Melvin Boomer : « Je ne sais pas si je retournerai dans le breakdance »

Melvin Boomer, un breakeur devenu acteur. (Rémi Pujol)

Melvin Boomer, comédien et breakeur de 21 ans, raconte sa passion pour le breakdance, le basket, la capoeira et le parkour, dans la rubrique « Fenêtre sur corps » du magazine « L'Équipe ».

« Je tournais le Monde de demain (la mini-série de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne sur l'éclosion du rap en France) quand mon agent m'a envoyé le scénario de Sage-Homme. J'ai tout de suite kiffé le rôle de Léopold, un étudiant sage-femme. Pour le film, j'ai fait un stage à la maternité Saint-Joseph, à Paris.

Là, tu entres dans l'intimité la plus brute de l'être humain. On te met le placenta devant le nez, tu vois les muscles, le sang... C'était fort. J'ai découvert un métier tellement technique. Les gestes, le toucher... Je n'ai fait que douter, et j'ai voulu donner le meilleur de moi-même.

Ce rôle m'a bouleversé parce que pendant notre stage, j'ai assisté à deux accouchements : l'un qui s'est bien passé, un autre mal. Je n'ai perdu personne de proche dans ma famille, c'était la première fois que j'étais confronté à la mort.

Dans le film, il y a d'ailleurs une scène où je pleure. Avec ma coach de théâtre, on s'entraîne à maîtriser les pleurs mais j'ai eu du mal à me remettre du tournage de cette scène.

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Pour devenir Léopold et passer de l'étudiant pas sûr de lui à l'étudiant hyper confiant, j'ai dû travailler ma gestuelle, ma voix et le placement dans l'espace. Léopold me ressemble dans la peur qu'il a de décevoir son père.

Je me retrouve en lui dans le fait que je suis dyslexique, que j'ai souvent échoué et que j'en viens à faire l'un des plus beaux métiers du monde. Pourtant, il y a deux ans encore, je ne me sentais pas vraiment acteur. Je pratiquais le breakdance et j'étais en sport-études au lycée Catherine Labouré (à Paris).

Je rêvais de participer au Red Bull BC One. Et puis, il y a eu le Monde de demain. J'ai interprété JoeyStarr non pas parce que je me voyais acteur, mais pour rendre hommage à la culture hip-hop et à la chorégraphe Lady Del, une ancienne qui nous a transmis des valeurs.

Aujourd'hui, être acteur me plaît et ça me permet de gagner ma vie. Parce que les b-boys n'ont pas un salaire de footeux, non plus, hein. La crème de la crème de la discipline, ça représente un seul breakeur sur mille.

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Le sport, ça me vient de ma famille. Mon père (Jean-Phael Promeneur) est champion de France de MMA, vainqueur de la Ligue du Gotha et champion de Belgique. Maintenant, il s'est tourné vers le jiu-jitsu brésilien mais il est encore sparring de Ciryl Gane au MMA Factory.

Ma mère a été championne de France de patinage artistique quand elle était ado. J'ai aussi une petite soeur dans le MMA. À part le breakdance, j'ai fait du basket, de la capoeira, du parkour. De la danse classique, aussi, ce qui m'a habitué à analyser mon corps et ses mouvements.

Après, je ne sais pas si je retournerai dans le break un jour. Aujourd'hui, mes meilleures potes sont tous danseurs. Quand on est en soirée et qu'on me met sur un bon son, je suis à fond. En fait, le breaking m'a donné "la mentale".

Un jour, avant un battle, je savais que je n'étais pas le plus fort mais j'ai bossé dur, je me suis donné à fond et j'ai gagné le duel. C'est ça, "la mentale" du breakeur. Là, j'ai un projet ciné pour lequel je dois monter à 80 kg et je vais faire une sèche. C'est un défi, c'est sûr, mais un vrai breakeur, un vrai acteur, un vrai sportif, vise à être le meilleur. »