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Mercato: proximité avec les joueurs, dureté... Thierry Henry sur un banc, ça donne quoi ?

Mercato: proximité avec les joueurs, dureté... Thierry Henry sur un banc, ça donne quoi ?

La dernière image de lui sur un banc remonte au 1er décembre dernier. En cet fin d’après-midi, la Belgique vient de dire au revoir à la qualification pour les 8es de finale du Mondial qatari après un match nul face à la Croatie (0-0). Au coup de sifflet final, Romelu Lukaku apparaît extrêmement touché sur la pelouse du stade Ahmad bin Ali Stadium d’Al Rayyan. En larmes après avoir eu deux énormes opportunités d’offrir la victoire aux Diables rouges, synonyme de qualification, le buteur de l’Inter Milan est inconsolable. L’un des premiers à son chevet est Thierry Henry.

Entraîneur adjoint de la Belgique en charge des attaquants belges pendant presque quatre ans (août 2016-octobre 2018, août 2021-décembre 2022), Henry, pressenti pour s’engager avec le PSG en qualité de premier adjoint de Julian Nagelsmann, a toujours su cultiver une certaine proximité avec ses joueurs.

"Quand on s'est rencontré, j'étais encore à Everton, c'était ma dernière saison (2016-2017, ndlr), a récemment confié Lukaku sur la chaîne américain CBS au sujet de sa collaboration avec le champion du monde 1998. Je lui ai dit quelque chose comme: 'Je veux entendre ça de toi. Dis-moi ce que je peux faire pour être meilleur!' Et donc on s'est assis ensemble et tous les jours pendant le rassemblement en sélection, on passait deux heures à regarder WyScout, tous les matchs, toutes les actions. Et il me disait: 'Ici, ta touche est mauvaise, ici c'est bien!' C'était toujours 50/50. Mais cette année-là j'ai vécu ma meilleure année en Premier League et après avec la Belgique, j'ai commencé à marquer à chaque match. Je suis très reconnaissant envers Thierry. Il est dur comme coach mais j'aime ça, il me dit les vraies choses, pas seulement ce que tu veux entendre."

Une rédaction de 100 mots... pour du poulet à côté de l'assiette

Ancien joueur, Henry n’est pas seulement le "bon copain" proche de ceux qu’il entraîne. Han-Noah Massengo et deux autres espoirs monégasques en ont fait l’expérience lors de son passage sur le banc de l'ASM en 2018-2019. "Avec Benoît Badiashile et Khephren Thuram, après l’entraînement, on était à table, a raconté le milieu de terrain à la chaîne Youtube "Deux Nuits Avec" l’année dernière. Thierry Henry nous voyait manger, je crois que j’avais mis du poulet à côté de l’assiette parce que j’avais fini. Il a dit: ‘Vous faites quoi là ? Ce n’est pas comme ça qu’on mange. Pendant 10 minutes, il nous parlait de ça. Au final, il a dit : ‘Vous rédigerez une rédaction de 100 mots pour demain'. On a dû ramener la rédaction le lendemain. On ne savait pas si c’était sérieux ou non mais on l’a fait quand même."

Henry a été entraîneur N°1 de l’AS Monaco pendant une très courte période de trois mois. Il a été nommé le 13 octobre 2018, pour succéder à Leonardo Jardim. Puis sera écarté le 24 janvier 2019 avec un bilan de 5 victoires, 4 nuls et 11 défaites en 20 matchs pour de nouveau laisser place à l'entraîneur portugais, rappelé pour l’opération maintien.

"Quand les choses n'allaient pas à l'entraînement, il devenait nerveux et criait beaucoup. (...) Il n'est pas encore prêt à entraîner."
Aleksandr Golovin en 2019

À l’époque, le contexte était particulier: l'équipe était quelques mois plus tôt demi-finaliste de la Ligue des champions et n’y arrivait plus. Elle s’est retrouvée à jouer le maintien avec un effectif peu épargné par les blessures. Henry est arrivé avec des méthodes déjà très axées sur les datas. Une modernité qui tranchait avec le staff précédent, peut-être un peu trop d’ailleurs auprès de certains joueurs. Son exigence et ses méthodes ne sont pas passées avec quelques cadres du vestiaire comme Radamel Falcao. D’autres, à l’image d’Aleksandr Golovin, ont eu du mal avec quelques aspects de sa personnalité.

"Quand les choses n'allaient pas à l'entraînement, il devenait nerveux et criait beaucoup, assurait le joueur russe auprès du Youtubeur KraSava il y a quatre ans. Ce n'était peut-être pas nécessaire. Il venait alors sur le terrain et nous montrait ce qu'il fallait faire. Il s'emparait du ballon et nous demandait d'essayer de le lui prendre. Les joueurs restaient calmes, même si certains ont peut-être été un peu choqués. Peut-être qu'il n'a pas pu faire abstraction de son passé de joueur. Il n'a pas terminé sa transition vers un rôle d'entraîneur. Il était un incroyable joueur et les seuls qui se rapprochent de son niveau ici sont Falcao et Fabregas. Il n'est pas encore prêt à entraîner."

Dans ce contexte, Henry n’a pas eu peur de se tourner vers les jeunes. Formé à Monaco, il est extrêmement reconnaissant du travail qui y est effectué par les formateurs. Il a donc lancé plusieurs jeunes: Benoît Badiashile, Han-Noah Massengo, Khephren Thuram ou encore Romain Faivre et Sofiane Diop.

En novembre 2019, dix mois après la fin de son aventure sur le Rocher, Henry décide de s'engager avec l’Impact Montréal en MLS, championnat qu’il a connu pendant quatre saisons sous le maillot des New York Red Bulls (2010-2014). Là encore, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances (9 victoires, 4 nuls, 16 défaites en 29 matchs). Malgré tout, avec une saison régulière à huit victoires, treize défaites et deux nuls, le champion du monde 1998 a qualifié Montréal pour les playoffs de la MLS, une première depuis 2016, pour une défaite (2-1) au tour préliminaire contre le New England Revolution. Il a aussi porté l’équipe en quarts de finale de la Ligue des champions de la CONCACAF, sortie par le CD Olimpia avec un match retour… neuf mois après l’aller.

Un coach "qui parle beaucoup" et "qui exprime sa colère quand c’est le bon moment"

Dans un contexte très particulier à cause de la pandémie de Covid-19 (il n’a pas pu voir sa famille pendant huit mois et l’Impact Montréal a été obligé de jouer ses matchs à "domicile" à New York), Henry a appliqué le même management qu’à Monaco: proximité et dureté. "Thierry est un coach qui parle beaucoup, qui exprime sa colère quand c’est le bon moment mais qui est aussi capable de rigoler avec son staff et les joueurs, d’avoir une discussion sur un autre sujet que le foot, racontait Samuel Piette, international canadien et milieu de Montréal depuis 2017, à RMC Sport en 2021. Ses entraînements se faisaient en anglais, logique dans un groupe international. Mais selon la nationalité en face, il savait jongler entre les langues. On parl(ait) français tous les deux, mais il communique aussi en anglais ou en espagnol. Parfois, il me donne un conseil en espagnol et il le réalise: 'Ah putain, pourquoi je parle espagnol?' Et il recommence à parler français."

Après la fin de son aventure en MLS, Henry est revenu dans le staff de la sélection belge en août 2021 avec la perspective de la Coupe du monde 2022 en ligne de mire et auréolé d’un premier passage réussi avec une demi-finale au Mondial 2018, la meilleure performance des Diables rouges dans leur histoire. Mais, au Qatar, la Belgique n’a marqué qu’un but en trois matchs et il n’a donc pas eu l’impact escompté dans ce secteur de jeu.

En presque quatre années avec les Diables Rouges, il n’a jamais accordé d’interview aux médias belges pour évoquer son rôle d’adjoint avec Roberto Martinez. Avec les échecs à Monaco et Montréal mais aussi le fait qu’il ne prenne pas la succession de Roberto Martinez malgré l’appui de Romelu Lukaku et d’autres joueurs de la sélection, une question est revenue avec insistance en Belgique: "Est-il fait pour être numéro un ?" En cas d’arrivée au PSG en tant que bras droit de Nagelsmann, il faudra encore un peu patienter pour avoir la réponse.

Article original publié sur RMC Sport