Publicité

L'exploit d'Yvan Bourgnon

Le navigateur Yvan Bourgnon vient de boucler son défi Bimedia : le passage du Nord-Ouest, qui relie l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique, en passant par les îles arctiques du grand Nord Canadien. Un véritable exploit sportif pour ce navigateur adepte des aventures les plus folles sur son petit catamaran de sport de 6,30m de long.

Yvan Bourgnon au milieu des îles arctiques
Yvan Bourgnon au milieu des îles arctiques

Deux mois et six jours : c’est le temps qu’il aura fallu à Yvan Bourgnon pour boucler son défi. Parti le 13 juillet dernier de Nome en Alaska, le navigateur a rejoint Nuuk, capitale du Groenland, point final de son extraordinaire périple : le passage du Nord-Ouest, qui relie l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique, le tout sur un catamaran de sport en solitaire, sans habitacle, ni assistance.

« J’en ai bavé plus que je ne le pensais. Les difficultés se sont accumulées tout au long du parcours. Ce Défi a été à coup sûr le plus difficile de tous ceux que j’ai accompli depuis 7 ans sur “Ma Louloutte”, mon fidèle catamaran de sport. J’ai été aujourd’hui aux limites de ce que l’on peut réaliser avec ce genre d’engin en solitaire. »

En deux mois de navigation, Yvan Bourgnon a tenté de sensibiliser le monde sur les effets du réchauffement climatique. Ce passage dit du Nord-Ouest n’était pas navigable il y a encore quelques années. Sous l’effet du réchauffement des eaux et de la fonte partielle de la banquise entre le pôle et le continent, le passage du Nord-Ouest est devenu une route océanique possible, quelques semaines par an.

Au-delà de l’exploit, Yvan Bourgnon revient avec pleins d’anecdotes dont celle-ci, vécue il y a quelques jours à peine alors qu’il s’était assoupi. Réveillé par un bruit inhabituel, il raconte. « Devant moi au niveau des étraves, un ours polaire avait les deux pattes posées sur le pont de la coque bâbord qui s’enfonçait sous l’eau. J’ai immédiatement pris mon pistolet qui reste toujours à mes côtés quand je dors, et tiré un pétard au dessus de sa tête, comme prévu dans la procédure, pensant l’effrayer par le bruit. Il n’a pas bougé, totalement impassible, alors que mes oreilles sifflaient tant le bruit était assourdissant. Dans le même temps, je n’ai pas cessé de hurler vers lui, comme on me l’avait conseillé. J’ai retiré sans plus de succès… Là j’étais tétanisé par la peur de voir le moindre signe de déplacement de l’animal, et pendant une ou deux minutes qui m’ont semblé une éternité, nos regards se sont croisés et, la mort dans l’âme, j’ai envisagé de m’emparer de mon fusil, sentant ma vie en danger », a-t-il détaillé avant de voir les choses tournées en sa faveur quelques instants plus tard.

« C’est alors que très calmement sans aucun signe de crainte, l’ours a relâché la coque du bateau qui a retrouvé son assiette normale. Il a tranquillement glissé dans l’eau et je l’ai suivi des yeux tant que j’ai pu malgré l’obscurité. Je suis resté à genoux sur mon banc pendant de longues minutes, tremblant comme une feuille, conscient d’être passé près de la catastrophe. J’ai attendu l’aube, sursautant au moindre bruit, et fouillant les profondeurs de la nuit sans lune à 360°. Là je me suis endormi malgré mes craintes. Plus jamais je ne me sentirai en sécurité au mouillage. »