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La manifestation du 23 mars est-elle la dernière de Philippe Martinez ?

Le secrétaire général de la CGT quitte ses fonctions fin mars lors du 53e Congrès de la centrale. Marie Buisson et Céline Verzeletti sont dans la course pour sa succession.

SYNDICAT - La fin d’un règne. En plein combat contre la réforme des retraites, le secrétaire général de la Confédération générale du travail Philippe Martinez va quitter dans quelques jours le syndicat dont il est à la tête depuis 2015. Mais est-ce bien la dernière fois ce jeudi 23 mars, neuvième journée de mobilisation contre la loi si contestée, que l’emblématique leader de la CGT s’affichera en tête de cortège ?

Visage le plus reconnaissable de la lutte syndicale grâce à sa fameuse moustache, Philippe Martinez avait annoncé en mai dernier qu’il raccrocherait le tablier lors du 53e Congrès de la centrale qui aura lieu du 27 au 31 mars. Mais qui va le remplacer ? C’est là que les choses se corsent. Seule certitude, ce sera une femme, une première depuis la création du syndicat en 1895 : soit Marie Buisson, adoubée par Philippe Martinez, soit Céline Verzeletti, qui a les faveurs de puissantes fédérations.

Un duel Marie Buisson - Céline Verzeletti

La première, âgée de 55 ans est professeure en lycée professionnel secrétaire générale de la Fédération Éducation Recherche Culture (Ferc), une « petite » fédération qui comptait en 2020-2021 « un peu plus de 25 000 » adhérents selon elle. Elle est entrée à la Commission exécutive confédérale, l’organe de direction élargi de la CGT, en mai 2019, et travaille sur les questions liées à la transition écologique.

Elle est la représentante de la CGT au sein du collectif « Plus jamais ça », qui réunit syndicats, associations et ONG avec la volonté de traiter de questions sociales et environnementales. À ce titre, elle s’est attiré les foudres d’une partie des fédérations qui conteste l’orientation du groupe sur le nucléaire. Certains opposants lui reprochent aussi une relative discrétion et de ne pas avoir mené de « luttes emblématiques ».

Auprès de l’AFP, Marie Buisson dit vouloir faire de la CGT un « outil pour tous les salariés de ce pays, (...) y compris ceux qui croisent rarement » le syndicat, et mettre au cœur de ses priorités les questions liées à la transition écologique et à l’égalité femmes-hommes.

Son adversaire Céline Verzeletti, 54 ans, n’est même pas officiellement candidate. Ancienne surveillante de prison, elle est cosecrétaire générale de l’UFSE (Union fédérale des syndicats de l’État, environ 50 000 syndiqués) et membre du bureau confédéral depuis 2015, où elle est chargée des dossiers Égalités, Libertés syndicales et Coordination des luttes. Encartée au PCF, elle prône le rapprochement des syndicats avec la sphère politique.

Auprès de l’AFP, Céline Verzeletti affirme vouloir « de changer les modes de fonctionnement, que le secrétaire général n’ait pas autant de pouvoir, dépersonnaliser les choses ». Une pique à Philippe Martinez, critiqué pour son autoritarisme et son manque de concertation.

Un bilan contesté

Face à l’incertitude avant l’heure du vote approche, le secrétaire général n’a de cesse de soutenir sa protégée. « Je pense et je suis certain que Marie Buisson incarne le mieux cette CGT qui doit évoluer », a-t-il encore insisté dimanche sur BFMTV, en pointant les « autres (qui) pensent qu’il faut que la CGT revienne 30 ans ou 40 ans en arrière ».

Mais le secrétaire général de la CGT pourrait bien avoir du mal à imposer sa candidate au vu de son bilan contesté. C’est en effet pendant de ses deux mandats que le syndicat a connu une perte d’adhérents et son déclassement au profit de la CFDT en 2018. Cette « rétrogradation » est « forcément » un échec, commentait le syndicaliste de 61 ans dans Le Monde mercredi.

« J’assume qu’elle soit intervenue durant la période où j’étais à la tête de l’organisation – même si je pense que la CGT était engagée sur cette pente avant mon élection. On peut y remédier », croit-il, n’oubliant pas de faire une de liste de ses accomplissements : l’unité syndicale, la clarification des relations avec les partis politiques, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et l’écologie. Du sur-mesure pour Marie Buisson.

« J’irai toujours marcher en manif »

En cas d’échec de cette dernière, ce ne serait pas la première fois que le secrétaire général sortant ne parvient pas à imposer son poulain : en 2012, Bernard Thibault n’avait pas vu triompher celle qu’il avait désignée comme sa dauphine, Nadine Prigent. C’est finalement Thierry Lepaon, prédécesseur de Philippe Martinez, qui lui avait été préféré.

Quoi qu’il en soit, Philippe Martinez a indiqué dans l’émission Quotidien que son « dernier jour » en tant que secrétaire général était lundi 27 mars. « Pendant le Congrès, il n’y a plus de chef », a-t-il expliqué, même si son départ officiel est prévu au 31 mars.

Sauf si une mobilisation est prévue avant cette date, ou s’il choisit de défiler sa protégée nouvellement élue, c’est donc bien la dernière fois que Philippe Martinez sera en tête d’un cortège au côté des autres leaders syndicaux. Mais pas la dernière fois qu’il défilera : « J’irai toujours marcher en manif, mais plus devant. Je serai avec tout le monde. »

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