Magasins saccagés, boycott... Pourquoi la chaîne Target est la cible d'une campagne de haine aux Etats-Unis

"Ils ont rendez-vous avec les satanistes, Target cible les enfants!", scande le rappeur américain Forgiato Blow. Son morceau Boycott Target, publié le 25 mai sur sa chaîne YouTube, a grimpé en quelques jours à la première place des titres les plus écoutés sur iTunes. Il y attaque la chaine de magasins Target et sa gamme de produits en l'honneur de la communauté LGBT.

Chaque année, en juin, Target décore ses magasins aux couleurs du mois des fiertés et propose des produits spécifiques: une tasse avec l'inscription "gender fluid", un maillot de bain non-genré, ou encore des t-shirts pour enfant portant les mots "Bien Proud" ("Très fier"). Mais ces derniers jours, l'initiative a provoqué un déferlement de haine de la frange la plus conservatrice du pays.

"Où est la section hétéro? Des t-shirts qui disent 'Fier d’être hétéro!'", Demande une jeune femme à une vendeuse, avant de poster la vidéo sur les réseaux sociaux.

Sur une autre publication, un homme brandit un t-shirt et déclare: "Je vais l'acheter et le brûler!"

Dans certains magasins Target, des rayons ont été renversés, des vendeurs agressés. Des médias conservateurs se sont engouffrés dans la polémique, relayant un appel au boycott qui prend de l'ampleur.

"N’achetez pas chez Target à moins d’être gay ou pervers", lance une éditorialiste du site d'information conservateur The Daily Wire, Candace Owens. "C’est très simple pour vous, promettez de ne plus jamais faire vos courses à Target. Il n’y a rien à Target que vous ne pourrez pas trouver ailleurs."

L'objectif du boycott: "rendre la 'Pride' toxique pour le commerce, résume Matt Walsh, un autre chroniqueur du Daily Wire, sur Twitter. S’ils décident de forcer ces conneries à notre vue, il faut qu’ils sachent qu’ils en payeront le prix."

Et le résultat est au rendez-vous. Le 24 mai, Target a annoncé dans un communiqué retirer les "articles ayant suscité les comportements les plus agressifs".

Déplorant des "menaces affectant la sécurité et le bien-être de nos collaborateurs" et un "contexte instable", la chaîne s'est résolue à "procéder à des changements".

Les articles de la marque Abprallen, notamment, ont été retirés des rayons. Le designer de cette marque, Erik Carnel, un homme trans, était au coeur des critiques, qualifié de "designer satanique" par Candace Owens.

Mais ce rétropédalage de Target n'a pas tardé à déclencher les passions dans le camp adverse.

"On ne négocie pas avec les terroristes", s'énerve une cliente de Target sur les réseaux sociaux.

De son côté, Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, a reproché à la chaine de "sacrifier la communauté LGBT+ aux extrémistes".

Article original publié sur BFMTV.com