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L'Iran adopte des sanctions contre les Européens et le Royaume-Uni

L'Iran a riposté mercredi aux dernières sanctions de l'Union européenne et du Royaume-Uni en prenant des mesures réciproques, plus de quatre mois après le début du mouvement de contestation provoqué par la mort de Mahsa Amini.

Téhéran a sanctionné 25 individus et entités de l'Union européenne, parmi lesquels 10 Français, notamment la maire de Paris, et neuf du Royaume-Uni en représailles aux sanctions imposées lundi par ces derniers.

Les autorités iraniennes reprochent à ces personnalités de "soutenir le terrorisme et des groupes terroristes", "d'encourager la violence contre le peuple iranien" ou de "disséminer de fausses informations sur l'Iran", a expliqué le ministère iranien des Affaires étrangères.

Les sanctions iraniennes incluent des mesures financières et l'interdiction de délivrer un visa d'entrée dans le pays, selon le ministère.

L'Union européenne a dénoncé des mesures "motivées politiquement", arguant que les sanctions européennes avaient, elles, été "adoptées pour des raisons juridiques claires".

"L'Union européenne continuera d'appeler les autorités iraniennes à assurer (...) les libertés de base pour leur peuple", a déclaré à l'AFP Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

L'Iran avait averti mardi qu'il allait répliquer à la décision prise la veille par l'UE d'ajouter 37 personnes ou entités iraniennes sur la liste de ses sanctions pour violation des droits humains.

Dans un mouvement coordonné, le Royaume-Uni avait sanctionné cinq personnes et deux entités, tandis que les Etats-Unis plaçaient dix individus et une entité sur leur liste.

Téhéran n'a annoncé mercredi aucune nouvelle sanction contre les Etats-Unis.

Les relations irano-européennes n'ont cessé de s'aggraver ces dernières semaines sur fond de poursuite de la contestation en Iran et d'accusations sur la fourniture de drones à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine, ce que dément Téhéran.

Elles ont été exacerbées par les dossiers des Occidentaux détenus en Iran, de l'exécution de l'Irano-britannique Alireza Akbari le 14 janvier, et du vote non contraignant du Parlement européen en faveur du placement des Gardiens de la Révolution -- armée idéologique de la République islamique -- sur la liste des organisations terroristes.

Les Français visés

Les Français sont les plus nombreux sur la nouvelle liste iranienne avec neuf individus et une entité, alors que cinq Allemands, deux Néerlandais, un Italien et un Espagnol sont concernés.

Figure parmi les Français Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, qui s'était coupé une mèche de cheveux en octobre "en soutien aux femmes iraniennes".

Le philosophe Bernard-Henri Levy, défenseur déclaré des droits humains, et Gilbert Mitterrand, fils de l'ancien président François Mitterrand et président de la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés, sont également visés.

Téhéran cible en outre trois responsables de Charlie Hebdo, notamment le rédacteur en chef Gérard Biard. Le magazine satirique avait déjà été placé, comme entité, dans la précédente liste des sanctions, mais il a depuis provoqué la colère des autorités iraniennes en publiant des caricatures du guide suprême Ali Khamenei.

"Action immédiate et réciproque"

Radio J, basée en France, et l'association European Friends of Israel (EFI), active au Parlement européen, font partie des trois entités visées.

La liste comporte en outre des eurodéputés ainsi que l'extrémiste de droite suédo-danois Rasmus Paludan, qui a brûlé samedi un exemplaire du Coran en Suède, provoquant de vives protestations dans plusieurs capitales du monde musulman.

Parmi les neuf Britanniques figurent Liam Fox, ancien ministre de la Défense, la député conservatrice Victoria Prentis et Patrick Sanders, le chef d'état-major général de l'armée.

De son côté, l'UE impose le gel des avoirs, l'interdiction de visa et l'interdiction de recevoir des financements de l'UE à désormais près d'une centaine de responsables et entités iraniens.

"Téhéran préfère toujours la voie (...) de la diplomatie, mais comme vous le voyez (...) notre action est immédiate, efficace et réciproque", a indiqué le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdolahian dans un appel téléphonique à son homologue française Catherine Colonna, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Malgré ce contexte tendu, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a annoncé mardi avoir l'intention de se rendre en Iran en février pour des discussions "indispensables" visant à amener ce pays à reprendre la coopération sur ses activités nucléaires.

Sans confirmer une date, les autorités iraniennes ont indiqué mercredi qu'un tel déplacement était à l'étude.