Martin Hirsch : les coulisses du limogeage du patron de l'AP-HP

A 58 ans, le patron de l'AP-HP a été contraint de démissionner. Un électron trop libre pour la macronie.

Dans la vaste salle du directoire, au deuxième étage du siège de l’AP-HP, l’état- major de l’établissement public hospitalier devine pourquoi il est convoqué de si bon matin ce 17 juin. La quarantaine de directeurs connaît la mésentente homérique entre Martin Hirsch, leur directeur général, et le président de la République. Aussi, depuis la fin de l’étreinte mortelle du Covid, ces responsables s’attendent-ils à ce que l’Élysée éloigne leur patron et désigne à la tête des 38 hôpitaux franciliens un fidèle, comme – son nom revient avec insistance – Nicolas Revel, ancien directeur de cabinet de Jean Castex à Matignon, qui dirigea, de 2014 à 2020, la Caisse nationale d’assurance maladie.

« Le suspense est fini », leur lance d’ailleurs, bravache, rire de gorge sec, Martin Hirsch, 58 ans, croquant à la chaîne ses comprimés de Nicorette. La veille au soir, le haut fonctionnaire a adressé un SMS à Brigitte Bourguignon, fugace ministre de la Santé , qui n’a pas proposé de date pour le recevoir. Émotion contenue, propos rudes, en cette matinée caniculaire, il leur dit sa « tristesse » de n’avoir pas su réformer suffisamment la maison, son « chagrin » de savoir le personnel épuisé. Eux, debout, l’applaudissent, certains pleurent et d’autres se pincent, l’écoutant commenter son bilan avec un détachement dont ils peinent à déterminer s’il s’apparente à une dérobade ou à de la diplomatie. Ainsi s’achève le plus long mandat (neuf ans) jamais tenu à la tête du groupement hospitalier public, le premier CHU d’Europe, chaudron produisant à lui tout seul la moitié de la recherche clinique du pays, premier employeur d’Île-de-France – 95 000 salariés, dont 16 000 médecins –, 4 millions(...)


Lire la suite sur Paris Match