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L'UE approuve 8 milliards d'euros de subventions pour les semi-conducteurs fabriqués en Europe

Une nouvelle série de subventions européennes pour les puces électroniques est en route.

La Commission européenne a approuvé jeudi une tranche de 8,1 milliards d'euros d'aides d'État pour la production de semi-conducteurs "Made in Europe".

56 entreprises de différentes tailles vont puiser dans la cagnotte financière pour mener à bien 68 projets dans 14 États membres : Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Malte, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie.

La Commission espère que l'argent public apportera 13,7 milliards d'euros d'investissements privés et mobilisera ainsi un total de près de 22 milliards d'euros d'ici à 2032, date à laquelle tous les projets devraient avoir atteint leur stade final.

Les premiers produits pourraient toutefois être disponibles sur le marché dès 2025.

"Il s'agit d'un projet de grande envergure. Ces projets bénéficient d'un financement important", a déclaré Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la Concurrence.

Les projets se concentreront sur la recherche et le développement de "technologies économes en ressources" telles que les puces, les processeurs et les capteurs, a expliqué Mme Vestager.

L'autorisation a été accordée dans le cadre des "projets importants d'intérêt européen commun" (IPCEI), un type d'entreprise qui est censé profiter non seulement aux pays qui injectent l'aide, mais aussi à l'ensemble de l'économie européenne.

En raison de cet effet d'entraînement attendu, les IPCEI bénéficient d'un accès plus facile à l'argent des contribuables.

En tant que principal responsable de l'application des règles de concurrence, la Commission européenne a pour mandat d'examiner et d'approuver toute subvention qui menace de rompre l'équilibre économique entre les États membres et de déclencher une course déloyale.

Les règles en matière d'aides d'État ont toujours été strictes, ce qui a suscité la colère des grands pays aux poches bien garnies. Mais la course de plus en plus féroce aux micropuces, ces minuscules circuits électroniques qui alimentent les smartphones, les ordinateurs, les véhicules et les appareils électroménagers, a poussé Bruxelles à adopter une approche plus souple, en prévoyant des dérogations pour permettre l'injection de fonds publics à un rythme plus rapide et à une plus grande échelle.

L'objectif ultime est de stimuler la production de puces Made In Europe et d'atteindre une part de 20 % du marché mondial d'ici 2030, ce qui, en théorie, garantirait la compétitivité et la souveraineté à long terme de l'Union européenne.

"Nous devons accroître les capacités de recherche, de développement (et) de production de puces de l'Europe", a déclaré Mme Vestager. "Nous devons être des pionniers. Nous devons développer des solutions réellement innovantes et, bien sûr, leur premier déploiement industriel en Europe".

Cette ambition se heurte toutefois aux prouesses technologiques de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et, surtout, de Taïwan, qui domine le marché des semi-conducteurs avancés de manière quasi monopolistique.

Les États-Unis, qui, à l'instar de l'UE, se sont retrouvés à la traîne de l'Asie du Sud-Est, ont eux aussi adopté des politiques plus énergiques. L'année dernière, le pays a adopté le CHIPS and Science Act, qui prévoit 39 milliards de dollars d'incitations pour la fabrication et 13,2 milliards de dollars pour la recherche et le développement.

Dans le même temps, Bruxelles met la dernière main à la législation qui sous-tend le European Chips Act, une proposition reposant sur trois piliers qui vise à mobiliser plus de 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés, dont 3,3 milliards proviendront directement du budget de l'UE.

L'IPCEI est un instrument distinct et les fonds collectés dans le cadre du régime d'aides d'État ne seront pas pris en compte dans le cadre de la loi sur les puces européennes.