Ligue 2: l'AS Saint-Etienne, de l'enfer au purgatoire

Ligue 2: l'AS Saint-Etienne, de l'enfer au purgatoire

L’ASSE semblait parée: quelques jours à peine après la défaite aux tirs au but du match de barrage retour face à Auxerre, les Verts structuraient leur cellule sportive en faisant signer Laurent Batlles. Mais voilà, le 23 juin, la sanction tombe et Saint-Etienne se voit retirer trois points en vue de la saison à venir, en plus de devoir jouer ses quatre premiers matchs à huis clos. Coup dur pour un club qui rêve secrètement de remonter immédiatement en Ligue 1, même si le discours officiel est plus prudent et mise sur deux saisons pour rejoindre l’élite.

Le recrutement estival est prometteur. D’autant que Jean-Philippe Krasso, décisif en prêt dans la montée d’Ajaccio, est de retour en vert et ne reçoit pas d’offre concrète. En revanche, certains joueurs souhaités, notamment par Batlles se montreront vite décevants, à l’image de Giraudon ou de Chambost. D’autres recrues ne seront pas à la hauteur des attentes, à l’image de Léo Petrot ou de Lenny Pintor, dont la saison restera un échec cuisant.

La saison commence péniblement: trois nuls et deux défaites sur les cinq premiers matchs. Fin août, Saint-Etienne est dernier avec zéro point du coup. Jusqu’en décembre, les résultats sont en dents de scie et ne suffisent pas à extraire le club 10 fois champion de France de la zone de relégation. "On ne va quand même pas descendre en National, on a une équipe", entend-on à Saint-Etienne pendant la trêve hivernale. Malheureusement, ce discours semble faire écho à celui entendu un an plus tôt. Et des mots ou la réputation d’un club légendaire n’ont jamais immunisé qui que ce soit contre les relégations.

Le cas Batlles fait même débat chez les supporters et en interne, où il est très décrié au plus haut niveau de l’organigramme stéphanois. Dans les cordes depuis un an, le triumvirat en charge de l’exécutif stéphanois - composé de Jean-François Soucasse, Loïc Perrin et Samuel Rusteim - s’accroche et confirme Batlles dans ses fonctions. Perrin, qui apprend son rôle de directeur sportif, progresse et se montre plus tranché sur ses choix, n’hésitant pas à imposer avec tact certains profils à son coach. Soucasse, arrivé d’un TFC moribond, comprend aussi ce que représente l’ASSE dans un tissu social comme celui de la Loire. Samuel Rustem s’attelle lui à mettre de l’huile dans les rouages entre l’exécutif et les équipes. Bref, c’est tout l’exécutif qui change de braquet et qui apprend de ses erreurs passées.

Les trois hommes, ainsi que Laurent Batlles, sont aussi libérés du poids de deux présidents toujours aussi différents. Bernard Caiazzo est occupé par ses affaires dans le Golf, Roland Romeyer est las et reste à distance du club.

Le mercato hivernal comme bouée de sauvetage

Conscient de l’urgence, mais aussi dans une situation financière fragile bien que positive, l’exécutif se lance dans un mercato qui doit permettre au club de se ressaisir. Larsonneur est acheté pour venir compenser la fragilité de Dreyer et l’immaturité de Green. Les Verts recrutent aussi Gaëtan Charbonnier, qui impulsera quelque chose avant de se blesser, Fomba arrive de Nîmes au milieu, Appiah et Bamba viennent de Nantes et apportent leur expérience. Et la bonne pioche: Niels Nkounkou débarque en prêt de Cardiff. Un vrai pari. Payant puisque le jeune homme délivre sept passes décisives et inscrit six buts depuis son poste de piston gauche. Le club finaliste de la Ligue des champions 1976 en profite pour se débarrasser d’un certain nombre de joueurs pas vraiment dans le "mood" Ligue 2: adieu donc Palancia et autres Ivan Maçon.

L’effet est quasiment immédiat: les Verts prennent sept points sur 15 en janvier et font le plein en février avec un rassurant bilan de quatre succès en autant de rencontres qui leur permet de laisser la zone rouge derrière eux ; la série d’invincibilité se prolonge même jusqu’au 22 avril par trois victoires et trois nuls de plus.

Mieux, le jeu prôné et démontré à Troyes par Batlles semble petit à petit infuser dans les prestations des Verts. "J’ai des joueurs qui ont accepté les efforts que je leur demande à l’entraînement et aux consignes, car ils ont pris conscience que cela était payant les week-ends!", souffle le coach. Simple mais pas forcément évident à l’ASSE, depuis les années marquée par l’austérité de Claude Puel ou par le discours volontariste mais brouillion de Pascal Dupraz. L’ASSE, 10e, peut respirer aujourd’hui, la menace du National est effacée.

Et maintenant?

La grande question est évidemment de savoir si le club est à présent en ordre de marche pour aller cherche la montée la saison prochaine. Certains signes sont… au vert. Batlles pourra travailler dans la continuité: l’ASSE aura en Larsonneur un gardien de bon niveau, la ligne défensive semble elle aussi rassurante, d’autant que Saint-Etienne lèvera l’option d’achat de 2 millions pour Niels Nkounkou et tentera de le garder une saison de plus. Offensivement, Wajdi, Charbonnier devraient être présents et les discussions sont en bonne voie pour prolonger Krasso. Les Verts savent qu’ils auront besoin de ce joueur et pourraient lui offrir une grosse prime d’accession pour le convaincre de rester dans le Forez.

Le chantier se situera au milieu, où Lamine Fomba n’est pas assez régulier, Bamba pas assez décisif et les jeunes issues du club comme Moueffek ou Sow ne progressent pas… Sans Monconduit, souvent blessé, le milieu manque de jugeote et de stabilité. Il faudra des remplaçant ou des adjoints à l’ancien Amiénois. Mais le peuple vert sera en droit d’espérer. Reste à savoir si, dans cette continuité, le club est officiellement toujours en vente...

Article original publié sur RMC Sport