L’édito de Patrick Tambay : "Avec cette victoire, l’honneur de Ferrari est sauf"

FORMULE 1 – Après chaque course, notre consultant F1, Patrick Tambay, revient sur le Grand Prix. Cette semaine, l’ancien pilote Ferrari revient sur la victoire du “papy” Räikkönen, mais également la maturité affichée par Max Verstappen.

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Enfin ! ENFIN !! Cette course était formidable ! Il a fallu que Verstappen s’en mêle un petit peu. Räikkönen, c’est un peu “papy fait de la résistance”. Et je dis ça comme un compliment. Iceman a été exceptionnel. Il a bien roulé, a réussi un départ formidable. Que dire de plus ? Il en a surpris plus d’un. Tous les spectateurs soit-disant compétents, experts – qui se pensent être experts – ne l’imaginaient pas à ce niveau-là. Il faut dire, c’est vrai, que Vettel, pour le coup, l’a un peu aidé. Si le quadruple champion du monde avait gagné plus tôt une ou deux places, s’il était revenu sur Hamilton et qu’il avait pu éventuellement le dépasser, je ne sais pas ce qu’il se serait passé alors. On aurait pu voir le pire.

Il a regoûté à la victoire après 113 courses. Un record. Mais enfin, les pilotes ont aujourd’hui des autos qui leur offrent une fiabilité et leur permettent de rester concurrentiels très longtemps. Ce n’était pas le cas à l’époque. Aujourd’hui, c’est plus facile de durer qu’avant. Car même si les prises de risques sont plus importantes, c’est vrai, les voitures sont plus solides. Les gars ont plus de longévité. A l’époque, le moindre carton, c’était un mort en piste. Depuis quelques temps, heureusement, ce n’est plus le cas.

Enfin, selon moi, avec cette victoire, l’honneur de Ferrari est sauf. Celui de Räikkönen l’est encore plus, car il a démontré qu’il en a encore la moelle et qu’il serait un très bon “test driver” pour la Sauber et Ferrari la saison prochaine. Même si c’est encore un petit tôt pour savoir. Mais il a démontré qu’il avait encore la passion, le feu en lui pour ce sport.

Verstappen, futur grand

Il y a eu assez de jeunes jusqu’à présent. Il faut qu’ils apprennent encore car ils sont encore un peu tendre. Hormis Verstappen qui commence à vraiment m’inquiéter. Si sur l’ensemble de la saison prochaine, il ne fait pas les mêmes erreurs qu’il a commises en première partie de saison, il sera un client sérieux pour les premières places. Dimanche, il a bien défendu sur Hamilton. “Si tu veux passer, tu passes. Je ne ferais rien pour t’aider, mais je ne ferais rien non plus pour t’aider.” C’était très bien.

La saison prochaine, on attendra donc le maximum de Verstappen au vu de sa fin de saison. Il faudra qu’il trouve de la performance dans la voiture, dans le châssis. Ça, Adrian Newey en est capable. Bon, après, il faudra voir avec le moteur Honda. Mais personnellement, je vois le moteur nippon comme il était à l’époque. Je ne vois pas comment ils peuvent se louper encore. Ils finiront bien par trouver quelque chose. Il sera associé à Pierre Gasly. Cela sera quand même difficile pour le Français, selon moi. A mon avis, il ne sera pas aussi constant que le Néerlandais, qui en plus, est bien implanté au sein de Red Bull. Enfin, nous verrons. Cela nous donne déjà une bonne raison de s’enflammer pour la saison prochaine avant même la fin de celle-ci.

Un titre retardé, des sanctions incompréhensibles

Pour Hamilton, le titre n’a pas été pour ce week-end. Mais il l’aura sans aucun doute. Il lui reste trois courses pour inscrire 5 points de plus que Vettel. Il l’aura la prochaine fois. Ce qui est comique sur ce Grand Prix, c’est qu’au moment où Mercedes l’a rappelé aux stands (lors de la mise en place de la virtual safety car), tout le monde a crié au génie, que Ferrari s’était planté en ne rappelant pas Räikkönen également. Mais c’était un peu tôt. Et les pilotes ont fait la différence à un moment donné.

Un petit mot pour finir sur les disqualifications d’Esteban Ocon (débit d’essence supérieur à la norme autorisée) et Kevin Magnussen (consommation de carburant supérieure au maximum autorisé). C’est aberrant. Quant à la pénalité de trois places de Vettel pour ne pas avoir suffisamment ralenti sous régime de drapeaux rouges… Mais où va-t-on ? Tout cela est futile. Cela me choque qu’on sanctionne un pilote pour une erreur dont l’équipe est responsable. Je ne comprends pas que les pilotes acceptent cela. A un moment donné, ils doivent taper du poing sur la table. Comme nous à l’époque.

Patrick Tambay