Les débuts de Mauro Icardi au PSG, ça donne quoi ?

Un mois et demi après son arrivée au Paris Saint-Germain, Mauro Icardi n’a disputé que quatre matches avec le maillot parisien. Pour quels résultats physiques, tactiques, statistiques ? Zoom sur l’Argentin.

Le 31 août dernier, juste avant que le rideau du mercato estival ne se referme sur la capitale, le Paris Saint-Germain réalisait son ultime gros coup, en recrutant Mauro Icardi, jeune attaquant ayant explosé de l’autre côté des Alpes.

Depuis, l’Argentin a alterné plusieurs phases : celle de la médiatisation, de l’adaptation, de la récupération physique, puis de la nécessité d’être décisif à l’instant T. Dur, pour un joueur qui n’avait plus foulé les terrains depuis près de quatre mois, mis au ban de la maison Intériste, privé d’une préparation estivale, et arrivé sur le bout des crampons à Paris.

Trois titularisations pour deux buts

Forcé à bricoler pour outrepasser l’hécatombe parisienne, Thomas Tuchel avait sorti le nouvel attaquant de son nid, une première fois, 28 dernières minutes face à Strasbourg. Ni une ni deux, c’est face au mastodonte du Real Madrid que Mauro Icardi a vécu sa toute première titularisation parisienne, pour l’entrée en lice du club en Ligue des champions.

Positionné sur le front de l’attaque, le n°9 a pu évoluer sur la pelouse durant près d’une heure, ne mesurant pas ses efforts pour tenter d’apporter de la profondeur et des remises. On retiendra d’ailleurs celle sur le premier but où il décale Bernat (14e). Sans plus d’impact concret.

Contrepartie logique, le coach allemand en a payé le prix puisqu’il a ensuite dû laisser Icardi poursuivre sa phase de récupération, tronquée par l’effort, pour les trois matches suivants face à Lyon, Reims et Bordeaux. Et puis c’est encore pour un choc européen, celui opposant le PSG au club turc de Galatasaray, qu’Icardi a fait son retour dans le onze de départ. Une titularisation surprise, mettant en relief le désir de Tuchel de préserver Mbappé des risques de rechute… En sacrifiant la condition physique de l’Argentin.

Et c’est dans l’antre bouillante du Türk Telekom Stadium que l’ancien Nerazzurro a fait trembler les filets, offrant aux Parisiens la victoire au terme d’un superbe mouvement avec Di Maria et Sarabia (0-1, 52e). Et voilà qu’au milieu d’une rencontre, marquée par les creux physiques et les courses haletantes, le natif de Rosario ouvrait enfin son compteur de but, sous la pression du volcan stambouliote, avant de sortir du terrain moins de 10 minutes plus tard. Nécessité de souffler oblige.

Et puis, c’est ce samedi face à Angers, dauphin du PSG en championnat, que Mauro Icardi a rechaussé les crampons. Deux titularisations consécutives, donc, pour la toute première fois de la saison. Et rebelote : c’est lui, qui, à la demi-heure de jeu, offre aux Parisiens le break face aux Angevins, au terme d’une splendide action en triangle amorcée par Neymar et relayée par Sarabia - qui l’avait déjà servi à Istanbul (2-0, 37e). Un but qui a fait oublier son gros raté en début de match et offert enfin l’occasion au Parc de scander le nom d’un nouveau Prince. Et, comme cinq jours plus tôt, Thomas Tuchel décidait de l’envoyer se reposer sur le banc de touche un peu après l’heure de jeu.

Quelle condition physique ?

Pour les statistiques, on l’a compris, Icardi a bien lancé la machine à buts. Pour la condition physique, difficile de ne pas remarquer les jambes lourdes de l’avant-centre, coupées par des mois sans chatouiller le rectangle vert.

Que ce soit face au Real Madrid, à Galatasaray ou contre Angers, le coach avait expressément demandé à son attaquant de limiter son apport dans la construction du jeu afin d’opérer en bout de chaîne dans les offensives parisiennes. Jouer les renards de surface, s’économiser pour mieux percuter. Un désir tactique donc, motivé à la fois par les qualités intrinsèques du joueur - son instinct de buteur, mais aussi et surtout par une réalité physique.

Interrogé par Yahoo Sport en conférence de presse cette semaine à ce sujet, l’entraîneur semblait d’ailleurs plutôt clair sur les consignes données à son joueur, en attendant que ce dernier soit en capacité de s’adapter au jeu et au rythme du PSG.

Des séances individuelles au Camp des Loges, des entraînements en duo avec Edinson Cavani entre deux rencontres, des matches disputés aux 2/3 et des gros coups physiques en cours de rencontre : c’est en tout cas ce à quoi va continuer de s’exposer Icardi pendant quelques semaines, même si la trêve internationale tombe à pic pour lui permettre de passer l’hiver sans pépin.

Et dans le jeu, ça donne quoi ?

Dans son apport brut sur le terrain, on notera forcément les quelques maladresses qui ont marqué ses derniers gestes - signe d’une hésitation latente à prendre sa chance. Mais Icardi s’est surtout distingué par sa capacité à transformer ses rares ballons touchés en danger immédiat. Avec et sans ballon, l’Argentin s’est montré assez actif pour proposer, assez disponible pour combiner, assez en retrait pour laisser la liberté à Neymar de revenir dans l’axe. Le tout, en montrant qu’il offrirait un jeu dos au but prometteur et même quelques remplis défensifs pour aider à ressortir la balle.

Sans le rythme et loin d’une condition physique optimale, il ne fallait de toute façon pas encore s’attendre à une influence désarmante dans les 60 derniers mètres. Mais force est de constater que dans la surface, Icardi a su saisir sa chance à deux reprises en deux rencontres, en n’ayant que très peu de ballons à se mettre sous la dent. In fine, il n’a peut-être touché que 8 ballons dans la surface adverse en trois titularisations, mais il a réussi à en faire 3 tirs cadrés, et à convertir ces derniers en deux buts. Jouer simple mais efficace, avec des miettes, c’est ce que Tuchel attendait de lui en l’absence du meilleur buteur de l’histoire du club.

Pour le reste, le message est clair : Icardi a besoin de jus, de temps, pour associer des bons présages à une véritable explosivité sur le terrain. Et alors, si Cavani revient lui aussi dans la partie, peut-être qu’enfin la capitale assistera à la très attendue concurrence entre deux joueurs aux profils radicalement différents. L’un a déjà tout démontré mais glisse sur la pente descendante de l’âge, l’autre a tout à prouver mais est dans la force de l’âge pour le faire. Un Matador qui devra résister à la fougue d’un Niño : c’est le scénario qui devrait honorer le maillot rouge et bleu pour les prochains mois dans la plus belle ville du monde.