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Les cadres du PSG auront-ils la peau d’Unai Emery ?


Il y a les pro, et les antis. Et puis il y a ceux qui, comme beaucoup, ont longtemps été entre deux eaux au sujet d’Unai Emery. Non, le coach basque n’était ni un génie, ni un sombre inconnu, lorsqu’il a débarqué dans la capitale avec la lourde tâche de prendre en main l’une des équipes les plus scrutées du continent. Il était simplement un coach au CV flatteur – sans être absolument incroyable – avec de belles idées, une ambition débordante, et une jolie équipe à façonner.

Pendant une saison entière, il a frôlé l’indigestion de critiques et la disette de compliments, s’offrant l’une des plus grosses désillusions du football francilien, et laissant filer un titre qui lui semblait promis. Bref, il a été difficile de défendre Unai Emery, mais il le fallait. Parce qu’une philosophie de jeu, ça met de temps à s’instaurer, parce que des cadres, c’est compliqué à embarquer, et parce qu’un collectif, ça ne se construit pas en un claquement de doigt. Mais voilà que le temps est venu d’arrêter. D’arrêter de défendre l’indéfendable et prendre le problème à bras le corps plutôt que de faire l’autruche.

Car non, ce PSG-là, qui s’est construit à coups de rêves et de millions, ne pourra pas se permettre une nouvelle bévue. Surtout si elle conclut une saison mitigée de l’effectif le plus impressionnant de son histoire. Alors c’est vrai, il serait injuste de fustiger une équipe qui n’a perdu aucun match cette saison, qui s’offre le luxe d’inscrire en moyenne plus de 3 buts par match et d’assurer sa solidité défensive. En Ligue 1 comme en Ligue des champions, le PSG est premier de la classe et il y a clairement des mauvais élèves plus alarmistes. Mais quand on a du caviar dans l’assiette, et qu’on l’a payé une blinde, autant qu’il soit bon. Alors, avec les joueurs les plus chers de l’histoire dans ses rangs, une MCN de feu, un banc de touche du tonnerre, logique qu’on attende de cette équipe qu’elle frôle la perfection. Ou à défaut de la perfection, qu’elle dégage un peu plus d’envie que cette montagne de nonchalance aperçue du côté du Vélodrome. Et d’Anderlecht. Et de Dijon. Et de Montpellier…

Alors, c’est quoi le problème ?

Des problèmes, il n’y en a pas qu’un, et des coupables non plus. Bien évidemment, quand le PSG se fait malmener par un Olympique de Marseille a priori largement prenable, c’est un peu comme après le revers catalan, on cherche des responsables et des lacunes. Sportivement, il y a des choses à redire. Tactiquement aussi. Mais c’est surtout humainement que l’on a envie de tirer d’amères conclusions.
Car dans l’antre des Phocéens, tout le monde a vu que collectivement, les Parisiens n’y étaient pas. Que dans l’esprit, les « cadres » tels que Thiago Silva et Thiago Motta n’avaient clairement pas envie de remotiver les troupes, comme à l’accoutumée. Et que pour les autres, la motivation n’était pas de mise.

Le vrai problème, s’il y en a un vrai à mettre en évidence, vient clairement de la relation qu’entretient Unai Emery avec le reste de son club. Avec ses joueurs, qui décident quand bon leur semble quand il faut jouer. Qui écoutent ou non le coach, qui décident de prendre part aux entrainements ou non. Qui décident de lever le pied quand la situation ne leur convient pas (petite référence à Rabiot qui boude dès qu’il évolue en 6 et le signifie clairement en passant de superjoueur à loserjoueur, ou encore à Di Maria qui ne célèbre pas un but pour exprimer son mécontentement). Bref, le problème, il est clairement dans les esprits, à défaut d’être sous les crampons. Sauf qu’ils n’ont pas encore compris que le PSG avait besoin de se construire avec des grands joueurs, pas des Divas.

Après Blanc, la direction a-t-elle aussi lâché Emery ?

Et puis il y a ce souci de management que tous les observateurs pointent du doigt depuis des mois et qui désormais, semble indéfendable. Pourquoi ne pas opérer une rotation dans un match comme celui face à Dijon ? Pourquoi préférer envoyer Dani Alves au milieu de terrain plutôt qu’un Lo Celso ? Pourquoi laisser Kurzawa sur le terrain quand ce dernier n’aligne pas deux passes ? Pourquoi ne pas sortir plus tôt Mbappé quand il est à côté de son sujet dès l’entame du match face à l’OM ? Pourquoi ne pas relancer Pastore ? Pourquoi ne pas pousser un coup de gueule quand Motta marche pour sortir quand son équipe est malmenée ? Pourquoi ne pas trancher clairement sur les penalties ?

Autant de questions qui ont pour même réponse le coaching bancal du Maestro. Un entraîneur qui a le mérite d’avoir un amour passionné de son métier, une vraie philosophie, mais trop peu d’autorité pour l’appliquer. Un coach qui se heurte aussi au statut médiatique et financier de Neymar et à l’omniprésence de son père, à la considération que lui porte la direction, au manque de soutien de sa hiérarchie… Et cette situation n’est pas sans rappeler celle qui opposait Blanc et ses “cadres en roue libre”, Blanc et Ibrahimovic, Blanc et Aurier… Un manque d’autorité naturelle qui a finalement eu raison de l’ancien sélectionneur. Et si, à son tour, dans sa volonté de laisser de l’autonomie à ses joueurs, Emery avait perdu tout pouvoir au sein de son vestiaire ? (On se rappelle par exemple que la saison dernière, Emery aurait eu le temps de se siffler un cocktail pendant qu’Aurier enfilait ses chaussettes). Et si l’arrivée de Neymar n’avait fait que creuser l’écart, entre les pleins pouvoirs de l’un, et le manque d’influence de l’autre ?

Bref, le PSG n’a encore jamais perdu de match, mais il a déjà perdu quelques plumes, dans ce début de saison. Et qu’il s’agisse des joueurs, du coach, ou de la direction francilienne, les maux sont nombreux, et les causes à effet commencent à se faire sentir. Pour s’envoler et rêver plus haut, il y a foule de problèmes à régler en interne, avant de les entrevoir sur les terrains hexagonaux.

Reste que dans un club, la victime collatérale est souvent celui qui est en première ligne, sur le banc. Et qu’il ne devrait plus tarder, ce moment où tous les loups auront la peau de la proie basque.

Ambre Godillon

Unai Emery
Unai Emery