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La question de la semaine : Kyrie Irving est-il un bon leader ?

NBA – Alors que Boston déçoit cette saison, Kyrie Irving multiplie les sorties médiatiques hasardeuses. Franchise player autoproclamé des Celtics depuis son arrivée en 2017, le meneur virtuose a-t-il vraiment les qualités nécessaires pour fédérer ses coéquipiers derrière lui et les tirer vers le haut ?

Kyrie Irving a-t-il les épaules pour mener Boston au sommet ?
Kyrie Irving a-t-il les épaules pour mener Boston au sommet ?


Favoris de la conférence Est avant le début de la saison régulière, les Boston Celtics n’ont pas franchement répondu aux attentes depuis le mois d’octobre. Extrêmement inconstante, capable de briller face aux meilleurs équipes de la Ligue comme de se ridiculiser face aux cancres (Boston a par exemple perdu à domicile contre Phoenix et New York, les deux pires équipes de NBA cette saison), la franchise du Massachussetts occupe pour le moment la 5e place à l’Est, et pourrait donc se présenter en playoffs sans l’avantage du terrain.

Cette saison, Boston a pourtant été relativement épargné par les blessures, par rapport à l’an passé où Gordon Hayward s’était brisé la cheville lors du tout premier match (ce qui lui avait valu de manquer le reste de la saison) et où Kyrie Irving, touché au genou, s’était arrêté début mars et avait raté le sprint final et les playoffs. Sans deux des trois plus gros salaires de son effectif, Brad Stevens avait tout de même conduit les Celtics à la 2e place de l’Est, puis en finale de Conférence, où les Cleveland Cavaliers de LeBron James avaient eu le dernier mot (victoire en 7 matches).

Irving en première ligne

Le très coté coach des C’s n’a donc pas réussi à construire la même alchimie cette saison, avec une équipe pourtant mieux armée sur le papier. Forcément, la question de la responsabilité dans cette situation des deux stars citées plus haut se pose. Or, si Gordon Hayward, engagé dans un lent processus de retour au plus haut niveau après sa terrible blessure, est logiquement resté discret, Kyrie Irving a pour sa part pris des responsabilités sur le terrain comme en dehors, commentant beaucoup les résultats de son équipe, en adoptant une posture de leader.

Déclaration de Kyrie Irving après la défaite contre Chicago, le 23 février
Déclaration de Kyrie Irving après la défaite contre Chicago, le 23 février

On a ainsi vu Uncle Drew, par ailleurs plutôt performant sur le terrain (23,8 points et 6,8 passes de moyenne cette saison), multiplier les sorties médiatiques, tantôt pour réclamer plus d’investissement de la part de ses jeunes coéquipiers, tantôt pour affirmer sa confiance dans la force de son équipe. “Il s’agit d’un passage dans la saison régulière, a ainsi récemment affirmé Irving à propos des récentes difficultés rencontrées par les C’s. En playoffs, on pourra se préparer pour une équipe en particulier. Et honnêtement, je ne vois personne nous battre en 7 matches.” Avant d’en rajouter une couche quelques jours plus tard : “Je ne pense pas qu’une équipe soit capable de nous battre au haut niveau si on joue correctement.

Un schisme dans le vestiaire des Celtics ?

Le problème, c’est que ces déclarations ne correspondent pas vraiment à ce que montrent les Celtics sur le terrain depuis le début de la saison, et particulièrement ces derniers jours. Surpris par Chicago, surclassé à Toronto (défaite de 23 points), puis dompté à domicile par Portland, Boston déjoue notamment par manque de cohésion, un comble lorsqu’on songe que c’est justement le collectif qui a fait la grande force des C’s au cours des deux dernières saisons. Difficile de ne pas voir un lien entre cet état de fait et les sorties médiatiques parfois maladroites de Kyrie Irving, qui se positionne souvent en surplomb du groupe.

Les Boston Celtics sur une série de quatre défaites
Les Boston Celtics sur une série de quatre défaites

Loin de galvaniser ses coéquipiers, le discours de leader porté par Kyrie Irving semble en fait produire l’inverse de l’effet escompté. Au lieu de fédérer le groupe et de renforcer sa solidarité, chaque nouvelle déclaration du meneur semble creuser un peu plus le fossé entre lui et ses partenaires. A tel point que le franchise player des Celtics semble aujourd’hui dans une impasse. Ces derniers temps, l’équipe a ainsi présenté un visage bien plus conquérant en l’absence de Kyrie Irving : les six derniers matches disputés sans leur numéro 11 ont été gagnés par les C’s, avec un écart moyen de 13 points, tandis que les six derniers matches auxquels a pris part Irving ont tous été perdus par Boston.

Kyrie toujours en quête de leadership

Il serait évidemment hasardeux, voire présomptueux, de considérer que dans l’absolu, les Celtics sont meilleurs sans leur meilleur joueur. Dans le même ordre d’idée, voir en Kyrie Irving le principal responsable des malheurs de Boston reviendrait à prendre un raccourci erroné, notamment parce que les remous qui agitent le vestiaire ne se limitent pas au cas Kyrie. Force est en revanche de constater qu’Irving n’est toujours pas parvenu, aux trois quarts de la saison, à calmer ces remous. Jusqu’ici, l’ancien des Cavs, parti de Cleveland en 2017 pour sortir de l’ombre de LeBron James et pour prendre les rênes d’une franchise, semble donc avoir échoué à devenir un véritable leader.

Comme le soulignait Bastien de TrashTalk ce jeudi dans notre émission Triple Double, devenir un joueur moteur, capable de tirer sa franchise vers le haut, n’est pas donné à tout le monde et peut nécessiter un long processus d’épanouissement. A bientôt 27 ans (il les fêtera le 24 mars), Kyrie Irving a encore du temps devant lui pour progresser dans ce domaine, notamment en apprenant des erreurs de communication manifestes qu’il a commises cette saison. Toute la question est cependant de savoir où se poursuivra la quête de leadership de l’ancien de l’université de Duke, qui sera agent libre l’été prochain, et qui a laissé planer le doute sur ses intentions, après avoir affirmé dans un premier temps qu’il souhaitait prolonger à Boston…