Le "couple doré" qui a offert ses premières médailles d'or olympiques à l’Indonésie

Alan Budikusuma et Susi Susanti, ont dédié leur vie de couple au badminton (Getty Images)

Alan Budikusuma et Susi Susanti ont été les premiers médaillés d’or à l’épreuve du badminton simple, en 1992 aux JO de Barcelone, avant de se marier quelques années plus tard.

L’Indonésie est depuis longtemps considérée comme une nation majeure en badminton. Alors quand ce sport a enfin fait son entrée officielle aux Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone, le pays tout entier a été saisi d'euphorie.

Après tout, cet état d'Asie du Sud-Est n’avait jamais été couronné d'or malgré sa participation aux Jeux depuis 1952. Sa seule médaille avant 1992 était l’argent en 1988 à Séoul, pour l’épreuve de tir à l’arc féminin par équipes.

Par conséquent, le badminton apparaissait comme l'occasion idéale d’obtenir cette médaille d’or, restée jusqu’alors hors de portée. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé à Barcelone. Avec non pas une, mais deux médailles d’or (une en simple dames et une en simple hommes), pour le plus grand bonheur de toute la population.

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Le "couple doré" enflamme les foules

Les fans de badminton indonésiens ont également eu droit à une surprise. Alors que la gagnante de l’épreuve simple dames Susi Susanti était communément reconnue comme la meilleure joueuse de badminton au monde, les fans pensaient que la médaille d’or en simple hommes serait remportée par le champion du monde en titre, Ardy Wiranata.

Mais c’est un compatriote moins connu, Alan Budikusuma (alors en couple avec Susanti), qui l'a emporté en battant Wiranata en finale.

L’histoire du "couple doré" a enflammé les foules, notamment après le mariage de Budikusuma et de Susanti en 1997. L'Indonésie a fêté en grande pompe leur double médaille d’or lorsqu'ils sont rentrés, avec une parade de deux heures organisée à Jakarta, à laquelle ont assisté près d’un million d’habitants.

Retournement de situation

La situation était pourtant catastrophique à peine quelques mois plus tôt, au mois de mai, car l’Indonésie avait essuyé un échec cuisant lors des prestigieux championnats Thomas Cup et Uber Cup se tenant à Kuala Lumpur.

Susanti à elle seule ne pouvait pas hisser en haut du podium une équipe féminine chancelante, qui avait perdu sur un score de 1 à 4 en demi-finale de l’Uber Cup. Budikusuma, quant à lui, était sous le feu des critiques après avoir été battu par le joueur malaisien Foo Kok Keong alors que l’équipe masculine indonésienne avait perdu 2-3 face au pays hôte lors de la finale de la Thomas Cup.

"J’ai envisagé d’arrêter ma carrière, car à ce moment-là, je n’avais aucune certitude, a déclaré Budikusuma lors d’une interview accordée à CNN cette année-là. Mais discuter avec Susi, ses parents, les entraîneurs et Eddy Kurniawan (ancien joueur indonésien de badminton) m’a beaucoup aidé. Ils m’ont encouragé à reprendre l’entraînement. J’ai alors commencé à croire que perdre n’était pas une fatalité. Le plus important, c’est de savoir se remettre en selle après un échec."

Les joueurs indonésiens sont donc arrivés à Barcelone gonflés à bloc pour racheter leurs défaites récentes. Susanti a commencé le tournoi simple dames en fanfare, éliminant toutes ses adversaires sans leur laisser gagner une seule manche, avant d'arriver en finale où elle a affronté la Sud-coréenne Bang Soo-hyun.

Budikusuma était également au meilleur de sa forme, même s’il ne figurait pas parmi les quatre favoris. Lui non plus n’a perdu aucun set sur le chemin de la finale, malgré une lutte sans merci contre le Danois Thomas Stuer-Lauridsen lors de la demi-finale.

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Une finale 100% indonésienne

Wiranata étant également en finale, la médaille d’or en simple hommes était assurée pour l’Indonésie. Budikusuma avait non seulement moins de pression sur les épaules, mais en plus il était confiant car il avait souvent eu le dessus dans les matchs face à son illustre compatriote.

Susanti joua sa finale avant Budikusuma, et c’est un Budikusuma tendu, obligé de rester cloîtré dans sa zone d’échauffement, qui suivit le match de loin. Quand Susanti commença par perdre, chose très étonnante, le premier set face à Bang, avec un score de 5-11, la situation semblait mal partie.

Toutefois, Budikusuma gardait confiance, car il savait qu'elle commençait souvent en douceur et devenait plus agressive au fil de la rencontre. Et effectivement, Susanti retrouva son coup de main et lutta pour gagner les deux manches suivantes avec un score de 11-5 et de 11-3. L’Indonésie avait enfin gagné sa première médaille d’or aux Jeux Olympiques.

"Si Susi peut gagner, alors moi aussi"

Débordant de joie suite à la victoire historique de Susanti, Budikusuma arriva sur le terrain de la finale simple hommes excité et convaincu que : "Si Susi peut gagner, alors moi aussi."

Et effectivement, il triompha de Wiranata sur un score de 15-12, 18-13,offrant sa deuxième médaille d’or à l’Indonésie. L’incroyable couple indonésien avait réussi.

Après s’être mariés et avoir pris leur retraite, Susanti et Budikusuma ont ouvert un club de badminton à Jakarta et ont créé une entreprise d’équipements de sport.

Ils ont eu trois enfants. À la naissance de leur fils aîné en 1999, l’Indonésie était le théâtre d'émeutes et de violence. Susanti a alors décidé d’appeler son fils Laurencia Averina (qui signifie "paix"), espérant qu’il apporterait la paix à la nation.

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