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La question de la semaine : Rudy Gobert va-t-il garder son titre de meilleur défenseur de la NBA ?

NBA – Elu joueur défensif de l’année en 2018, Rudy Gobert continue cette saison de constituer une arme de dissuasion massive dans la raquette du Jazz. De là à penser que le pivot français va conserver son titre ?

Même face aux meilleurs pivots de la Ligue, comme ici Nikola Jokic, Rudy Gobert reste un protecteur d’arceau hors du commun
Même face aux meilleurs pivots de la Ligue, comme ici Nikola Jokic, Rudy Gobert reste un protecteur d’arceau hors du commun


Pour la première fois depuis son arrivée en NBA en 2013, Rudy Gobert a été nommé lundi dernier “joueur de la semaine” de la conférence Ouest. Une distinction rare pour un Français (Nicolas Batum était le dernier à l’avoir obtenu, en novembre 2015), mais surtout une nouvelle preuve du changement de statut, depuis un an, de “Gobzilla”, désormais considéré comme une star de la Ligue.

S’il a manqué de peu une première sélection au All-Star Game en février dernier (ce qu’il a d’ailleurs très mal vécu), le natif de Saint-Quentin s’est en effet progressivement installé ces dernières années comme une figure incontournable de la NBA, l’un de ses plus imposants et impressionnants athlètes (avec ses 2,16 m et son incroyable envergure mesurée à 2,36 m) et l’un de ses meilleurs spécialistes de la défense. Dans ce domaine, le pivot de Utah a énormément progressé au fil des saisons, jusqu’à devenir une référence absolue.

Un impact remarqué

Peu de joueurs en NBA jouent en effet un rôle aussi important que Rudy Gobert dans la réussite défensive de leur franchise. Le Jazz est depuis un moment l’une des équipes qui posent le plus de difficultés aux attaques adverses, et la principale raison de cet état de fait est bien l’apport hors du commun de sa “Stifle Tower”. Le microcosme de la NBA a d’ailleurs tenu, la saison passée, à rendre hommage à cette contribution en plébiscitant le Français pour le titre de joueur défensif de l’année (DPOY).

Successeur, entre autres, de son compatriote Joakim Noah (qui avait reçu cette distinction en 2014), Rudy Gobert va-t-il conserver ce trophée cette saison ? Son impact est en tout cas toujours aussi déterminant dans la raquette du Jazz, qui est resté l’une des meilleures défenses de la Ligue. Utah encaisse certes nettement plus de points par match cette saison (106,5) que la précédente (99,8), mais cela est à mettre en rapport avec l’augmentation nette du rythme de jeu qui touche quasiment toutes les franchises (cette saison, le Jazz joue ainsi en moyenne 4,5 possessions de plus par match que l’an passé).

Gobert, atout maître de la défense du Jazz

Si l’on se penche sur les statistiques avancées, on s’aperçoit que l’écart de points marqués par l’adversaire n’est pas si important. En 2017/18, Utah encaissait en moyenne 103,9 points pour 100 possessions, ce qui faisait de la franchise de Salt Lake City la meilleure défense de la Ligue (à égalité avec Boston). Cette saison, le Jazz encaisse en moyenne 106 points pour 100 possessions et figure au deuxième rang des défenses les plus hermétiques, derrière les Milwaukee Bucks.

Au sein du dispositif mis en place par le coach Quin Snyder, Rudy Gobert reste par ailleurs la pièce maîtresse, celle autour duquel s’articule le piège défensif du Jazz. L’ancien de Cholet est ainsi très certainement le meilleur protecteur d’arceau dans la NBA actuelle. Il y a bien sûr ses contres (2,2 par match, une moyenne très proche de ses 2,3 de la saison dernière), mais au-delà, il y a aussi cette énorme part d’intimidation que les statistiques peuvent plus difficilement prendre en compte. “Ce ne sont pas les contres qui nous préoccupent le plus, mais les changements de trajectoire sur les shoots. Il en force sans doute une douzaine par match“, expliquait ainsi le coach de Washington Scott Brooks, cité par Basket USA, avant la large défaite à domicile des Wizards face au Jazz.

Moins d’avance sur la concurrence

Dans la lignée de la saison passée, Rudy Gobert constitue donc toujours un cas à part en NBA, un joueur si impactant en défense qu’il force l’opposant à adapter sa stratégie offensive pour le contourner au maximum. On peut toutefois noter que les adversaires du Jazz semblent mieux y parvenir cette saison, puisque Utah encaisse en moyenne 103,5 points pour 100 possessions lorsque Gobert est sur le parquet, soit 6 de plus que l’année dernière dans les mêmes conditions. Dans ce domaine du “Defensive Rating” individuel, le Tricolore a clairement régressé : en 2017/18, il affichait le 5e meilleur ratio de NBA parmi les joueurs disputant plus de 20 minutes par match ; cette saison, il ne pointe qu’au 20e rang.

Top 5 de NBA au “Defensive Box PlusMinus” sur la saison 2018/19 (DR/Basketball Reference)
Top 5 de NBA au “Defensive Box PlusMinus” sur la saison 2018/19 (DR/Basketball Reference)

Ce décrochage pourrait d’ailleurs constituer le principal obstacle à un doublé de “Gobzilla”, d’autant que la plupart des concurrents du Français pour le titre de DPOY (Giannis Antetokounmpo, Paul George, Joel Embiid, Myles Turner) sont mieux placés que lui dans ce classement. L’impact de Rudy Gobert sur les stops défensifs réalisés par son équipe reste cependant colossal. Le tableau ci-dessus indique ainsi que Gobert est, comme la saison passée, le deuxième meilleur joueur de NBA au “Defensive Box PlusMinus” (qui mesure la contribution d’un joueur sur les séquences défensives de son équipe), avec un indice en hausse (5,0 contre 4,6). S’il domine moins la course au DPOY que l’an dernier, le pivot français a donc de solides arguments pour espérer conserver son titre, ce qui l’inscrirait dans la lignée de quatre des plus illustres intérieurs défensifs de l’histoire de la NBA (Hakeem Olajuwon, Dikembe Mutombo, Alonzo Mourning, Ben Wallace), qui ont tous accompli cette performance au cours de leur carrière.