Mes carnets australiens (II) - Lucas, Jo, Ugo, Gaël et les autres…

A quoi ressemble une séance d’entrainement avant l’entrée en lice dans un tournoi du Grand Chelem ? Petite « photographie » ce dimanche à Melbourne avec un quatuor bleu.

<em>REUTERS/Aly Song</em>
REUTERS/Aly Song

Il n’y a pas encore grand monde dans les allées de Melbourne Park. Normal, il n’est que 11h00 en ce dimanche, veille du coup d’envoi du tournoi. Mais il y a des sourires alors que quatre joueurs français s’entrainent sur des courts adjacents, loin de la Rod Laver Arena : Lucas Pouille face à Stan Wawrinka sur le « 19 », Jo-Wilfried Tsonga et Ugo Humbert sur le « 21 » et Gaël Monfils, sur le « 23 », avec Jack Sock.

De la bonne humeur donc, du soleil avec déjà pas loin de trente degrés, mais aussi et surtout du travail. Notamment côté Pouille, flanqué d’Amélie Mauresmo et aussi… de Loïc Courteau. « Bah, qu’est-ce que tu fais là, Loïc ? » La question, lancée comme une plaisanterie, était en rapport avec une information parue dans L’Equipe le matin même : Pouille, désormais donc entraîné par Amélie Mauresmo, serait également épaulé par Loïc Courteau (responsable de la performance à la FFT et entraîneur de l’équipe de France), les semaines où l’ex-numéro un mondiale ne pourra l’accompagner. En contrepartie, Pouille prendra à sa charge les frais et le salaire de Courteau les-dites semaines (rien d’extraordinaire jusque -à), mais pour obtenir cela, il se serait engagé à disputer la nouvelle formule de la Coupe Davis… dont il a toujours dit le plus grand mal. Un petit rififi à la mode tennis français comme en a connu des dizaines par le passé. « Mais je suis toujours capitaine de l’équipe de France » répond alors Courteau sous forme de boutade. Sacré Lolo !

Pouille, qui n’a pas encore remporté un match cette année en quatre tentatives, aborde le tournoi sans référence. Une épreuve où il n’a d’ailleurs jamais réussi à passer le moindre tour en cinq participations)et où il affrontera le Kazakh Mikhaïl Kukushkin, l’un des hurluberlus du circuit. L’entraînement est fait de hauts et de bas pour le Nordiste. La balle sort parfois très bien de sa raquette, d’autres fois moins, notamment en retour. Mauresmo et Courteau insistent notamment la fin de son geste en coup droit. C’est plus compact et régulier côté Wawrinka, lui aussi à la recherche de ses sensations.

Ambiance plus décontractée, sur le « 21 » avec Tsonga et Humbert, même si Cedric Raynaud, le coach de l’espoir messin insiste sur l’engagement dans les frappes, et le relâchement au service. Au sortir de l’entrainement, Tsonga a la banane. Tout neuf, le Jo ? « Tout neuf, quand même pas, mais régénéré un petit peu. Mentalement aussi, c’est vrai qu’au fur et à mesure des années, ça prend de l’énergie. Je suis heureux d’être là et on fait doucement monter le curseur sans brûler les étapes, explique-t-il. L’objectif, pour lui, est évidemment de trouver le bon dosage afin de ne pas se blesser de nouveau et éviter de revivre une année galère comme en 2018. A 33 ans, ce serait de plus en plus compliqué. Et le petit Ugo Humbert ? « Il joue très très bien » lâche-t-il d’un sourire entendu. « Au service, notamment, ça part vite… » On s’étonne quelques instants de la présence au bord du court de l’ancien demi-finaliste de Roland-Garros, Dominik Hrbaty. Bon sang mais c’est bien sûr ! Le Slovaque est là en espion puisqu’il entraine son compatriote Martin Klizan, futur adversaire de Tsonga. « Jo devrait faire sembler de boiter pour tromper l’ennemi » lance alors Michel Franco, le kiné du joueur du Français.

Et Ugo ? Lui aussi met les bouchées doubles afin d’être fin prêt pour son deuxième tournoi du Grand Chelem, le premier où il gagné sa place dans le tableau grâce à ses résultats et cette folle année 2018 qui l’a vu monter de la 380e place au top 100. « J’aborde ce tournoi avec beaucoup de plaisir et avec beaucoup de fierté d’avoir poussé loin ma saison pour gagner le droit de jouer ici. » Il doit y affronter Jérémy Chardy. Après cette première session du matin, Humbert, plein d’allant, en a ajouté une deuxième séance quelques minutes plus tard.

Monfils, désormais suivi par un Américain dénommé Liam Smith, auparavant employé par la Fédération australienne, a choisi de taper avec Jack Sock et son coup droit moulinette. C’est toujours un régal d’assister à des entraînements de Monfils. Quand l’ami Gaël joue relâché, on voit partir du très lourd de sa raquette. Sock, même s’il sort d’un année absolument horrible, n’est pas en reste. Et La Monf, disparu des radars depuis le tournoi de Vienne fin octobre, il en où ? « J’arrive avec du travail derrière moi. Ce n’est pas mon style de dire ça, mais là je suis bien. Il faut le dire de temps en temps même si ça me rajoute un peu de pression. Pour une fois, j’ai fais une bonne prépa foncière, j’en suis satisfait (…). J’espère que ça va me sourire parce que j’ai fait du bon boulot ». Et ça vaudrait le coup que ça fonctionne : Monfils pourrait retrouver Roger Federer au troisième tour pour un duel pop corn qui fait déjà saliver. Loin du chaud soleil de cette matinée. A la fraiche, en night session…

A Melbourne Park, Christophe Thoreau