Mort de Dominique Lapierre, auteur de « La cité de la joie »

MADRID, SPAIN - JUNE 17:  Writer Dominique Lapierre presents his new
Carlos Alvarez / Getty Images MADRID, SPAIN - JUNE 17: Writer Dominique Lapierre presents his new "O Jerusalem!" on June 17, 2008 at the Circulo de Bellas Artes in Madrid, Spain. (Photo by Carlos Alvarez/Getty Images)

DÉCÈS - Dominique Lapierre, écrivain français passionné par l’Inde et qui a vendu quelque 50 millions d’exemplaires avec son « frère de plume » américain Larry Collins est décédé à 91 ans sur la Côte d’Azur, a annoncé sa veuve ce dimanche 5 décembre dans le quotidien régional Var-Matin.

« À 91 ans, il est mort de vieillesse », a expliqué Dominique Conchon-Lapierre, confiant dans cet entretien être « en paix et sereine depuis que Dominique ne souffre plus ».

L’écrivain, qui a vécu à Ramatuelle (Var), près de Saint-Tropez, pendant une soixantaine d’années, était pensionnaire depuis quelques années d’un Ehpad dans la ville de Sainte-Maxime, selon le journal.

La salvatrice « cité de la joie »

Autant philanthrope qu’écrivain à succès, il avait vendu, avec son « frère de plume » Larry Collins, quelque 50 millions d’exemplaires de leurs six romans, dont « Paris brûle-t-il ? ».

C’est ainsi qu’après avoir écrit, seul, « La cité de la joie » (1985), sur un bidonville de Calcutta, il donna une bonne part de ses droits d’auteur aux personnes dans la misère qui l’avaient inspiré. Le roman s’est au total vendu à des millions d’exemplaires et fit l’objet d’un film, réalisé par Roland Joffé, en 1992.

En 2005, il assurait que, grâce à ses droits d’auteur, des dons de lecteurs et les gains de conférences prononcées dans le monde entier, son action humanitaire « avait permis de guérir en 24 ans un million de tuberculeux, soigner 9000 enfants lépreux, construire 540 puits d’eau potable et armer quatre bateaux hôpitaux sur le delta du Gange en Inde ».

Visite à Mère Teresa

Au début des années 80, après la parution de « Cette nuit la liberté », il débarque avec son épouse chez Mère Teresa, à Calcutta. Il commence par lui donner 50.000 dollars en disant : « c’est une goutte d’eau dans l’océan des besoins ». La religieuse (décédée en 1997 et déclarée Sainte par le pape François en 2016) lui répond : « sans elles, l’océan ne serait pas l’océan ».

Il donne par la suite plusieurs millions de dollars à des programmes de lutte contre la lèpre, le choléra ou la tuberculose, pour la construction de logements ou la distribution de microcrédits.

Parmi d’autres initiatives, Dominique Lapierre, qui parlait couramment le bengali, avait ouvert plusieurs écoles dans la région. Une partie de leur financement provenait de la vente aux enchères (2006, 825.000 dollars) d’une robe portée par l’actrice Audrey Hepburn, dans le film « Diamants sur canapé » (1961). Il l’avait reçue en cadeau du couturier Hubert de Givenchy.

Lapierre et Collins, les inséparables

Après « Paris brûle-t-il ? », il avait poursuivi sa fructueuse collaboration avec Collins : « Où tu porteras mon deuil » (1968, sur le torero El Cordobes), « Ô Jérusalem » (1972), « Cette nuit la liberté » (1975, sur l’indépendance de l’Inde), « Le cinquième cavalier » (1980, fiction autour d’une bombe atomique) et le thriller « New York brûle-t-il ? » (2004).

Les deux hommes se complétaient admirablement. Lapierre enquêtait sur les services secrets français et Collins sur la CIA. Puis le premier écrivait en français et le second en anglais et chacun traduisait l’autre.

Il a longtemps occupé une demeure de Ramatuelle, séparée de celle de Collins (décédé en 2005) par un court de tennis, acquise avec les droits d’auteur de « Paris brûle-t-il ? », (1964, 20 millions de lecteurs, 30 éditions internationales).

René Clément a fait un film de ce récit de la Libération de Paris, le 25 août 1944, avec une pléiade de stars, comme le Français Jean-Paul Belmondo ou l’Américain Kirk Douglas. Les Américains Francis Ford Coppola et Gore Vidal avaient cosigné le scénario. Lapierre a aussi coécrit, avec l’Espagnol Javier Moro, « Il était minuit cinq à Bhopal » (2001) et, avec Jean-Pierre Pedrazzini, « Il était une fois l’URSS » (2005).

Né le 30 juillet 1931 à Châtelaillon (Charente-Maritime), il fut également journaliste à Paris-Match. Il était sous tutelle depuis 2014 en raison de sa santé. Son héritage faisait l’objet d’âpres discussions.

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