Leonardo Balerdi, seul sur Mars
Joueur clivant d’un club qui déchaîne les passions, Leonardo Balerdi catalyse régulièrement les critiques de la sphère marseillaise, souvent impitoyable. Avant de se déplacer à Lens samedi soir pour jouer une grosse partie de la saison de l’OM, l’heure est à la consultation pour le mal-aimé phocéen.
Comment un talent précoce qui a grandi dans les plus grandes écuries d’Argentine, d’Allemagne et de France tout en étant couvert de louanges par ses sélectionneurs a-t-il pu devenir le bouc émissaire de tout un club ? Pour le comprendre, une information capitale est à intégrer : la carrière de Leonardo Balerdi est remplie de contradictions. D’abord milieu offensif en jeune à Villa Mercedes puis à Boca Juniors, c’est comme défenseur central qu’il fera sa place dans le grand monde. Transféré pour 15 millions d’euros à Dortmund en janvier 2019 après une éclosion brutale à 19 ans chez les Xeneizes, il ne disputera que 8 rencontres professionnelles en 18 mois dans la Ruhr. Excellent à l’OM lors du début de saison 2021-2022 sous Jorge Sampaoli entre Luan Peres et William Saliba, il bouclera l’année sur le banc derrière un Duje Ćaleta-Car sorti du placard. Sorti à la 28e minute par Igor Tudor, intraitable début septembre 2022 face à Lille (2-1), il a récemment été préféré à l’immense Chancel Mbemba lors d’un Olympico (1-2) décisif au Groupama Stadium… Capable de briller au duel et à la relance pendant 89 minutes, puis de tout envoyer en l’air en une fraction de seconde, l’Argentin est aussi de ceux qui peuvent déconnecter à tout moment. Une instabilité chronique qui agace à juste titre, mais qui peut aussi s’expliquer par sa très faible expérience au haut niveau avant de débarquer sur le Vieux-Port – 13 matchs en pro seulement. « Je me suis amélioré sur plusieurs aspects. J’ai joué beaucoup de matchs, cela m’a permis de grandir. Comme tout le monde j’ai fait des erreurs et j’ai eu des moments plus bas », témoigne-t-il au moment de revenir sur son parcours récent. Alors fatalement, au moment de s’immiscer dans les débats enflammés entre supporters phocéens, Balerdi fait ressortir l’essence même de ce qu’est l’Olympique de Marseille : un savant cocktail qui mélange exigence, passion et exagération, le tout parfois relevé par un zeste de mauvaise foi.
Dans une mauvaise passe
Si bon nombre de Marseillais ont décidé de couper le cordon avec Leonardo Balerdi sans imaginer quelconque remise en question ou retour en arrière, l’Argentin en est avant tout le premier responsable. Son étrange placement face à Brahimi lors de la déroute contre l’OGC Nice avait même poussé Thierry Henry à le dénigrer en direct sur le plateau d’Amazon Prime. Recevoir les sifflets du Vélodrome lorsqu’on est un défenseur de 24 ans qui affiche toujours un état d’esprit irréprochable est difficile, voire peut-être injuste, mais la réalité est que les flammes se sont déclarées à la suite de certaines bévues commises sur le terrain. Souvent laxiste dans sa façon d’aborder ses prises de balle ou trop peu convaincu dans sa manière de défendre, Balerdi appartient plus à la caste des esthètes argentins parfumés qu’aux morts de faim bouillonnants, ce qui peut surprendre pour un défenseur central. En 2020, pour So Foot, Fernando Batista, ancien sélectionneur des espoirs de l’Albiceleste aujourd’hui à la tête des A du Venezuela était pourtant dithyrambique à son sujet : « Si à 19 ans, tu joues déjà en première division avec Boca Juniors, c’est forcément que tu as quelque chose de différent. » Avec le ballon, le talent et la qualité du garçon sont indéniables. Il est avec Chancel Mbemba le défenseur marseillais le plus à même de faire la différence balle au pied par ses facultés techniques ou mentales. Capable de conduire le ballon, d’éliminer ou de servir, à l’image du milieu qu’il a été durant ses plus jeunes années, Balerdi est un joueur qui ose voir plus loin.…
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