Publicité

L'ambassadeur d'Iran convoqué au quai d'Orsay, selon des sources

L'AMBASSADEUR D'IRAN CONVOQUÉ AU QUAI D'ORSAY, SELON DES SOURCES

par John Irish

PARIS (Reuters) - L'ambassadeur d'Iran en France a été convoqué cette semaine au ministère des Affaires étrangères pour un motif lié aux droits de l'Homme, a-t-on appris auprès de trois sources proches du dossier.

Le gouvernement français s'exprime rarement sur la question du respect des droits de l'Homme en Iran, mais le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, a jugé nécessaire de le faire mardi après la dégradation de la situation qui a, selon lui, suivi les manifestations antigouvernementales de novembre 2019.

Prié de dire si la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne avaient décidé d'intervenir conjointement auprès de Téhéran concernant le traitement des prisonniers politiques et des binationaux qui y sont détenus, Agnès von der Muhll, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a éludé la question.

"Les autorités françaises expriment régulièrement leurs inquiétudes concernant les violations graves et constantes des droits de l'Homme en Iran", a-t-elle répondu. "Ces préoccupations sont partagées par de nombreux partenaires, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni."

Selon l'une des sources, les trois puissances européennes ont bien agi conjointement pour signaler à l'Iran que ses actes nuisaient à leurs relations. D'après les deux autres sources, l'ambassadeur a été convoqué jeudi.

En Grande-Bretagne, le Guardian avait annoncé la veille que les ambassadeurs iraniens à Londres, Paris et Berlin allaient être convoqués spécifiquement pour le traitement des prisonniers politiques et la détention des binationaux.

La décision de Paris, Berlin et Londres intervient alors que les trois pays s'efforcent de maintenir l'accord sur le nucléaire signé en 2015 avec l'Iran, remis en cause par les Etats-Unis.

Jeudi, Washington a mis sur liste noire plusieurs responsables et entités iraniens pour des violations présumées flagrantes des droits de l'Homme. De son côté, l'Union européenne n'a pas imposé de sanctions sur les violations des droits de l'Homme en Iran depuis 2013.

Répondant à l'article du Guardian, et sans les nommer, le ministre iranien des Affaires étrangères Saeed Khatibzadeh a indiqué dans un communiqué que certaines puissances européennes interféraient dans les affaires internes de son pays.

"L'Iran estime que le comportement motivé par des raisons politiques et les actions sélectives des Etats-Unis et de certains gouvernements européens ont toujours porté le coup le plus dur au principe des droits de l'Homme", a-t-il dit.

(John Irish, version française Jean-Philippe Lefief et Blandine Hénault, édité par Jean-Michel Bélot)