Maxime Saada égratigne Rima Abdul Malak après la polémique à Cannes

Rima Abdul Malak sur le plateau de Quotidien, le 30 mai 2023
Rima Abdul Malak sur le plateau de Quotidien, le 30 mai 2023

CINÉMA - « Je suis venue rétablir la vérité », mais visiblement pas « toute » la vérité selon Maxime Saada. Le patron de Canal+ a réagi ce mercredi 31 mai sur Twitter à la polémique qui a agité la fin du Festival de Cannes et le discours de Justine Triet, Palme d’Or pour Anatomie d’une chute.

Pour rappel, en récupérant son trophée samedi soir, la réalisatrice a fustigé l’attitude du gouvernement face à la contestation contre la réforme des retraites. Elle a également dénoncé des menaces sur l’exception culturelle française : « La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française, cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui ».

Justine Triet toujours pas félicitée par Macron, et ça crée « comme un malaise »

De quoi faire bondir la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak qui s’est immédiatement dit dans un tweet « estomaquée ». La locataire de la rue de Valois d’ajouter que « ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas ». Une position également défendue ce mardi dans la soirée sur le plateau de Quotidien. Pour le grand déplaisir de Maxime Saada, le patron de Canal+, qui a notamment participé au préfinancement d’Anatomie d’une chute.

« Je trouve ça ingrat et injuste vis-à-vis du modèle français, du modèle de cette exception culturelle qu’on porte depuis 80 ans, et que le président de la République depuis 2017 et tous les ministres qui m’ont précédé ont porté, défendu et ont même renforcé (...) Qu’est-ce qui justifie les mots de marchandisation, ou de casse de l’exception culturelle ? Quels faits, quels chiffres, qu’est-ce qui justifie cette inquiétude ? », a demandé Rima Abdul Malak sur le plateau en égrainant le programme de son ministère : aides exceptionnelles pendant le Covid, fonds de soutien, nouveau plan à 350 millions d’euros…

La diversité du cinéma français, sauf que...

La ministre a également défendu le modèle du CNC qui aide à financer des films français via des commissions avec des fonds issus de trois taxes. Un fonctionnement garant selon elle de « la diversité », et dont le film de Justine Triet serait « un symbole ».

Rima Abdul Malak cite alors le beau succès de Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry : « Qui aurait pu penser que Jeanne Herry son film magnifique [fasse] quasiment à un million d’entrées aujourd’hui. Ces films-là ne sont pas des films à très gros budgets, ou sur des sujets faciles. [Ce film] parle de la justice restaurative en prison en France, honnêtement c’est magnifique de pouvoir faire des films comme ça en France ».

Sauf que le film est en partie produit par Studio Canal et cela a suffi à faire sortir de ses gonds Maxime Saada. Selon lui, le ministère a oublié quelques acteurs en faisant l’inventaire de ses bonnes actions. Sur Twitter, il pointe notamment un oubli systématique de la ministre : mentionner l’importance du groupe Canal dans la création cinématographique française.

« La majeure partie des films français et européens sortis en salles, a été essentiellement financée par Canal+ (et Studio canal) dont vous ’oubliez’ systématiquement le rôle déterminant lorsque vous évoquez ’notre modèle français de financement du cinéma’ », tonne Maxime Saada. Le patron lui reproche notamment d’oublier que les plateformes de streaming « qui monopolisent votre attention et vos discours » contribuent surtout au financement des séries et non des films.

« Être honnête intellectuellement serait de souligner le rôle clé des acteurs de l’audiovisuel français - au 1er rang desquels Canal+ qui finance davantage le cinéma français que tous les autres acteurs réunis - qui sont les réels garants de l’exception culturelle française », conclut-il.

Cet accrochage est un nouvel épisode dans la saga des épines entre Rima Abdul Malak et Canal+. En janvier dernier, Maxime Saada avait dénoncé une sortie de la ministre qui menaçait de retirer la fréquence de C8 et de CNews en réponse aux débordements réguliers sur les deux chaînes.

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