Mes carnets australiens (IX) : la piste aux étoiles pour terminer !

Dimanche soir à Melbourne, le premier Grand Chelem de la saison va nous offrir une finale majuscule entre les deux meilleurs joueurs du monde, Rafael Nadal et Novak Djokovic. Étincelles assurées pour un affrontement aux multiples enjeux.

Les revoilà ! Plus de bobos, tout neufs, motivés comme des juniors. Novak Djokovic et Rafael Nadal vont se retrouver en finale de l’Open d’Australie dans un remake de ce qui avait été, en 2012, l’une des rencontres les plus folles de l’histoire de ce sport. 5h53 d’un combat titanesque finalement remporté par le Serbe.

Nadal – Djokovic, 53e du nom, le septième duel dans une finale majeure (avantage 4-3 pour Nadal), c’est le match le plus joué dans l’ère Open. Même Rafa et Federer ne se sont pas autant rencontrés (38 fois simplement). On ne compte plus, entre le Serbe et l’Espagnol, les grands matches, les échanges de dingues, le tennis porté à son sommet par deux champions dont les jeux respectif, une fois confrontés, produisent le plus souvent des étincelles comme déjà à treize reprises en Grand Chelem (avantage 8-5 Nadal, là encore). Il ne peut pas en être autrement ce dimanche, surtout sur la Rod Laver Arena dont le revêtement n’est pas rapide et va favoriser les longs échanges, le combat physique. Comment aussi, ne pas avoir en tête, leur dernier affrontement, à Wimbledon l’an passé, remporté 10-8 au cinquième set par le Serbe. Et comme en 2012, cette finale mettra aux prises le numéro un mondial et le numéro deux. Peut-on rêver mieux ?

En ce moment, sans doute pas, eu égard notamment à ce que Nadal a montré pendant tout le tournoi. En sept matches, l’Espagnol a perdu une moyenne de 2,2 jeux par set (ce n’est pas une blague) et a avancé comme on l’a vu faire si souvent à Roland-Garros. Je ne crois pas me souvenir de l’avoir vu jouer aussi bien sur court en dur que lors de sa demi-finale contre Stefanos Tsitsipas. Un tennis qui fut un cocktail parfait entre puissance et sens du jeu, sans oublier ses progrès au service, avec ce nouveau geste plus fluide.

Et puis est arrivée la demi-finale Pouille-Djokovic. Là, le Serbe qu’on avait trouvé hésitant depuis le début du tournoi, a récité son tennis comme on ne l’avait plus vu faire depuis l’été dernier. C’est bien simple, Pouille expliquait avoir eu le sentiment de ne pas avoir pu jouer. Ça allait trop vite pour le Français et surtout, le Serbe touchait systématiquement dans les zones qui font mal. Djokovic, d’un coup d’un seul, comme s’il avait bougé un curseur, avait retrouvé sa légendaire constance en longueur de balles.

La métamorphose de Djoko dans cet Open d’Australie vient apporter un piquant supplémentaire à une finale qui n’en manquait déjà pas. Car si les deux, dimanche, sont au niveau de leur prestation respective en demi-finales, ce match sera obligatoirement un feu d’artifice. D’autant que l’enjeu est considérable pour les deux joueurs :
– Nadal, s’il brandit le trophée Noman Brookes, remportera un deuxième Open d’Australie dix ans après le premier, un deuxième titre qui lui permettra d’avoir gagné aux moins deux fois les quatre titres du Grand Chelem, ce qui est tout simplement du jamais vu dans l’ère Open. Deuxième conséquence, Rafa totalisera 18 titres majeurs, se rapprochant une fois encore de Roger Federer et de ses 20 titres. Les fans du Suisse vont recommencer à cauchemarder. Imaginez que Nadal s’impose à Roland-Garros et revienne à une longueur du maestro ?
– Côté Djokovic, en s’imposant, le Serbe redeviendrait le seul recordman des titres à Melbourne, avec sept trophées et totaliserait 15 titres majeurs. Car, on peut en être persuadé, le numéro un mondial, 31 ans, reste, lui aussi, en lice dans cette course au joueur le plus titré de l’histoire.

A Melbourne Park, Christophe Thoreau