Mondiaux d’athlétisme, Coupe du Monde de rugby, quand le business tue les grands événements sportifs

Mais comment a-t-on pu attribuer les Mondiaux d’athlétisme à Doha sous pleine chaleur, la Coupe du Monde de rugby à un Japon menacé par les typhons à cette période de l’année ? Et dans 3 ans, la Coupe du Monde de football a été déplacée d’été en hiver, sous la pression des gazodollars qataris.

Quel poids le sport pèse-t-il encore face au business ? Après le fiasco des Championnats du monde d’athlétisme et de ses courses en extérieur disputées dans les rues de Doha sous 40 degrés, place désormais à la parodie de Coupe du Monde de rugby.

France – Angleterre annulé, et ses milliers de touristes français ayant organisé leur séjour au Japon dépités, sans compter l’argent dépensé, plusieurs milliers d’euros. Mais qu’ils soient rassurés, World Rugby remboursera les billets du Crunch !

De qui se moque-t-on ? Et des joueurs du XV de France qui ne joueront pas de match officiel pendant deux semaines, entre le succès face aux Tonga dimanche dernier, et le quart de finale dimanche 20 octobre. Piètre lisibilité pour une longue, si longue, trop longue compétition...

Et l’éthique ? Italie / Nouvelle-Zélande annulé également alors que les Italiens pouvaient encore mathématiquement se qualifier pour les quarts de finale. Ils n’auraient pas battu les Blacks mais leur enlever le droit de se battre est une insulte au sport de haut niveau.

Et imaginez les Ecossais éliminés si le Japon / Ecosse de ce week-end ne peut avoir lieu ? Des Britanniques qui ont déjà menacé l’organisation de poursuites judiciaires...

L’attribution des Mondiaux d’athlétisme au Qatar répondait d’une logique assez simple à comprendre, celle d’un pays prêt à tout pour communiquer à travers le sport, accusé également d’avoir corrompu des dirigeants de l’IAAF.

Concernant le Japon, en 2009, lors de la double-attribution des Coupes du Monde de rugby 2015 et 2019 le même jour, l’attention s’était surtout portée sur le retour en Angleterre en 2015, loin d’imaginer que des typhons perturberaient la compétition des années plus tard. La belle histoire, le Japon s’ouvre au rugby, et une fédération internationale cherchant à conquérir de nouveaux marchés.

De Tokyo à Suzuka, les qualifications du Grand-Prix du Japon de F1 ont, elles, été annulées samedi, et devraient avoir lieu dimanche matin avant la course.

Sur place, un représentant de la FIA a donné à Yahoo des indications : « Aujourd'hui (vendredi), la météo était calme, mais un cyclone de 400 klm de diamètre est attendu samedi… On attend des vents en rafale de 120 à l’heure, et 200 ml de pluie. Les trains sont arrêtés. Du vent est prévu dimanche mais pas de pluie ».

N’y a-t-il pas d’autre date dans le calendrier pour organiser cette course ? En 2004, 2010, et 2014, les conditions météo à Suzuka avaient déjà été exécrables... 2014, l’année où Jules Bianchi avait connu son terrible accident sous la pluie, ayant plus tard causé sa mort.

Et dans moins d’un an, auront lieu sous canicule les JO de Tokyo 2020… Et en 2022, la Coupe du Monde de football qui, elle, ne devrait pas être confrontée à des problèmes de météo, la compétition ayant été déplacée en novembre – décembre. Lors de l’attribution, elle était pourtant prévue comme toujours en été.

A l’époque, un membre du Comité exécutif de la FIFA, évoquait son incompréhension. « Quelles seront les retombées alors qu’il n’y a presque pas de clubs de football dans ce pays ? Tout ceci sert à satisfaire une mégalomanie, parce qu’on pense pouvoir tout faire avec de l’argent. C’est grave que le sport se prête à ça. Ça ne peut pas avoir lieu en été au Qatar. C’est parfaitement clair pour moi, depuis que la commission médicale s’est prononcée en ce sens »... Puis ajoute : « N’importe quel autre moment devient très problématique - quand exactement finit l’été ? Parce qu’un décalage se confrontera à de nombreux autres intérêts ».

Et la compétition aura donc lieu à l’hiver 2022, décision prise par la FIFA au mépris du cahier des charges de candidature. Et la dernière polémique ? Tragique... 2700 travailleurs décédés entre 2012 et 2018 sur les chantiers des futurs stades du Mondial qatari selon The Guardian, et l’ONU d’appeler vendredi à une protection renforcée des ouvriers contre les températures extrêmes à Doha et ses environs.

Quand le business prend le pas sur les valeurs du sport et la vie des humains.

Antoine GRYNBAUM