Marco Verratti : le retour du Hibou ?

Fraichement de retour et déjà au premier plan, Marco Verratti laisse entrevoir de beaux motifs d’espoir concernant sa seconde partie de saison. Zoom sur le milieu italien.

Bon, avouons-le franchement, nul ne devra s’enorgueillir avec précipitation du retour flamboyant de Marco Verratti ces derniers jours. Il ne faut jamais être convaincu que c’est la bonne saison pour nous délecter d’un Verratti au sommet de son art.

Déjà parce qu’on s’est fait plusieurs frayeurs cette saison. Un an après avoir réglé sur le billard sa pubalgie lancinante, Verratti était opéré en mai dernier des adducteurs. Et puis, après trois mois sans jouer, l’international italien bénéficiait d’une préparation physique plus poussée que ses coéquipiers mondialistes, rechutait début août avant d’intégrer, enfin, l’effectif en septembre.

Ensuite, entre des performances lumineuses et des bouts de match frustrants, on ne savait plus trop sur quel pied danser. Il ne lui manquait plus que les gros titres pour une soirée arrosée la veille d’affronter le dauphin du championnat, et une impression que physiquement, le hibou avait encore raté le coche. D’ailleurs, entre son retour en septembre et sa blessure en janvier, l’Italien cumulait 66 minutes de jeu en moyenne par match de Ligue 1, et seulement 5 rencontres disputées de bout en bout sur toute cette première partie de saison… Achevée la langue tirée.

Et puis, si on ne peut ignorer le talent que le petit génie cache sous ses crampons, on est aussi en droit de se demander si la direction francilienne ne lui a pas compliqué les choses en matière d’exigence. Il faut dire qu’après six ans en tant que titulaire indiscutable dans le 11 parisien de Kombouaré, Ancelotti, Blanc, Emery et Tuchel, jamais il n’a été question de sortir l’Italien de sa zone de confort. Parce qu’il est trop doué pour être vraiment en danger, certainement, mais aussi parce que le club parisien n’a pas franchement essayé de bouleverser la hiérarchie, même pour la forme. Résultat, le seul joueur de l’effectif qui n’a jamais été confronté à la concurrence, n’a jamais eu à se soumettre à une rigueur implacable depuis qu’il évolue dans l’élite.
Cette saison encore, en laissant filer les joueurs sans recruter de profils capables de l’épauler, en envoyant Rabiot au placard et Diarra vers la sortie, le PSG laissait encore les clés du camion à Verratti, unique milieu de formation dans les petits papiers de Tuchel. Et puis comme s’il ne manquait plus que ça, dès janvier, Verratti retrouvait l’infirmerie à moins de 15 jours du déplacement à Old Trafford.

Heureusement dans le football, les choses vont vite et les pronostics tombent aussi rapidement que les records dans les pattes de Mbappé. Du coup, dix petits jours ont suffi à la capitale pour inverser le cours des choses, recruter Leandro Paredes pour venir étoffer le milieu tout en récupérant Verratti juste avant le déplacement à Manchester.

A-t-on vraiment retrouvé Verratti ?

Alors déjà, avec Marco, on ne s’emballe pas avant d’avoir vu l’addition en fin de saison. Et puis il n’a joué que 4 petits matches, dont deux contre des équipes de la seconde partie de tableau du championnat. Mais il y a quelques jolis enseignements à tirer de ces rencontres.

Étonnement affûté lors de son retour contre Bordeaux pour son unique préparation avant de traverser la Manche, le n°6 a en tout cas montré qu’il était prêt à faire taire les questions entourant sa condition physique (et pourquoi pas, son hygiène de vie).
Tout feu tout flamme contre Manchester United pour son premier gros match depuis sa blessure, Verratti nous a rappelé sa masterclass au Parc face aux Reds en faisant ce qu’il sait faire de mieux : briller pour mieux sublimer ses partenaires. Car si on fait l’éloge d’un immense Marquinhos en terre anglaise, c’est aussi parce que l’Italien a livré un récital à ses côtés. Impérial dans chacune des relances, mort de faim sur chaque ballon, faiseur de miracles entre les lignes, bouffant les espaces, le hibou a plané au-dessus d’Old Trafford. Histoire de nous rappeler un peu plus qu’il y avait un PSG avec et sans Verratti pour étouffer les initiatives adverses, tenir le ballon, et le sortir proprement sous pression (d’ailleurs, les deux seules défaites de la saison parisienne à Anfield et Lyon en sont les preuves).

Reposé ensuite contre Saint-Étienne, puis titularisé à nouveau contre Montpellier et Nîmes, l’ancien de Pescara semble avoir retrouvé toutes les saveurs de son jeu : ces petits bonbons distillés vers l’attaque, ces prises de risque insolentes dans la zone de danger, et ce talent vertigineux pour caresser le cuir.
Ce samedi, contre Nîmes, pour sa première titularisation aux côtés de Paredes, Verratti nous a finalement rappelé pourquoi on aimait tant le voir jouer. Ça gueule, ça tacle, mais ça ne se cache jamais. Alors pour ceux qui en doutaient, 4 petits matches peuvent suffire à rappeler qu’il n’avait rien perdu ni de son talent, ni de son implication de tous les instants.

Et si cette blessure, finalement, avait été une piqure de rappel bénéfique ? Un rappel que rien n’est acquis, que pendant son absence, un milieu a été recruté, un défenseur a été formé au milieu avec réussite, qu’un cadre titulaire peut sortir du 11 du jour au lendemain, et que sous Tuchel, rien n’est joué d’avance tant les statuts n’existent que par la méritocratie.

« Marco est un joueur extraordinaire, un des meilleurs joueurs du monde. Il trouve toujours des solutions dans les espaces très serrés. Il travaille comme un fou quand nous perdons le ballon. C’est un très bon état d’esprit et il emmène tout le monde avec lui », assurait le coach en octobre dernier. Alors si son corps ne le trahit pas, la fin de saison Verratti pourrait tenir toutes ses promesses. Et si, finalement, elle était là, la meilleure recrue du PSG cet hiver ?