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L'ONU vise une "première version" d'un traité contre la pollution plastique d'ici fin 2023

L'ONU vise une "première version" d'un traité contre la pollution plastique d'ici fin 2023

Au siège parisien de l'Unesco, la séance plénière du Comité international de négociations (INC) de l'ONU-Environnement s'est conclue vendredi soir par l'adoption à l'unanimité d'une résolution prévoyant que cette première mouture soit rédigée d'ici le prochain sommet de négociations, fixé en novembre à Nairobi. Etape cruciale avant un texte définitif toujours espéré pour fin 2024.

Cette issue positive succède à un "début de semaine laborieux" et "des manœuvres un peu dilatoires" de certains pays, selon les mots vendredi matin du ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.

Les négociateurs n'avaient pu entrer dans le vif du sujet que mercredi soir après deux jours de blocage de pays du Golfe, grands producteurs de pétroles, ainsi que de la Chine, du Brésil ou de l'Inde. Ceux-ci refusent que le texte soit adopté par un vote en cas d'absence d'unanimité. La résolution de la controverse a été remise à plus tard.

"A l'horizon 2050, il y aura plus de déchets plastiques que de poissons dans les océans (...) Nous ne pouvons pas nous attarder sur des règles de procédure", a déclaré vendredi à l'AFP la négociatrice mexicaine Camila Zepeda, dont les interventions tranchantes contre l'obstruction de certains pays ont été plébiscitées pendant la semaine.

"Les négociations de cette semaine montrent clairement que les pays producteurs de pétrole et l'industrie des énergies fossiles font tout ce qui est en leur pouvoir pour affaiblir le traité et retarder le processus", a dénoncé Greenpeace dans un communiqué.

De son côté, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a salué des "progrès tangibles".

Une communauté internationale divisée

Le principe d'un traité juridiquement contraignant a été arrêté en février 2022 à Nairobi, au siège du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE).

L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout : emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux...Des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans, dans l'estomac des oiseaux et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Et la situation devrait s'aggraver, la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Or, seulement 9% est recyclé.

Le plastique joue aussi un rôle dans le réchauffement climatique, il représentait 3,4% des émissions mondiales en 2019, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE. Les gros pays producteurs de ce matériau préfèrent parler de réutilisation, d'alternatives et de recyclage, mais cet axe est critiqué par les ONG.

Après des débats techniques fin 2022 en Uruguay, Paris accueillait la deuxième session de négociations. Après le 3e rendez-vous au Kenya en novembre, les négociations se poursuivront en avril 2024 au Canada pour se conclure en Corée du Sud en fin d'année 2024.