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Une "météo du plastique" pour alerter sur l'ampleur de la pollution liée au plastique à Paris

Un bulletin météo d'un nouveau genre. "The Plastic Forecast" (la"météo des plastiques") va être lancée dès lundi prochain à Paris et publier ses prévisions journalières de la "pollution plastique" tout au long de la semaine. Une opération ponctuelle initiée par la fondation australienne Minderoo et destinée à sensibiliser à l'omniprésence de ce type de pollution dans notre environnement.

"Un lourd crachin persistant, composé de milliards de particules de microplastiques, devrait s'abattre la semaine prochaine sur Paris", annoncent les toutes premières prévisions.

Malgré le ciel radieux, entre 40 et 48 kg de plastiques devraient tomber quotidiennement sur la capitale, mettent en garde auprès de l'AFP les scientifiques auteurs de cette étude inédite.

Bulletins météo et campagne d'affichage

Concrètement, les bulletins météo des plastiques sont publiés et déjà accessibles sur le Plasticforecast.com et reprennent les codes des bulletins météo classiques. Cette opération incluera également une campagne d'affichage dans les transports en commun et sur des plateformes numériques tout au long des négociations.

Les prévisions ne seront cependant pas complètes, puisqu'elles n'inclueront pas les microplastiques, pourtant présents partout dans notre environnement. Seuls les particules plastiques plus grosses, mesurant au moins 50 microns, seront prises en compte.

Elles se baseront sur une méthode mise au point par la fondation Minderoo extrapolant des données collectées à Paris depuis 2015 et ensuite triées en laboratoire. Des travaux pionniers ont révélé que la plupart des particules de plastique tombant sur la capitale sont du nylon et du polyester, sans doute issus de vêtements, et des résidus de pneus.

Un traité international sur la pollution au plastique en négociations

Cette opération est organisée alors que Paris va accueillir les diplomates de 175 pays du 19 mai au 3 juin prochains à l'occasion de la deuxième session de négociations portant sur les contours d'un futur traité international destiné à réduire la pollution plastique.

Marcus Gover, responsable de la recherche sur les plastiques à la fondation Minderoo, espère que l'opération permettra "d'aiguiser l'attention des négociateurs" et de les encourager à prendre des décisions fortes en matière environnementale.

Les études consacrées à la pollution plastique se multiplient ces dernières années et alertent sur l'aggravation du problème et sur ses conséquences dramatiques pour l'environnement et la santé humaine.

"Les particules de plastique se décomposent dans l'environnement et ce cocktail toxique finit dans nos corps, où il cause des dommages insoupçonnés à notre santé", appuie Marcus Gover.

Des microplastiques du pôle Nord aux entrailles des poissons

Dans la nature, des microplastiques multicolores de moins de 5 millimètres de diamètre ont été retrouvés dans la glace près du pôle Nord et dans les entrailles de poissons nageant dans les recoins les plus profonds de l'océan.

Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), les débris plastiques tueraient chaque année plus d'un million d'oiseaux des mers et 100.000 mammifères marins. Les baleines bleues, qui se nourrissent par filtration, consomment jusqu'à 10 millions de microplastiques par jour.

Des tests sur les animaux ont établi un lien entre les substances chimiques dans les microplastiques et des risques accrus de cancer, de problèmes de reproduction et de mutations de l'ADN. Les données sur la santé humaine manquent encore, mais des morceaux microscopiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel et le placenta.

L'année dernière, 175 nations ont convenu de conclure d'ici 2024 un traité juridiquement contraignant pour réduire la pollution plastique. Si rien n'est fait, selon l'OCDE, la production annuelle de plastiques pourrait tripler d'ici 2060. Elle atteindrait 1,2 milliard de tonnes et les déchets dépasseraient le milliard chaque année.

Article original publié sur BFMTV.com