La question de la semaine : le trophée de MVP peut-il échapper à James Harden ?

NBA – Sur une série de 21 matchs de suite à plus de 30 points marqués, James Harden réalise une saison phénoménale sur le plan statistique. A tel point que le MVP 2018 est désormais le grand favori à sa propre succession, et ce malgré les résultats moins brillants de ses Rockets. “The Beard” a-t-il définitivement enterré la concurrence ? Eléments de réponse.

James Harden a-t-il déjà gagné le titre de MVP 2019 ?
James Harden a-t-il déjà gagné le titre de MVP 2019 ?

57 points contre Memphis, 58 contre Brooklyn, 48 contre les Los Angeles Lakers, une baisse de régime à 37 unités (!) contre Philadelphie, puis le chef d’œuvre (61 points, record en carrière) face aux New York Knicks sur le parquet du Madison Square Garden… Les dernières performances de James Harden au scoring ont de quoi donner le tournis. Depuis la mi-décembre, l’arrière barbu des Rockets a tout simplement banalisé l’exceptionnel, et permis à son équipe de survivre à une cascade de blessures. Logiquement, cela lui vaut d’être sélectionné parmi les titulaires du All-Star Game pour la troisième année consécutive.

Une série record… et des victoires pour Houston

Sur les 21 derniers matchs de Houston, Harden n’est jamais descendu en dessous de la barre des 30 points, effaçant des tablettes le record de Kobe Bryant, qui avait aligné 17 rencontres de suite à plus de 30 unités en 2003. Dans toute l’histoire de la NBA, seul un joueur a fait mieux : le mythique Wilt Chamberlain, qui compte trois séries plus longues (dont une sans doute inatteignable de 65 matchs d’affilée à plus de 30 points). Cet élément de comparaison avec l’un des joueurs les plus dominants de tous les temps suffit à mesurer à quelle hauteur de la stratosphère évolue actuellement le numéro 13 des Rockets.

L’excellence de cette série en cours ne se limite d’ailleurs pas à l’incroyable moyenne de points du gaucher (43,1 par match). Sur ses 21 dernières sorties, Harden tourne aussi à 8,4 passes décisives, 7,9 rebonds et 2,2 interceptions par match. Confronté aux blessures d’Eric Gordon (de retour depuis 4 matchs), Chris Paul, puis Clint Capela – soit les trois plus gros scoreurs de l’équipe après lui -, Harden a pris un maximum de responsabilités au moment où son équipe en avait le plus besoin. Avec succès, puisque les Rockets affichent un bilan très nettement positif sur la période (15 victoires pour 6 défaites).

Une longueur d’avance sur la meute des prétendants au MVP

James Harden n’a donc pas “staté” à perte, bien au contraire. En élevant son niveau de jeu, “The Beard” a élevé celui des Rockets et les a remontés au classement : hors du top 8 de la conférence Ouest après deux mois de compétition, Houston est désormais installé à la 5e place, alors même que son infirmerie commence à se vider (après Gordon, Chris Paul devrait être opérationnel sous peu). Cette saison, Harden combine donc une production statistique affolante et une influence extrêmement positive sur les résultats de son équipe, difficile de mieux coller à la définition de “Most Valuable Player”.

La prestation phénoménale de James Harden sur le parquet des champions en titre restera comme l’un des moments les plus marquants de la saison

Logiquement, le MVP 2018 est donc devenu au fil des matchs le grand favori à sa propre succession. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il domine le classement des meilleurs scoreurs de la Ligue comme jamais (36,3 points de moyenne, presque sept unités de plus que le deuxième, Stephen Curry) et qu’il figure également dans le top 5 des meilleurs passeurs décisifs (8,3 assists par match, 4e) et dans celui des meilleurs voleurs de ballon (2,1 interceptions par match, 3e) ? Ses principaux rivaux (Curry, mais aussi Giannis Antetokounmpo, Kawhi Leonard ou Joel Embiid) présentent tous de meilleurs résultats collectifs, mais aucun d’entre eux ne peut prétendre avoir autant marqué les esprits que le barbu à titre individuel.

Top 10 des meilleurs scoreurs de la saison en NBA (DR/Basketball Reference)
Top 10 des meilleurs scoreurs de la saison en NBA (DR/Basketball Reference)

Harden doit-il craindre un destin à la Kobe 2006 ?

Sauf blessure, Harden semble donc filer tout droit vers le doublé, et ce malgré une adresse relative (44% de réussite au tir, 37,4% à 3 points) et un nombre élevé de pertes de balle (5,6 par match, plus gros total de la Ligue). La saison est encore longue cependant (35 matchs restent à jouer pour les Rockets) et il faudra a minima que Houston conserve sa position au classement pour permettre à son numéro 13 de garder sa longueur d’avance sur la meute des prétendants. Cette dimension collective est sans doute plus décisive, mais aussi plus incertaine que la dimension individuelle. Harden est en effet à ce point en avance en termes de points marqués qu’il pourrait se permettre de baisser le pied dans ce domaine tout en restant largement leader de la Ligue.

Comme l’indique Jonathan Feigen du Houston Chronicle, si James Harden ne marque aucun point lors des 10 prochains matchs et que Stephen Curry continue à son rythme actuel, Harden sera toujours le meilleur scoreur de la NBA.

Un rappel à l’histoire de la NBA peut d’ailleurs inciter à ne pas considérer que James Harden est d’ores et déjà assuré d’être élu MVP de la saison régulière en juin prochain. A quatre reprises lors des cinq dernières années, le trophée est allé au meilleur marqueur de la Ligue (Kevin Durant en 2014, Stephen Curry en 2016, Russell Westbrook en 2017 et donc James Harden l’an dernier), mais cela n’a pas toujours été le cas auparavant, loin s’en faut. Sur les 20 dernières saisons, il est d’ailleurs frappant de constater que la meilleure performance sur une année en termes de scoring (35,1 points de moyenne pour Kobe Bryant en 2005/06) n’a pas été couronnée du titre de MVP. Cette année-là, “Black Mamba” avait été pénalisé par des résultats collectifs peu emballants (les Lakers avaient pris la 7e place de la conférence Ouest, avec 45 victoires et 37 défaites) et avait été devancé par Steve Nash, brillant chef d’orchestre de Phoenix Suns au bilan nettement supérieur (54 victoires pour 28 défaites). Un semblant de suspense subsiste donc dans la course au MVP 2019…