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Le système si particulier des Bleus

ÉQUIPE DE FRANCE – Dans les faits, depuis le match face au Pérou (1-0), les Bleus évoluent en 4-2-3-1 sur le plan tactique. Mais en réalité, ce système a plusieurs particularités.

Deschamps lors du dernier entraînement
Deschamps lors du dernier entraînement

L’équipe de France a commencé son tournoi – face à l’Australie (2-1) – avec un schéma de jeu très classique. En 4-3-3, avec une sentinelle bien définie au milieu de terrain, N’Golo Kanté, deux relayeurs, Paul Pogba et Corentin Tolisso et trois attaquants polyvalents : Ousmane Dembélé, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann. Une tactique qui n’a pas donné satisfaction à Didier Deschamps puisqu’il est retourné, depuis le Pérou (1-0), à son classique. Le 4-2-3-1 « asymétrique ». Un système qui l’a hissé en finale de l’Euro.

Sur le plan défensif, ce système est « basique », avec une défense à quatre composée de Benjamin Pavard (latéral droit), Raphaël Varane (défenseur central droit), Samuel Umtiti (défenseur central gauche) et Lucas Hernandez (latéral gauche). Dans cette organisation, il n’y a pas de vraie sentinelle devant la défense. Par conséquent, Varane, par sa qualité de relance et son aisance technique, n’hésite pas à sortir balle aux pieds et à tenter des passes tranchantes lorsque la France en en possession du ballon afin de donner du rythme. Comme le fait traditionnellement une sentinelle en 4-3-3, par exemple.

Autre spécificité – absente à l’Euro – Pavard et Hernandez sont des arrières centraux de formation. Ils sont donc avant tout défenseurs, à l’inverse des latéraux modernes, type Mendy et Sididé, portés vers l’offensive. Ce qui permet, en phase défensive d’avoir un bloc resserré, qui limite la prise de profondeur adverse.

Au milieu, sur le papier, deux joueurs couvrent le terrain. Paul Pogba, relayeur gauche et N’Golo Kanté, relayeur droit. Les deux joueurs ont des qualités différentes, mais effectuent ce travail de récupération dans le cœur du jeu et doivent se charger de faire tourner le cuir et dicter le tempo de la rencontre. Même si évidemment, Kanté est plus porté sur l’aspect défensif, Pogba plus sur celui offensif. Devant ces deux joueurs, on retrouve une ligne de trois avec (de droite à gauche), Kylian Mbappé, Antoine Griezmann et Blaise Matuidi.

Et c’est là, que le système de l’équipe de France est différent d’un 4-2-3-1 traditionnel. Ainsi, sur les phases sans ballon, aussi bien avec un bloc médian ou bas, Blaise Matuidi quitte son « aile » gauche et vient renforcer le milieu de terrain. Griezmann se décale à gauche, ce qui donne un 4-3-3 en phase défensive. Avec le ballon, le joueur de l’Atlético vient se rapprocher d’Olivier Giroud, l’attaquant de pointe (le un du 4-2-3-1). Sur les phases offensives, les Bleus apparaissant donc en 4-4-2, avec Giroud et Griezmann en pointe et Matuidi et Mbappé sur les côtés. À titre de comparaison, lors de l’Euro 2016, Moussa Sissoko avait le même rôle, sur le côté droit, que Blaise Matuidi actuellement sur le côté gauche.

Sur le plan offensif, Giroud est l’un des rares à avoir une position bien « figée » sur le pré. L’attaquant de Chelsea joue dos au but et se comporte comme un vrai numéro neuf. Derrière le buteur français se trouve Antoine Griezmann, qui a la liberté de pouvoir se joindre à lui, en attaquant, ou de descendre d’un cran, pour se comporter plus comme un numéro dix et organiser le jeu. « Grizou » est censé assurer le lien entre le milieu et l’attaque. Enfin, même si Blaise Matuidi peut se projeter dans la surface adversaire, la profondeur est assurée par la fusée Mbappé, sur le côté droit. Ce qui donne un système asymétrique avec le joueur de la Juventus très bas à gauche et celui du Paris Saint-Germain très haut à droite.

Ce dernier à un rôle particulier, car il n’est pas un vrai milieu droit mais un attaquant. Didier Deschamps lui demande des efforts défensifs sur le couloir, afin de ne pas trop exposer Pavard aux un contre un, mais il jouit d’une grande liberté sur le plan offensif. Il doit percuter à droite, dans l’axe et même parfois à gauche. Avec ou sans ballon, Mbappé doit faire des différences. À l’image de ses trois buts, il peut se transformer en finisseur. Il accélère le jeu des Bleus, mais peut (doit) aussi assurer la finition.

« On va être une équipe très difficile à battre », confiait Griezmann après le match face à l’Argentine. Pour aller dans le sens du joueur de l’Atlético, il est vrai que pour les adversaires des Bleus, c’est assez difficile à lire et donc déstabilisant. Cette équipe, sans réelle identité (possession, contre-attaque, solide) s’adapte à ses adversaires et possède des joueurs extrêmement intelligents sur le plan tactique. Cette polyvalence est travaillée à l’entraînement, comme l’a confié Didier Deschamps, en conférence de presse avant la demi-finale de Coupe du Monde face à la Belgique. « J’ai préparé mes joueurs à différents cas de figure, différentes compos. Ce n’est pas spécifique à la Belgique ». Évidemment, la tactique est importante, mais l’animation l’est encore plus. L’important avec ce système, c’est que les joueurs français communiquent afin de rester solide et que chacun effectue les efforts nécessaires pour l’équilibre collectif. Faire les efforts pour le copain. Chose que les Bleus font bien, voire très bien, depuis l’Argentine (4-3). Preuve que ce groupe vit bien.

G.C., à Saint-Pétersbourg