornet en tête), mais surtout à une incapacité totale à créer l’étincelle, le bon mouvement, le décalage. L’OL est certes dépendant de Nabil Fekir, mais son incapacité à trouver un plan B pour développer du jeu sans lui est une vraie inquiétude.
L'OL qui joue que en ""U"
Equipe qui joue dans les zones facile et ne sait pas utiliser les zones de jeu déterimnante— Yannis (@YannisLBJMA) November 19, 2017
Troyes, le contre-exemple
Il existe cependant un motif d’espoir pour l’OL. Face à Troyes fin octobre, les Lyonnais s’étaient imposé 5-0…. Sans Nabil Fekir ! Mais alors comment l’OL avait-il fait pour s’en sortir sans son maestro ce jour-là ? Plusieurs raisons expliquent cette performance. La première, c’est bien évidemment la grande, l’immense faiblesse défensive de Troyes lors de cette rencontre, avec une paire centrale Vizcarrondo-Herelle complètement à la rue sur toutes les accélérations des ailiers lyonnais. Rien à voir avec la solide défense montpelliéraine, rodée à l’exercice et qui avait parfaitement muselé le trio offensif parisien quelques semaines avant. Face à des défenses solides face auxquelles les grigris de Traoré et Depay ne fonctionnent pas, l’OL peine à trouver la faille.
Ok Mariano Diaz est plus collectif.
Mais ça reste quand même un travail de tous les instants..#OLMHSC pic.twitter.com/8fAjc21ggE— La Causerie de Baptiste (@BaptG7) November 19, 2017
L’autre explication de cette réussite à Troyes tient en cinq lettres : Aouar. Titulaire ce jour-là, le jeune Lyonnais Houssem Aouar avait pris place dans la position de chef d’orchestre de Nabil Fekir face aux coéquipiers de Benjamin Nivet. Dans son rôle de prédilection de meneur de jeu avancé, Houssem Aouar avait alors parfaitement rempli l’intérim et servi de rampe de lancement à ses attaquants, bien aidé par un Tanguy Ndombele en feu, mais surtout par un collectif huilé comme rarement.
La Fekir-dépendance de l’OL ne semble pas être un fléau en soi, car l’OL a les ressources pour bricoler sans lui. Il faudra cependant que le collectif soit davantage placé au cœur du projet des Gones à l’avenir pour ne pas se retrouver pris au dépourvu face à des adversaires solides comme Montpellier. Nabil Fekir est une étoile qui brille tant qu’elle éclipse quasiment entièrement les lacunes collectives de l’OL. Attention à ne pas se retrouver soudainement dans le noir sans l’avoir anticipé.