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Lyon - Genesio, cette fois c'est trop

Bruno Génésio - AFP
Bruno Génésio - AFP

Nouveau match face à un relégable, et nouvelle défaite pour l’OL. L’OL s’incline et compte désormais 8 points de retard sur le podium. La Ligue des Champions semble loin, très loin. Pour les suiveurs du club, c’est la soupe à la grimace : chaque match est l’occasion de se rouler davantage en boule devant la bouillie de football proposée par l’OL. Car la crise n’est pas qu’une question de résultats : au-delà du bilan inquiétant de l’OL sur le plan sportif, c’est surtout le contenu, le panache, la cohérence et l’engagement qui font défaut.

Des victoires illusoires au contenu bancal

Avant la trève, Jean-Michel Aulas, Bruno Genesio et même la plupart des joueurs se satisfaisaient du fameux objectif de “31 points à la trève”, finalement dépassé de 3 points grâce à une série de résultats positifs. Trois victoires face à Rennes, Monaco et Angers qui permettaient de relancer l’OL dans la course au podium, mais qui, au fond, ne trompaient personne. Car si l’on fait le bilan des victoires de l’OL cette saison, seules deux ou trois n’ont pas fait l’objet de contestations : face à Montpellier (5-1), les Gones profitaient d’une exclusion plus que généreuse en début de match. Face à Nantes (0-6), ce sont les Canaris qui avaient quitté le navire, et on peut facilement supposer que n’importe qui en aurait passé 3 ce soir-là. Face à Monaco (3-1) et Saint-Etienne (2-0), on louera l’engagement physique et mental qui a permis à Lyon de prendre le dessus, sans pour autant déployer un grand football.

Pour le reste, on se souviendra des victoires étriquées face à des adversaires en déroute (Lille, Bastia, Zagreb), voire même complètement imméritées (Rennes, Toulouse). Lors de ces 6 premiers mois, rarement l’OL n’a démontré une réelle supériorité collective pendant toute la durée d’un match. Quand des rivaux comme Monaco ou Paris concèdent quelques accidents de parcours (Nice pour l’un, Guingamp pour l’autre, Toulouse pour les deux) en enchainant les victoires faciles en temps normal, l’OL enchaine les défaites logiques pour quelques coups d’éclats chanceux de temps en temps. Difficile de croire au podium si les rares succès doivent à la réussite plutôt qu’à la maîtrise.

Un bilan global désastreux

Pendant longtemps, Jean-Michel Aulas s’est caché derrière le bilan comptable “pas mauvais” de son club. Et pourtant, même sur le plan des résultats, ce n’est pas la grande fiesta. Lamentablement éliminé à domicile face à Guingamp en Coupe de la Ligue, l’OL a également dit adieu à la Ligue des Champions, même si l’on concèdera aisément que le groupe n’était pas simple. Largués en championnat, les Gones vont probablement jouer au mieux la quatrième place. Car cette année, ce ne sont pas Caen et Angers qui jouent les troubles-fêtes en haut du classement. Quand bien même Nice, Monaco ou Paris craqueraient, difficile d’imaginer l’OL rattraper 8 points minimum avec autant de lacunes collectives qui ne seront visiblement pas comblées au mercato. Car devant, Monaco a l’effectif pour jouer toutes les compétitions, Nice ne joue que le championnat et Paris n’a pas encore réellement lancé la machine. Le coup de la remuntada en fin de saison a marché une, voire deux fois. Pas sur qu’une troisième suffise cette fois.

Des choix toujours incompréhensibles

Mais alors, à qui la faute ? Comment expliquer que l’OL, malgré sa puissance financière, son formidable outil flambant neuf et son incroyable Académie, végète en haut du ventre mou plutôt que de se battre au milieu du podium ? Comment expliquer cet OL moribond qui ressuscite sans prévenir contre les cadors comme Monaco, Paris ou la Juventus ?

La première explication est simple, et vient des choix tactiques. Il ne faut pas avoir eu son diplôme d’entraîneur pour voir une totale incohérence dans les choix des joueurs, des tactiques et des remplacements à l’OL. Le gestion des jeunes Lyonnais, déjà évoquée plus tôt dans la saison, est déjà révélatrice d’un tatonnement total quant à la gestion de l’effectif. Depuis quelques mois, c’est du côté des dispositifs que l’on peut facilement identifier le problème.

Début de saison en 4-3-3, vague passage au 3-5-2, puis 4-2-4 déséquilibré pour finir sur un 4-2-3-1 bancal : Bruno Genesio tatonne depuis six mois, sans jamais se décider, et sans jamais trouver la bonne formule. Aujourd’hui, face à Caen, les trous béants entre le milieu et l’attaque étaient visibles de n’importe quel amateur de football. Et pourtant, il aura fallu attendre deux buts (voire trois) pour voir Bruno Génésio bouger les choses, alors même qu’Alexandre Lacazette pestait contre le dispositif de son équipe en première période.

L’autre grand problème, c’est le choix des hommes. Encore une fois, il ne faudra pas un bac +5 en football pour voir les maillons faibles de l’OL, et pour cause : ils sont toujours les mêmes. A la rue lors de 85% de ses matches, Jérémy Morel est une nouvelle fois coupable sur le troisième but, et n’apporte toujours rien, que ce soit dans la solidité défensive ou en attaque où ses centres font le bonheur des supporters assis en virage. Devant, Maxwel Cornet continue d’être titularisé malgré des performances apocalyptiques, et une lucidité toujours plus atroce face au but, en témoigne ses deux, voire trois occasions de but tout faits ce soir où l’ancien Messin fait le pire choix possible. Comment expliquer cette longévité de ces deux points faibles dans le onze de départ, d’autant que l’OL possède (ou possédait) d’autres atouts comme le jeune Houssem Aouar qui ronge son frein depuis des mois, ou encore Aldo Kalulu, déjà titulaire à Rennes moins d’une semaine après son arrivée.

Et maintenant ?

Globalement, l’OL manque d’audace. D’abord du côté de son effectif : malgré une grosse vente cet été (Umtiti, 25M€), l’OL ne s’est pas renforcé, se contentant d’un seul achat (Mammana) et deux “bonnes” affaires gratuites (Rybus, Nkoulou). Pas de réel arrière gauche, pas de doublure pour Lacazette, puis une acquisition absurde dans la panique d’un joueur de National qui peine à crever l’écran en CFA : l’OL se retrouve en janvier avec le même problème qu’en Août : un effectif à trous, avec trop de lacunes pour espérer faire fructifier la qualité de ses leaders.

Du côté du banc, le constat est globalement le même. Après six mois sur un nuage, l’état de grace du technicien lyonnais a pris fin il y a bien longtemps, et difficile de croire qu’un entraineur qui a échoué à Besançon et Villefranche fasse le poids face aux cadors Emery, Jardim et autres Favre. Comme depuis quelques années, le manque d’ambition global de l’OL aura probablement raison de sa compétitivité.

Et pourtant, aucun signe de remous du côté des instances : il y a de quoi s’inquiéter pour l’OL, et pas que pour la fin de cette saison. Prolongé l’an dernier jusqu’en 2019, Bruno Genesio semble avoir la totale confiance de son président (officiellement).

Et quand bien même, si Bruno Genesio quittait le banc lyonnais, qui pour le remplacer ? Que ce soit du côté des dirigeants, dont l’ambition des dernières années (Hubert Fournier, Bruno Genesio) ne se place pas plus haut que la scène nationale, ou même du côté de l’attractivité de l’OL, dont le projet sportif très flou n’a pas grande chance d’attirer un ténor, difficile d’espérer des miracles sans remise en question globale de la politique du club. Faire du miel et avoir un super wifi au stade, c’est bien. Jouer au foot et gagner, c’est mieux.