Le bon, la brute et Lorient

Dernier au classement de la Ligue1, Lorient doit-il changer sa philosophie de jeu pour s’en sortir ? Bernard Casoni, son nouvel entraîneur, entend bien muscler le jeu des Bretons. Est-ce bien la solution ?

Bernard Casoni
Bernard Casoni


Il est toujours intéressant de relire un quotidien qui traîne sur un zinc et de s’attarder sur l’entretien a priori banal d’un entraîneur. A la page 8 de l’Equipe de mardi, Bernard Casoni regrette l’attitude sa nouvelle équipe de Lorient. Il trouve qu’à Lorient, « on est trop gentil. ». Arrivé le 8 novembre à la tête du club breton classé lanterne rouge, l’ancien rugueux stoppeur de l’OM n’a pas réussi à inverser la tendance. Lorient reste bon dernier à 4 points de Nantes, premier non relégable.

Quelle est donc la raison profonde de cette situation d’échec ? la gentillesse ! Le successeur de Sylvain Ripoll regrette que son équipe joue « trop bien » et qu’elle tienne trop à son style de jeu hérité des années Gourcuff. « Mais c’est quoi l’identité de jeu si tu prends 3 buts par match ? Le jeu ne suffit pas…», s’agace-t-il. Il est étonnant de lire de tels propos. Si le jeu ne provoque pas le résultat, qu’est-ce qui le provoque alors ? Selon Bernard Casoni, il faut de « l’impact » et de « l’agressivité » dans « le rapport de force psychologique ».

Ces phrases banales entendues dans tous les séminaires d’entreprise ou dans les stages de motivation de cadres commerciaux apparaissent toujours faux. Ce message sonne souvent aussi creux que le célèbre slogan : « il faut mouiller le maillot ». Un mantra n’a jamais remplacé une méthode. Le discours musclé de Bernard Casoni est d’autant plus mal adapaté qu’il souhaite l’imposer dans un club qui a une culture du jeu propre à lui. Les joueurs recrutés à Lorient l’ont toujours été sur des conceptions collectives du football.

Pour Christian Gourcuff, l’expression « gagner les duels » était juste un non-sens. S’il y a duel, cela signifie que le football devient du un contre un, un combat athlétique. L’intelligence du jeu, l’anticipation, le sens de la passe, le mouvement collectif sont autant de moyens d’aboutir à la finalité : la gagne. Si le duel et l’agressivité suffisaient, alors il faudrait engager des formateurs de GI’s dans le football.

Lorient a toujours été une terre de footballeurs, pas de bûcherons ! «Je préfère moins bien jouer et gagner. Il faut être réaliste », conclut Bernard Casoni. Avec cet adage, on perd sur les deux tableaux. La défaite morale précède souvent la défaite sportive.