Le onze des champions du monde doit-il évoluer ?

ÉQUIPE DE FRANCE – Didier Deschamps le sait, afin de préparer au mieux l’Euro 2020, il devra certainement effectuer quelques changements dans son onze de départ. Et donc, par conséquent, se priver de champions du monde.

C’est la rentrée pour les champions du monde qui affrontent l’Allemagne, jeudi 6 septembre à Munich, et les Pays-Bas, dimanche 9 septembre au Stade de France, en Ligue des Nations. Avec les forfaits d’Hugo Lloris – remplacé par Benjamin Lecomte (Montpellier) et Steve Mandanda – remplacé par Benoît Costil (Bordeaux) -, « seulement » vingt-et-un des vingt-trois champions ont été appelés par Didier Deschamps pour ces deux rencontres. Le souhait initial du sélectionneur était, évidemment, d’appeler tous ses mondialistes. Un choix logique et tout à fait compréhensible. Aussi bien sur l’aspect psychologique que sportif. Hormis le “néo-ex retraité” Adil Rami, les Bleus sacrés cet été sont en forme. À l’image de Kylian Mbappé ou N’Golo Kanté.

Néanmoins, si ce groupe semble, pour l’instant, intouchable, des questions vont rapidement se poser concernant le onze de départ de l’équipe de France. Qui, lui, n’est pas aussi indiscutable. Mbappé doit-il s’installer à la pointe de l’attaque tricolore ? Matuidi peut-il continuer à occuper ce poste de faux ailier gauche ? Giroud peut-il, indéfiniment, conserver sa place de titulaire indiscutable ? Didier Deschamps va devoir trancher, faire des choix, en vue de la qualification pour le championnat d’Europe qui se déroulera dans deux ans. C’est demain.

Si on analyse le onze des champions du monde, deux joueurs semblent les plus enclins à céder leur place : Blaise Matuidi (31 ans) et Olivier Giroud (31 ans), de par leur âge, déjà, leur rendement ensuite et par la montée en puissance de joueurs susceptibles de les remplacer. Le milieu de la Juventus a évolué dans un rôle particulier en Russie, sur le côté gauche. Une solution temporaire, installée par Didier Deschamps pour répondre à des problèmes d’équilibre collectif.

Le 4-2-3-1 victorieux en Russie.
Le 4-2-3-1 victorieux en Russie.

Si le sélectionneur tricolore conserve son système en 4-2-3-1, l’ancien parisien pourrait être menacé par deux joueurs : Thomas Lemar (22 ans) et Ousmane Dembélé (21 ans). Le premier vient de s’engager à l’Atlético de Madrid pour 70 millions d’euros et a participé aux quatre matches officiels des Colchoneros (277 minutes de jeu). Compte tenu des similitudes dans le style des Bleus et celui de l’Atlético, le travail de Diego Simeone pourrait lui offrir des portes. À condition, bien-sûr, que l’ancien Monégasque se plie aux exigences de l’Argentin.

Le second est tout simplement indiscutable depuis le début de saison au Barça. Après une première année compliquée, Dembélé semble avoir trouvé sa place aux côtés de Lionel Messi et Luis Suarez. En quatre rencontres, l’ancien Rennais a déjà trouvé le chemin des filets à trois reprises. Avec, à la clé, un but somptueux et décisif en finale de la Supercoupe d’Espagne. Les deux joueurs postulent très clairement à une place de titulaire en équipe de France.

4-2-3-1 avec Lemar et Dembélé.
4-2-3-1 avec Lemar et Dembélé.

Une autre solution pourrait voir Lemar et Dembélé alignés d’entrée. En effet, afin de remplacer Olivier Giroud – zéro but inscrit lors du Mondial – Didier Deschamps pourrait décider de replacer Kylian Mbappé à la pointe de l’attaque française avec Antoine Griezmann en soutien. Trois éléments pourraient inciter le coach tricolore à prendre cette décision. Le premier concerne directement le buteur de Chelsea. Giroud a très peu de temps de jeu depuis le début de la saison du côté de Londres (69 minutes en 3 matches officiels). En fin de contrat en juin prochain, l’ancien Gunner est clairement un second choix pour Mauricio Sarri et son temps de jeu ne risque pas d’augmenter.

Les deux suivants concernent le Parisien. Mbappé devrait occuper une position plus axiale cette saison au PSG, avec le 3-5-2 mis en place par Thomas Tuchel. On l’a vu briller dans cette position notamment à Guingamp (deux buts en 45 minutes) ou avec les Bleus en mars dernier face à la Russie (doublé). Ce positionnement permet aussi de limiter le travail défensif du jeune français. Ce qui n’est clairement pas son point fort. Ainsi, il conserve son explosivité, sa fraîcheur et sa lucidité. Avec Lemar à gauche, Dembélé à droite et un duo Griezmann-Mbappé en attaque, l’équipe de France, championne du Monde en titre, peut faire peur. Très peur à ses adversaires.

Didier Deschamps peut également décider de repasser au 4-3-3. Qu’il a notamment utilisé lors du premier match de la dernière coupe du Monde face à l’Australie à Kazan (2-1). Dans ce système, c’est Corentin Tolisso qui pourrait être gagnant. Le Bavarois prendrait ainsi place à la droite du milieu aux côtés des intouchables Kanté et Pogba. Devant, Mbappé occuperait la pointe avec Dembélé et Griezmann en soutien. Une option intéressante et qui apparait plus défensif que le 4-2-3-1.

Un 4-3-3 avec Tolisso et Dembélé.
Un 4-3-3 avec Tolisso et Dembélé.

Le sélectionneur des Bleus possède donc plusieurs choix pour faire évoluer son groupe et l’amener vers un succès à l’Euro 2020. Cette équipe est championne du monde, personne ne pourra lui retirer ça. En revanche, les critiques sur le jeu français, déjà fortement présentes en Russie, ne cesseront pas sur simple présence d’une deuxième étoilé brodée sur le maillot tricolore. Avec les joueurs à disposition, cette équipe peut développer un autre football, plus offensif, plus enthousiasmant. Elle peut au moins essayer. C’est désormais ce que l’on attend d’elle. Ce qu’on a envie de voir.