Loulou, la pipe et le Cirque Pinder

Le match nul arraché dans les dernières minutes face à Dijon sauve les apparences. À force de faire des sorties incendiaires, Louis Nicollin a mis le feu à tous les étages de son club…

Louis Nicollin sur le banc montpelliérain lors du match entre Saint-Etienne et Montpellier.
Louis Nicollin sur le banc montpelliérain lors du match entre Saint-Etienne et Montpellier.

Qui n’aime pas Louis Nicollin ? Mais, personne. Saison après saison, il trimballe son image de bonhomme populaire au verbe fleuri dans un monde fade. Le « Jean-Marie Bigard » de Ligue 1 émaille toujours ses prises de parole avec les mêmes expressions qui ravissent les journalistes avides de bons titres.

Depuis un demi siècle, « Loulou » aime à dire qu’il « bande ou ne bande plus », selon le plaisir pris pendant un match. « Loulou » voit des « pipes » partout dans son club surtout au moment de recruter des joueurs de football. Parfois, il a l’impression de voir « des chèvres » du Cirque Pinder. C’est une erreur grave. Il y a bien des chiens, des lions et même un lama mais aucune chèvre ! Mais, passons.

Cette semaine, Louis Nicollin a accumulé les piques sorties de son répertoire habituel, symptomatiques de son ras-le-bol définitif du foot actuel. Après la claque (5-0) reçue par son club en Coupe de France face à Lyon, le président de Montpellier a ressorti un de ses sketchs favoris : celui de la « pipe ». Cette fois, il visait Frédéric Hantz. «Je me pose des questions sur le coaching de l’équipe, a-t-il reconnu au micro de France Bleu. A 74 ans, je ne vais pas m’emmerder à chercher à comprendre. Je suis en colère contre Hantz. Je commence à en avoir plein le cul. On n’a pas les moyens de le licencier, mais c’est à lui de faire son boulot ».

La cellule recrutement, elle, a aussi reçu son petit hommage. « Nous avons une cellule recrutement qui ferait mieux d’aller au Cirque Pinder, a-t-il balancé. Si nous ne passons pas les deux prochains matchs contre Dijon et Metz, nous allons rejoindre Nîmes en L2. »

Hier soir, Montpellier a échappé au pire en égalisant dans les dernières minutes pour arracher un match nul pénible face à Dijon (1-1). Au-delà du résultat, Louis Nicollin va devoir se poser les bonnes questions. Il a brisé plusieurs éléments clefs dans son club au moment où celui-ci était bien calé au milieu du classement.

Le bon président joue avec les allumettes car il a cassé le lien de confiance avec Fred Hantz, qui ne pense qu’à partir sous d’autres cieux. Il a amoindri l’autorité de son fils Laurent, un président qui doit sans cesse s’effacer face aux dérapages de son père omnipotent. Et enfin, il a brisé la confiance des joueurs qualifiés de « chèvres ou de pipes » sauf quand il battent le PSG (3-0) ! Le départ programmé de Morgan Sanson, un des meilleurs joueurs de Montpellier, pour l’Olympique de Marseille, ne renforcera pas l’équipe, bien au contraire.

Lâché publiquement par son président, Frédéric Hantz va bientôt faire ses valises, comme Rolland Courbis ou René Girard avant lui. « J’ai été très touché, a avoué l’ancien coach de Bastia. Il y a une phrase notamment qui me fait très mal, quand il dit : “On n’a pas les moyens de le virer, qu’il fasse son boulot.” Pour moi, dans mon esprit, ça représente une rupture ».

Montpellier a peut-être obtenu un point face à Dijon mais cela n’a rassuré personne. La prestation de Montpellier n’était pas flamboyante, et cela ne devrait pas calmer la colère de Louis Nicollin, qui avait fixé un ultimatum de deux matches à son entraîneur. Fred Hantz ne se fait aucune illusion : « Louis Nicollin ? Je n’ai pas trop envie de parler de ça. Il s’est passé des choses qui vont rendre la seconde partie de saison difficile, surtout pour moi. » A force de tirer sur des « pipes », on finit par étouffer.