Les Bleus face à leur cauchemar

ÉQUIPE DE FRANCE – Autant l’Argentine pouvait parfaitement convenir à nos Bleus, autant l’Uruguay a une bonne tête d’épouvantail. La Celeste, même privée de Cavani, a tout pour faire déjouer Hugo Lloris et ses camarades.

Les Uruguayens vont-ils faire déjouer les Bleus ?
Les Uruguayens vont-ils faire déjouer les Bleus ?

Oublier la folie de Kazan, les fulgurances de Kylian Mbappé, la volée de Pavard… L’équipe de France retrouve la réalité ce vendredi à Nijni Novgorod. Moins d’une semaine après sa spectaculaire qualification face à l’Argentine, souffrante, de Lionel Messi, la France va défier l’Uruguay en quart de finale de Coupe du Monde. Les Bleus affrontent exactement tout ce qu’ils détestent.

Les hommes de Didier Deschamps aiment les espaces et ne sont pas spécialement à l’aise lorsqu’il s’agit de faire le jeu. Dans l’idéal, cette équipe tricolore aime rester solide, ne pas trop reculer et placer des contres assassins pour punir ses adversaires. Face à Luis Suarez et consorts, il faudra sortir de sa zone de confort. Il sera difficile de trouver des espaces et la profondeur face à un bloc aussi regroupé que celui de l’Uruguay (un seul but encaissé depuis le début de la compétition sur corner, zéro dans le jeu). Par conséquent, la France aura la balle, et elle devra mieux l’utiliser que par le passé. “C’est difficile de ne ressortir qu’une chose. Cette équipe a plusieurs points forts. Ses joueurs défendent très bien, tous ensemble. S’il en faut dix dans les quinze derniers mètres, ils y seront. Ils aiment faire ça, ils ont ça dans les gênes. Mais ils ne font pas que ça. Il y a aussi par exemple une très bonne relation entre ses deux attaquants, qui se cherchent souvent”, a confié le sélectionneur français.

Les hommes d’Oscar Tabarez (71 ans) se nourrissent dans le combat. Ils manient à merveille l’art de la provocation, le vice, à l’image de leur attaquant star Luis Suarez. Ce dernier, bien qu’orphelin d’Edinson Cavani (touché au mollet, le joueur du PSG, sera au mieux présent sur le banc de touche), reste la principale arme offensive de son équipe. Le connaissant parfaitement, Raphaël Varane et Samuel Umtiti devront rester dans leur match et contrôler leurs émotions. Cette équipe de France a parfois manqué de caractère et se dresse face à elle certainement la nation qui en a le plus dans ce Mondial.

Tolisso ne rechigne pas à aller au charbon

Sans Blaise Matuidi, suspendu, le rôle de Paul Pogba et N’Golo Kanté n’en sera que plus grand. Les deux hommes sont les meilleurs français depuis le début de la compétition. Ils seront au cœur du combat et devront montrer la voie. Olivier Giroud, de par son profil et son statut aura le même rôle sur le plan offensif. Pour suppléer le joueur du la Juventus, Deschamps devrait choisir Corentin Tolisso. Un homme de confiance qui ne rechigne jamais à aller au charbon, qui aime le conflit. Il sera servi.

Sur les cinq dernières confrontations entre les deux pays (2002 – 2013), seulement un but a été marqué. C’était en juin 2013, par l’intermédiaire de Suarez. Ce jour-là, l’Uruguay avait battu la France 1-0. Les quatre autres confrontations se sont soldées par des 0-0. Comme annoncé par le plus Uruguayen des Français, Antoine Griezmann, ce match sera « chiant ». Sans but ne veut pas dire ennuyeux pour autant, n’en déplaise au joueur de l’Atlético.

En effet, il sera très intéressant de voir les hommes de Didier Deschamps face à ce type d’adversaire, bloc bas regroupé, dans une rencontre à élimination directe. Après son doublé et son étincelante prestation face à l’Albiceleste, Kylian Mbappé sera attendu. Nul doute que la très rugueuse charnière uruguayenne composée de Diego Godin et José María Giménez réservera un traitement particulier à le nouvelle étoile du football mondial. Mais la France a d’autres cartouches offensives.

Grizou a l’habitude de ces rencontres

Notamment Antoine Griezmann. Le joueur de l’Atlético de Madrid, qui affronte un pays qu’il admire, peut être l’homme providentiel. Pas franchement à son avantage depuis le début de la Coupe du Monde, « Grizou », en dépit de ses buts marqués sur pénalty, a l’habitude de ces rencontres. De son propre aveu, il en joue au moins deux comme ça par semaine en club sous les ordres de Diego Simeone chez les Colchoneros. Il sait comment tuer ce genre de match avec le sang-froid qu’on lui connaît. Le Vélodrome et les Allemands peuvent en témoigner, s’ils se remémorent la demi-finale du dernier Euro.

Enfin, ce groupe vit bien. Les joueurs n’ont de cesse de le montrer. Sur les réseaux sociaux, face à la presse et dans les célébrations des buts lors des rencontres officielles. Ils apparaissant unis derrière leur entraîneur. Les yeux rivés sur le même objectif. L’officiel, d’atteindre le dernier carré du tournoi. L’officieux, soulever la Coupe du Monde à Moscou le 15 juillet prochain. Car finalement, un groupe qui vit bien, dans le football et même dans le sport en général, c’est un groupe qui gagne. « On ne retient les belles choses que quand, à l’arrivée, ça se passe bien. On veut continuer d’avancer et lâcher les chevaux quand l’arbitre donnera le coup d’envoi », a avoué le capitaine Lloris. À eux de jouer.

G.C., à Nijni Novgorod